Afficher le droit au Moyen Âge. Les chartes lapidaires en discussion (4)

16 mars – Demi-journée d’étude – Paris, EHESS

Dans le cadre des actions de SCRIPTA PSL “Histoire et pratiques de l’écrit”, le programme Afficher le droit au Moyen Âge. Regards croisés sur les chartes lapidaires, organisé par Vincent Debiais (AHLOMA), entend poser les bases d’une réflexion sur les liens entre les pratiques d’écriture exposée et l’exercice du droit dans la culture écrite du Moyen Âge occidental. Il est conçu comme un cycle de séminaires débouchant sur la publication d’une synthèse bibliographique et thématique, et sur la mise à disposition du corpus rassemblé au cours de la recherche.
Lors de la quatrième et dernière séance du programme, il s’agira d’analyser les éléments visuels – les signes – prenant en charge la validité, l’authenticité ou l’autorité des textes et des objets, au premier rang desquels se trouvent l’ensemble des dispositifs héraldiques. L’épigraphie a eu jusqu’à présent tendance à ignorer les armes et les devises entrant en interaction avec l’écriture exposée, considérant l’héraldique et l’inscription comme deux systèmes de signes indépendants, y compris quand ils prennent place sur un même objet ou monument. Les chartes lapidaires, et plus généralement les inscriptions rapportant des décisions ou des gestes de nature diplomatique, sont pourtant souvent au contact des pratiques héraldiques, par fonction ou par contexte. Dans quelle mesure ce que l’on sait des relations entre l’exposition des armoiries et le droit permet d’éclairer le statut des inscriptions de type diplomatique ? C’est l’interrogation que nous étendrons aux images probatoires ou d’autorité présentes dans les manuscrits et aux figurations monumentales des actes pour penser la valeur juridique des systèmes visuels médiévaux indépendamment de leur support mais en fonction de leur contexte d’usage. Cette dernière séance du séminaire Afficher le droit au Moyen Âge sera enfin l’occasion d’un bilan collectif des réflexions entamées en septembre dernier.

Droit et environnement. Historicité des régimes de gouvernement de la nature

13 mars  – Séance commune du GRHEN, du PRI « Terrain du droit » et de l’atelier « Droit et politique » du Labex TEPSIS  – Paris

Lors de cette séance commune organisée par Alice Ingold et Romain Grancher, les questions ouvertes par la perspective de l’Anthropocène laissent peu de place à celle du droit. Les critiques du gouvernement de la nature incriminent une modernité occidentale qui serait responsable d’une mise en savoirs de l’environnement favorable à ses appropriations, tandis que les réponses du droit de l’environnement resteraient contraintes par une gangue souverainiste, dans un système de normes pensées et conçues par les États nationaux et peu adaptées aux réels défis des régulations environnementales et de leurs échelles. Le sort des choses de la nature, de leurs usages et des institutions qui les soutiennent, pose donc de manière aiguë la question des formes de régulation dans la période postrévolutionnaire et la place des régulations juridiques parmi elles. Tout en se gardant de tomber dans une idéalisation des régulations juridiques des environnements face à une logique administrative en soutien de l’industrialisation, d’une juridicité coutumière ou d’une police de la nature attentive à l’environnement des habitants, nous interrogerons collectivement les catégories au travers desquelles les sociétés ont pensé les savoirs et les régulations de leurs environnements (police, juridictions, droit civil, etc.).

Gagner et défendre son statut dans la France et le Japon des Temps Modernes

16 et 17 mars  – Colloque International – Paris

En France et au Japon, entre les xvie et xixe siècles, des sociétés d’ordre, hiérarchisées, encadraient la vie des individus en une multitude de corps, de fonctions, de statuts. Dans ce colloque international organisé par Guillaume Carré et Norié Takazawa avec la collaboration de Fanny Cosandey et Elie Haddad, les comparaisons entre les deux pays mettent en évidence des similitudes dans les principes d’organisation sociale, mais aussi des originalités et, parfois, des aperçus inattendus que permet la confrontation entre les sources propres à ces sociétés. Ce colloque, organisé conjointement par des historiens japonais et français, tout en faisant le point sur les derniers développements de la recherche, se propose d’examiner comment des individus ou des groupes parvenaient à faire reconnaître leur existence sociale, défendaient leurs intérêts en s’appuyant sur les logiques statutaires et les institutions, ou cherchaient au contraire à les subvertir.

Enquêter sur les siens : autour du livre de Mark Mazower, What You Did Not Tell

16 mars – Les Rencontres du GEHM – Paris, EHESS

On connaît bien l’œuvre de Mark Mazower. Spécialiste de l’histoire de la Grèce au XXesiècle, il a écrit sur le sujet plusieurs livres marquants, embrassant en particulier la période de la guerre, de l’occupation et de l’après-guerre : en témoigne par exemple Inside Hitler’s Greece: The Experience of Occupation, 1941-44 en 1993. Parfois, son enquête s’est élargie au continent tout entier, avec deux ouvrages marquants : The Dark Continent: Europe’s Twentieth Century en 2000 et Hitler’s Empire: How the Nazis Ruled Europe, en 2008.
Son nouveau livre est très différent. What You Did Not Tell: A Russian Past and the Journey Home, publié en 2017, s’éloigne de la Grèce et rompt avec une approche globale. L’historien, cette fois, s’est engagé dans une enquête familiale pour prendre la mesure de la complexité du XXsiècle. Il n’est pas indifférent que la famille en question soit la sienne. Il s’inscrit ainsi dans une tendance récente de l’historiographie où enquêter sur l’histoire de sa propre famille fait espérer à l’historien de pousser l’enquête plus loin qu’avec un sujet plus traditionnel. Plus loin dans quelle direction ? Et pour quels gains d’intellection ? Telles seront quelquesunes des questions qui seront abordées lors de la table ronde, organisée conjointement par le GEHM et HHS.
La table ronde réunira, en présence de l’auteur, Florent Brayard, Marie-Elisabeth Mitsou, Judith Lyon-Caen, Juliette Cadiot, Stéphane Audouin-Rouzeau et Jacques Revel.

