12 décembre – Cycle de tables rondes (2) – Paris, Institut Cervantes de Paris
Les relations entre l’Espagne et la France pendant le XVIIIe siècle ont été déterminées par les pactes dits « de famille » qui ont uni les deux dynasties. Une circonstance qui aurait théoriquement dû rapprocher la culture espagnole du pays voisin. Mais la réalité a démontré le contraire. L’Espagne a été non seulement exclue du Grand Tour, mais a aussi été critiquée par l’Encyclopédie, tant dans sa première édition par Louis de Jacourt, que dans l’édition Méthodique de Panckoucke, contenant le célèbre article « Espagne » rédigé par Masson de Morvilliers, qui a largement contribué à la légende noire espagnole. Bien que certains journaux et certains hommes de lettres aient tenté d’adoucir cette image en présentant l’Espagne comme un pays ayant commencé son voyage sur le chemin de la modernité, les attaques des philosophes et de certains livres de voyage, le Voyage de Figaro en Espagne du marquis de Langle notamment, dominèrent la scène culturelle française.
Autant de regards croisés où les préjugés se déclinent aussi bien à travers des images indirectes – parmi lesquelles celles de personnages comme Voltaire, Montesquieu ou Boyer d’Argens – que par le biais de voyages imaginaires, qui ont pour objet de confirmer des certitudes. Cette production n’en décrit pas moins d’incontestables et paradoxales avancées : l’Espagne est en effet décrite comme le théâtre de profondes réformes sociales et économiques, mais se singularise en même temps par sa défense de la tradition et de l’humanisme, tandis que la presque absence de philosophie dans le pays et le maintien d’institutions comme l’Inquisition, la relèguent à la périphérie de l’Europe moderne. Ces lumières et ombres des visions de l’Espagne seront analysées à travers le monde du livre et de la littérature française.