Paris en ses jardins Nature et culture urbaine au XVIIIe siècle

Jan Synowiecki (Docteur, CRH-GEHM)

Royaux ou princiers, les jardins de Paris au XVIIIe siècle devaient offrir à la population urbaine des îlots salvateurs face aux exhalaisons et aux miasmes de la ville. Loin d’être figés dans un écrin de verdure et de représenter des enclaves champêtres au cœur de la ville, ces espaces étaient fermement insérés dans le tissu urbain. Ce livre propose ainsi une véritable microphysique de la nature parisienne, des dégâts causés par les taupes à l’élagage des arbres. L’histoire matérielle et vivante des jardins parisiens du XVIIIe siècle permet ainsi de restituer avec le plus de fidélité possible un monde composé de micropartages faisant la part belle aux conflits entre juridictions, aux régulations policières ainsi qu’aux tensions entre les différents usages sociaux de l’espace du jardin.

Arnaud Orain

Arnaud Orain est professeur de sciences économiques à l’Institut d’études européennes de l’Université Paris 8. Il était membre des écoles de science sociale et d’histoire de l’Institut d’études avancées de Princeton en 2020-2021 et Davis Fellow du département d’histoire de l’Université de Princeton en 2015-2016. Ses recherches portent sur l’histoire intellectuelle et culturelle de l’économie et l’histoire économique et financière du XVIe au XIXe siècle. Il a publié récemment La politique du merveilleux : une autre histoire du Système de Law (1695-1795) (Fayard, 2018), qui a reçu en 2019 le Best book award de la European Society for the History of Economic Thought. Ses recherches actuelles, entre histoire des sciences et histoire des idées, portent sur les savoirs économiques disparus entre le XVIe et le XIXe siècles (« science du commerce », « œconomie », sciences naturelles et science des richesses), ainsi que sur les pratiques coloniales et marchandes dans l’Atlantique et en Méditerranée. Il est accueilli en délégation au CRH depuis le 1er septembre.

Prix du livre d’histoire de l’Europe 2021

EAV Dialogue d’inauguration : genre & migration

22 septembre 2021 – Dialogue d’inauguration du Festival Allez savoir, Tout migre ? – Marseille, Centre de la Vieille Charité

Depuis un siècle et demi que les migrations de masse font traverser les frontières à des millions de personnes, on imagine encore le migrant comme un jeune homme à l’usine voire aux champs.  Or, les femmes comme les hommes changent de pays à la recherche d’une meilleure vie et les expériences, les attentes et les stratégies selon le genre peuvent être des plus variées.  Femmes et hommes peuvent migrer pour des raisons différentes et vivre des trajectoires radicalement distinctes. Ainsi les migrations impliquent-elles, au-delà de leur diversité, des formes de construction des identités féminines ou masculines.
Depuis quelques décennies, la « découverte » de la femme immigrée a transformé le regard des chercheurs sur l’histoire de l’immigration. Nous pouvons désormais nous interroger sur la façon dont les relations entre les sexes sont affectées par l’émigration et l’immigration, par les départs autant que par les arrivées, par les mobilités réelles, imaginées et frustrées.  Comment le politique (le droit de l’immigration) et l’économique (les marchés du travail) influencent-ils les rôles des hommes et des femmes en mobilité ?  Mais aussi, comment les rapports entre les sexes voire les rapports à la sexualité sont-ils impactés par le changement de pays et par d’éventuels retours ? Que dire encore de différentes formes de racisation dans la société d’accueil, selon qu’on est immigré ou immigrée ? Le genre à un effet sur la migration — et celles et ceux qui restent – tout comme la migration a un effet sur les identités genrées.

C’est cette relation – qui lie le politique à l’intime – que notre débat, entre Nancy L. Green (historienne, EHESS-CRH) et Fatou Diome (écrivaine), modéré par Mélanie Masson (journaliste), vise à élucider.