Bâtir en aluminium : entreprises et architectes

8 février – Journée d’étude – en distanciel via Zoom

Organisée par Thierry Renaux et Dominique Barjot, la seconde journée d’études du projet ANR ARCHIPAL Architecture, aluminium et patrimoine XXe-XXIe s., aura lieu le 8 février 2021 en distanciel. Intitulée « Bâtir en aluminium : entreprises et architectes », elle fera le point sur les avancées générales des recherches menées dans le cadre du projet ANR. Trois thèmes majeurs ont été retenus : Architecture et ingénieur ; Le maître d’ouvrage, l’entrepreneur et le bureau d’étude ; et enfin Industrie, fournisseurs et consommateurs.

La relation ingénieur-architecte constitue un premier axe de réflexion. Il s’agira d’examiner l’action spécifique des architectes, des bureaux d’études, de l’ensemble des maîtres d’œuvre, mais aussi celle des pouvoirs publics, des maîtres de l’ouvrage publics et privés, tant sous l’angle du gros-œuvre que celui du second œuvre, à partir d’études de cas ou d’approches plus globales et générales. Le rôle de l’entrepreneur est également essentiel, qu’il s’agisse des grands groupes de construction, des ETI et PME, des grands cabinets d’ingénierie nationaux ou internationaux, des établissements financiers, notamment pour la réalisation des grands chantiers, notamment parisiens. Enfin, l’étude portera sur l’ensemble de la filière en prenant en compte le rôle des fournisseurs, et l’existence de matériaux concurrents, mais aussi les besoins des utilisateurs, notamment du consommateur final.

Dynamiques économiques et territoires

19 février – Journée d’étude – EHESS, Paris

Cette journée d’études organisée par Niccolo Mignemi, Florence Hachez-Leroy, Laurent Herment et Laure Quenouëlle-Corre entre dans le cadre du séminaire Histoire économique : acteurs, pratiques et marchés. Bassins de production, aires d’approvisionnement, systèmes économiques locaux, fractures territoriales dans l’accès aux ressources… avec la crise sanitaire, l’espace revient en force dans la réflexion sur les modèles de développement. Il couvait pourtant depuis un moment dans les débats sur la question écologique et sur la reconfiguration des centres d’activités à l’échelle mondiale, malgré les promesses d’une globalisation indifférente aux distances et aux délais. Déjà dans les années 1980-1990, l’étude des systèmes d’entreprises, des districts industriels et des clusters régionaux avait attiré l’attention sur l’importance des économies de localisation et d’agglomération pour appréhender les dynamiques de développement, les processus d’innovation et les changements de technologie. Cette saison de recherches a conduit à inscrire des nouveaux questionnements dans l’agenda de l’histoire économique. Elle a permis de montrer l’importance – sur des périodes et à des échelles différentes – d’approfondir la dimension spatiale non seulement en tant que cadre et contexte d’analyse. C’est dans la diversité de ses formes d’organisation que le territoire mérite alors d’être étudié. Il s’agit d’en explorer les évolutions inscrites dans les mécanismes de mobilisation des ressources (matérielles, humaines et économiques), dans les périmètres définis par la géographie des activités et des marchés, dans le degré de sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur, dans l’influence des infrastructures qui véhiculent les flux biophysiques et énergétiques. Ainsi, la journée d’études entend interroger le concept de territoire du point de vue de la construction de ses frontières et de ses connexions, des pratiques des acteurs économiques qui façonnent sa morphologie, des mécanismes qui entretiennent la cohérence interne de ses systèmes d’activités.

