L’ouvrage est scandé semblablement par six « journées », consacrées aux mutations de la notion de rythme de l’Antiquité à aujourd’hui, aux rythmes du corps et de la nature, à ceux du temps (calendriers, heures monastiques, cloches), de l’espace (qu’on traverse à pied, à cheval, en bateau, ou… en esprit), du récit (avant tout l’histoire universelle, mais aussi les histoires particulières comme sur la Tapisserie de Bayeux) ; le sixième jour « traite » des « changements de rythmes, de leurs ruptures et de l’utopie d’un monde sans rythme. Ce livre original et magnifiquement édité, qui multiplie à l’envi les angles d’analyse et offre une profusion d’images en couleur et pleine page finement commentées comme des documents à part entière, convainc de la pertinence de la notion de rythme pour étudier transversalement et dynamiquement les aspects majeurs d’une société.
Archives de catégorie : Juin 2016
Action de rue et expérience politique à Moscou. Une enquête filmique
Perrine Poupin
Thèse co-dirigée par Yves Cohen (EHESS) et Daniel Cefai (EHESS), soutenue le 23 mai, devant un jury composé de Alexandra Bidet (CNRS),
Alain Blum, (INED-EHESS), Gilles Favarel-Garrigues (CNRS), Joyce Sebag (Université d’Évry-Val-d’Essonne)
Mention
Bouvines 1214–2014 – Histoire et mémoire d’une bataille – Eine Schlacht zwischen Geschichte und Erinnerung
27 juillet 1214 : le roi de France Philippe Auguste, le roi d’Angleterre Jean sans Terre (par intérim) et l’empereur germanique Otton IV s’affrontent près de Lille dans une bataille dont le capétien sort vainqueur. Georges Duby, on le sait, immortalisa dès 1973 cette journée. Huit siècles après l’événement et plus de 40 ans après Le dimanche de Bouvines, comment les historiens doivent-ils aujourd’hui considérer un fait dont le souvenir dépasse la véritable portée ? Une guerre franco-allemande, la première a-t-on pu autrefois écrire, dont le souvenir fut remobilisé dès les premiers affrontements de 1914 ? Une guerre franco-anglaise, prélude de la Guerre dite de Cent Ans ? Une guerre européenne qui voit le triomphe de Philippe Auguste et l’avènement de la « grant monarchie de France » ? Pour ce faire, un colloque tenu à l’Institut Franco-Allemand de Sciences Historiques et Sociales de Francfort en 2014 a réuni des historiens français et allemands pour examiner à nouveaux frais l’épisode et sa construction mémorielle, et poser au-delà les questions plus actuelles qu’évoque de manière lointaine ce moment de bravoure : pourquoi verser son sang ? Comment établir les règles du jeu de la guerre et de la paix ? À quoi tient finalement le sort, heureux ou malheureux, des armes ?
L’eau comme morphogène dans les paysages
Il regroupe les textes de la session organisée par la commission Théorie et Méthodes en archéologie du paysage : archéogéographie, à l’occasion du 17e congrès international de l’IUSPP qui s’est tenu à Burgos en septembre 2014.
Depuis les années 1990, l’étude des réseaux hydrographique et hydraulique a contribué à rénover l’archéologie du paysage et à poser les bases d’une archéogéographie qui étudie les conditions de résilience des formes et des réseaux dans la longue durée. Le développement, le maintien ou la réutilisation des interrelations entre structures anthropiques et hydrauliques génèrent des réseaux complexes qui perdurent au-delà des sociétés qui les mettent en place, contribuant à transmettre et à développer des formes spatiales pérennes dans le temps. Le rapport aux rivières comme ressource ou couloirs de passage semble aussi, de tout temps et dans des aires culturelles très diverses, orienter les déplacements humains ou animaux et l’implantation humaine.
La question est abordée à partir de larges chronologies : du paléolithique aux périodes médiévales et moderne et de la diachronie et sur des aires culturelles variées qui vont de l’Europe préhistorique, protohistorique, médiévale et moderne, au monde inca et au Brésil colonial. Le rôle de l’hydrographie dans les phénomènes de diffusion et de colonisation à l’échelle macroscopique a été abordé. Un ensemble plus important a concerné les études micro-régionales et un dernier groupe a traité plus spécifiquement les questions sociales et symboliques autour de l’organisation et de la résilience des réseaux liés à l’eau.
Les Annales : une crise allemande de la pensée historique française ?
16 juin – Table-ronde – Institut Historique allemand, Paris
Dans son livre, Die Annales-Historiker und die deutsche Geschichtswissenschaft , Peter Schöttler s’interroge sur les rapports entre les historiographies françaises et allemandes avant et après la création de la revue des Annales par Marc Bloch et Lucien Febvre. S’agit-il d’une greffe des exigences théoriques introduites par les historiens allemands à la veille de la première guerre mondiale sur les pratiques des historiens français, (une prolongation, chez les historiens, de ce que Claude Digeon a appelé « la crise allemande de la pensée française ») ? Ou bien d’une réaction contre un pangermanisme historien, au sujet duquel Henri Pirenne invitait les historiens à « désapprendre des Allemands » ?