Genre, féminismes et post-colonialisme au Maghreb et au Moyen-Orient

16 au 20 mars – Ecole thématique – Tunis, Hôtel Majestic

Les études postcoloniales constituent une grille d’analyse précieuse des rapports de pouvoir Nord/Sud. Ce courant de pensée émet une proposition théorique forte, à savoir qu’au Nord comme au Sud, les héritages coloniaux façonnent les trajectoires individuelles et collectives, les pratiques, les discours, les représentations et les mouvements sociaux. Si ces études n’ont initialement pas été élaborées pour expliquer précisément les rapports sociaux de sexe, plusieurs travaux ont montré la nécessité de les mobiliser dans l’analyse de la construction du genre (Puar, 2012 ; Spivak, 2006 ; Abu Lughod, 2013). La « question des femmes » et les rapports de genre, politiquement centraux au Maghreb et au Moyen-Orient, ont été, depuis la fin du 19ème siècle, marqués par les colonialismes, les nationalismes post-indépendance, les capitalismes et impérialismes contemporains. Les études postcoloniales invitent à repenser les études de genre et féministes, principalement élaborées à partir des histoires des sociétés européennes. Construites par des chercheur.e.s issu.e.s de pays anciennement colonisés, ces études sont discutées dans certaines universités du Nord mais restent, en raison de divers facteurs, peu diffusées au Sud. Cette École thématique vise, dès lors, à opérer un déplacement épistémologique et pratique, en faisant dialoguer, à Tunis, les études postcoloniales et les études de genre portant sur le Maghreb et le Moyen-Orient. La révolution tunisienne de 2010/2011 s’est accompagnée de la création d’un grand nombre d’initiatives féministes qui offrent aux étudiant.e.s et aux chercheur.e.s une occasion inédite de renouveler les études de genre. Tunis apparaît ainsi comme le lieu idéal pour organiser cette École, initiée par Selima Kebaili (CRH) et Sarah Barrières (CRH), dont l’objectif est de favoriser les échanges et les rencontres entre étudiant.e.s/chercheur.e.s du Maghreb et du Moyen-Orient ou travaillant sur ces sociétés, de contribuer à la discussion, diffusion et réappropriation des outils théoriques et méthodologiques issus des études féministes et post- coloniales. Dans la lignée de ces dernières, l’École sera pluri-disciplinaire et rassemblera des étudiant.e.s/chercheur.e.s sociologues, historien.ne.s, anthropologues, politistes, linguistes, philosophes, etc.

Paul Brassley (Université d’Exeter)

3, 13 et 18 mars – Conférences – EHESS, Paris

Longtemps Professeur à l’Université de Plymouth et actuellement Research Fellow à l’Université d’Exeter, dorénavant président de la prestigieuse British Agricultural History Society, Paul Brassley, invité par Gérard Béaur (ZRHIMOR) et Alice Ingold (GRHEN) est un chercheur dont les travaux d’histoire rurale font autorité dans le monde académique britannique et hors du Royaume Uni. Spécialiste d’histoire économique pour les XIXe et XXe siècles, il a orienté ses recherches vers les changements techniques en agriculture et leur impact sur le système de production et sur la productivité des fermes – c’est ainsi qu’il développe actuellement un programme sur cette question. Parallèlement, il a été et est encore impliqué dans de nombreux projets internationaux relatifs aux transformations de l’agriculture pendant l’Entre-deux-guerres ou dans la période postérieure à la Seconde Guerre mondiale (et immédiatement antérieure à la PAC), en étudiant aussi bien la question des réformes agraires, que celles de l’électrification en milieu rural, ou des changements alimentaires. Il a contribué à The Agrarian History of England and Wales que dirigea Joan Thirsk, il a publié de nombreux articles, et tout récemment un livre avec Richard Soffe : Agriculture: A Very Short Introduction, paru chez Oxford University Press.

Les usages de la temporalité dans les sciences sociales / Vom Umgang mit Temporalität in den Sozial- und Geisteswissenschaften

Pierre Monnet, Thomas Maissen, Barbara Mittler (Hg.)

Il n’est guère de société qui ne compte et organise son temps, manière pour les hommes de l’habiter. Multiples sont ainsi les façons de le représenter et de le découper. Il en va de même pour les sciences sociales, et notamment pour l’histoire (européenne) qui, dans sa constitution académique moderne, s’est consacrée longtemps à la périodisation, pour en imposer les scansions d’abord aux autres matières puis au reste du monde. Cette série de réflexions a animé les concepteurs d’une rencontre internationale dont les présents actes sont issus. Dans une approche interdisciplinaire mais aussi comparative, entre les traditions française et allemande, et convaincus que les tempo ralités multiples maniées par les sciences sociales aident à la compréhension des temporalités multiples qui traversent la vie sociale elle-même, ils ont voulu regarder comment chacune des grandes démarches propres aux sciences de l’homme interrogeait la temporalité en termes de conscience, de pratique et d’usage, c’est-à-dire plaçait son objet et son discours dans le temps et qualifiait ce qui, pour chacune de ces disciplines, appartenait au temps.