À vos poubelles citoyens ! – Environnent urbain, salubrité publique et investissement civique (Paris, XVIe-XVIIIe siècle)

Raphaël Morera

Enterrer, brûler, réutiliser, recycler : que faire des déchets qui encombrent les villes ? Quels destins pour nos résidus ? Ne faudrait-il pas éviter d’en produire ? D’apparences triviales, ces questions travaillent profondément nos sociétés contemporaines. À vos poubelles citoyens ! aborde ces questions dans le cadre du Paris moderne. Entre Renaissance et Révolution, la capitale du royaume de France a connu non seulement une forte croissance spatiale et démographique mais aussi une importante transformation des modes de vie et de consommation. Les Parisiens ont ainsi produit des quantités croissantes d’ordures dont le traitement a constitué un défi constant pour eux comme pour les autorités municipales et royales. Pour comprendre comment il a été relevé, les auteurs proposent une autre histoire des Parisiens en montrant que leurs liens avec leur environnement immédiat, la rue, constitue une question politique. S’écartant d’une vision noire décrivant les villes anciennes comme des cloaques immondes, l’enquête interroge l’édilité de la capitale et le soin que les Parisiens apportent à la propreté de leur ville. Leur récit rend compte des expériences des habitants et tente d’aborder la question du nettoiement et des services urbains sous de multiples points de vue : économique, politique, environnemental. Chemin faisant, ce livre trace une nouvelle voie pour qui veut aborder l’histoire de l’Ancien Régime.

Revue d’histoire de la Shoah – Vichy, les Français et la Shoah : un état de la connaissance scientifique

Laurent Joly

Dès 1945, face à l’épuration, les dirigeants de Vichy, Pétain et Laval les premiers, ont ainsi justifié leur politique contre les Juifs : sous la pression allemande, ils ont dû, pour protéger les Français « israélites », abandonner les étrangers à leur triste sort. À l’époque, les mécanismes de la collaboration d’État n’ont pas encore été mis au jour et l’on ignore le détail des chiffres. La thèse du « moindre mal » paraît logique, surtout quand l’on compare les statistiques de la « Solution finale » en France aux bilans glaçants de l’extermination en Pologne, en Allemagne ou aux Pays-Bas.

Or, dès les années 1950, les travaux sur la persécution des Juifs de Joseph Billig, Léon Poliakov ou Georges Wellers, fondés sur les archives, ont réduit à néant ce postulat du « moindre mal ». Se déclenche alors un mouvement qui, depuis près de soixante-dix ans, tente de faire la lumière sur les responsabilités réelles de chaque échelon de la hiérarchie étatique dans la politique antisémite de Vichy.

Le présent dossier rend compte de cette historiographie et de son essor depuis les sommes fondatrices de Marrus et Paxton (Vichy et les Juifs, 1981) et de Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz, 1983-1985), parues dans un contexte mémoriel dominé par le souvenir de la Shoah et rythmé pendant une décennie par les affaires judiciaires (Leguay, Bousquet, Papon, etc.). L’état des connaissances présenté ici se concentre donc sur les dirigeants et l’appareil administratif de Vichy ainsi que sur le rôle de l’opinion française dans l’évolution de la persécution raciale, questionnant les faits d’hier et leurs interprétations à la lumière des recherches les plus récentes.

L’État contre les juifs – Vichy, les nazis et la persécution antisémite

Laurent Joly

Sur Vichy et la Shoah, on pensait tout savoir. Ce livre démontre qu’il reste encore beaucoup à découvrir. Répondant à une série de questions clés, Laurent Joly renouvelle profondément l’histoire de la persécution des juifs sous l’Occupation et balaie bien des idées reçues.
Pourquoi, dès l’été 1940, le régime du maréchal Pétain a-t-il impulsé une politique antisémite ? Pourquoi a-t-il accepté de contribuer aux déportations massives décidées par les nazis en 1942 et d’assumer pleinement ces opérations, à Paris comme en zone libre ? Dans quelle mesure l’administration a-t-elle collaboré à la politique génocidaire ?