Telle est la question, à la lumière de laquelle cette table ronde s’efforcera de revisiter la place de la pensée des Annales dans l’histoire des relations entre historiens allemands et français depuis le début du XX° siècle.
Les « fausses prophétesses » Entre Moyen Âge et Époque Moderne
6 juin – Demie journée d’étude – EHESS, Paris
Selon le célèbre texte de Saint Paul, les femmes n’ont pas droit à la parole dans l’Église. Il existe pourtant une exception dans l’histoire du christianisme, à savoir lorsque Dieu se sert directement de la voix des femmes pour s’adresser à ses fidèles. Certaines femmes ont pu ainsi au fil des siècles s’affranchir des normes sociales en vigueur et transgresser les bornes de la théologie doctrinale. A ce titre, la prophétie féminine comme parole publique a souvent agité les autorités ecclésiastiques, qui soupçonnaient une origine démoniaque ou une simple supercherie. Ces débats illustrent les enjeux et limites du genre dans la transgression, et posent plus précisément la question de la femme comme instrument du divin. Deux études de cas exploreront de près ces mécanismes à travers les époques.
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Vichy et les juifs remix Autour de Robert O. Paxton
15 juin – Journée d’étude – EHESS, Paris
Il n’est pas fréquent qu’un historien se lance dans la réécriture d’un livre ancien, et moins encore que cette réécriture intervienne plus de trois décennies après la première édition. C’est pourtant la tâche à laquelle s’est attelé Robert O. Paxton qui a livré en 2015 une version largement révisée de l’ouvrage à la fois pionnier et classique qu’il avait publié, avec Michael Marrus, en 1981 : Vichy et les juifs. Cette nouvelle édition nous fournit l’occasion de rendre hommage à l’historien américain dont la production a si vivement marqué l’historiographie de Vichy et de la persécution des juifs qu’on a pu parler, non sans raison, de « révolution paxtonnienne ».
Autour de l’ouvrage de Béatrice Delaurenti La contagion des émotions Compassio, une énigme médiévale
6 juin – Le Lundi du CRH – EHESS, Paris
Bâiller fait bâiller, pleurer fait pleurer, apercevoir une personne qui mange fait saliver : le livre de Béatrice Delaurenti, La contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, s’intéresse à la façon dont les expressions corporelles et psychologiques se conjuguent au Moyen Âge, à partir de l’analyse de la notion de compassion, propre à cette période, qui désigne les effets de contamination des mouvements émotionnels. A travers la trajectoire d’un mot et de ce qu’il révèle de cette société, l’enquête éclaire alors la culture savante des derniers siècles du Moyen Âge, attentive à intégrer l’être humain dans un univers qui le dépasse et l’englobe.
La séance, animée par Fanny Cosandey, comprendra une présentation de l’auteur et les interventions d’Alain Boureau (CRH-EHESS), Gérard Jorland (CRH), Nicolas Weill-Parot (CRHEC, Paris-Est Créteil Val de Marne).
Le Voyage aux saints Les pèlerinages dans l’Occident moderne (XVe-XVIIIe siècle)
Le pèlerinage est très ancien. Il n’a pas cessé d’être actuel. Depuis une trentaine d’années, la fréquentation croissante des chemins de Compostelle a redonné une visibilité au phénomène pèlerin dont on avait trop vite annoncé la disparition. Ce livre s’attache à retracer, au sein d’une Europe désormais divisée en confessions, les élans, les éclipses et les recharges d’une pratique religieuse que l’institution ecclésiastique s’est toujours efforcée de discipliner sans jamais y parvenir. Tout à la fois singulière et collective, la marche vers un lieu saint n’est pas vagabondage. Elle est tendue vers un terme, lieu de rencontre avec l’archange, l’apôtre ou le saint intercesseur, dont le pèlerin attend le secours. À travers gestes et paroles, il s’agit ici de retrouver et de comprendre une expérience spirituelle qui a déplacé des foules, qui les a rassemblées auprès des sanctuaires, mais dont les acteurs n’ont fait que rarement confidence.
Écriture et action XVIIe-XIXe siècle, une enquête collective
Que peut-on savoir d’un geste d’écriture ? L’action des écrits est toujours pensée à partir de leurs effets supposés sur leurs lecteurs. Écriture et action propose de la comprendre en ramenant le regard de la lecture vers l’écriture. Le geste d’écrire ne se limite pas aux intentions de l’auteur, exprimées ou non. Il prend place dans un tissu d’autres actions qu’il modifie et qui l’infléchissent en retour : l’écriture dans l’événement, l’écriture comme seule ressource dans des situations de contrainte extrême, la propagande, la théorisation politique, l’engagement, l’agency, la rhétorique… Le livre est introduit par Alain Cantillon, Laurence Giavarini, Dinah Ribard et Nicolas Schapira.
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