S’appuyant sur de nombreuses sources inédites, restituant les marges de manœuvre des agents (du dirigeant étatique jusqu’au simple gardien de la paix) et les effets concrets de leurs décisions, Laurent Joly écrit une histoire incarnée, au plus près des exécuteurs, des victimes et des témoins.
Le lecteur apprendra ainsi que le statut d’octobre 1940 n’est pas une simple transposition de la tradition antisémite française : Vichy cherche surtout à suivre le modèle nazi. Sur le Vel d’Hiv, il découvrira une histoire qu’on ne lui a jamais racontée : l’opération du point de vue policier. Enfin, il réalisera que l’idée selon laquelle la persécution des juifs a été occultée par la justice de l’épuration mérite d’être fortement nuancée.

Au bout du compte, Laurent Joly montre que si toute la puissance de l’État a été mobilisée pour persécuter puis rafler les juifs, les logiques propres à l’appareil étatique, ses objectifs contradictoires, ses pesanteurs et finalement les résistances ont contribué à ce que la majorité des juifs de France, frappés de plein fouet par la persécution, échappent malgré tout à la mort.

Intervenir sur le Patrimoine Moderne : Perspectives Historiques et Opérationnelles

19 octobre – Journée d’étude – ENSA Paris-Belleville, Paris

Cette journée d’études est organisée par Florence Hachez-Leroy (Université d’Artois, CRH), Karen Bowie (ENSA Paris – La Villette, AHTTEP-AUSser) et Loup Calosci (ENSAPB, ENSAPLV) dans le cadre du programme de recherche ANR « ARCHIPAL ». Accueillant entre autres historiens, professionnels du patrimoine, architectes et ingénieurs, cette première séance du séminaire propose un croisement de regards autour de deux œuvres architecturales caractéristiques du patrimoine architectural moderne français, ayant récemment fait l’objet de réhabilitations et où le matériau aluminium est en jeu.  La Maison des Sciences de l’Homme Boulevard Raspail et la Villa Lods – Le Val Chaton à Sérigny (Orne) seront abordées par chercheurs, praticiens et acteurs qui peuvent s’intéresser à des titres parfois très divers à ces édifices. À travers ces exemples, il s’agira notamment de s’interroger sur l’articulation entre les logiques ayant présidé à une reconnaissance patrimoniale, voire à une protection au titre des monuments historiques, et les contraintes d’un projet architectural de réhabilitation. Le séminaire se veut ainsi un lieu d’échanges privilégiés qui aideront à la construction des connaissances historiques et techniques et, in fine, des stratégies de conservation, préservation et restauration de ce patrimoine industriel, dans une réflexion adossée aux injonctions du développement durable.

Droit et environnement. Historicité des régimes de gouvernement de la nature

13 mars  – Séance commune du GRHEN, du PRI « Terrain du droit » et de l’atelier « Droit et politique » du Labex TEPSIS  – Paris

Lors de cette séance commune organisée par Alice Ingold et Romain Grancher, les questions ouvertes par la perspective de l’Anthropocène laissent peu de place à celle du droit. Les critiques du gouvernement de la nature incriminent une modernité occidentale qui serait responsable d’une mise en savoirs de l’environnement favorable à ses appropriations, tandis que les réponses du droit de l’environnement resteraient contraintes par une gangue souverainiste, dans un système de normes pensées et conçues par les États nationaux et peu adaptées aux réels défis des régulations environnementales et de leurs échelles. Le sort des choses de la nature, de leurs usages et des institutions qui les soutiennent, pose donc de manière aiguë la question des formes de régulation dans la période postrévolutionnaire et la place des régulations juridiques parmi elles. Tout en se gardant de tomber dans une idéalisation des régulations juridiques des environnements face à une logique administrative en soutien de l’industrialisation, d’une juridicité coutumière ou d’une police de la nature attentive à l’environnement des habitants, nous interrogerons collectivement les catégories au travers desquelles les sociétés ont pensé les savoirs et les régulations de leurs environnements (police, juridictions, droit civil, etc.).