Jean Jacob, l’homme de 120 ans Doyen du genre humain (1669-1790)

Antoine de Baecque et Jacques Berlioz

Dans la presse, en octobre 1789, on peut lire : « Jean Jacob, le bon vieillard, s’est présenté ; les membres de l’Assemblée nationale se sont levés et cet homme extraordinaire (proche de 120 ans), qu’on peut appeler le doyen des hommes, qui a vu trois règnes si différents – ceux de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI –, est venu s’asseoir au milieu des législateurs. »
Cet étonnant destin exigeait une enquête historique. Retrouver les empreintes laissées par l’existence de Jean Jacob. Retracer sa vie d’infortune et de providence par les monts et les vallées du Jura. Comprendre comment s’est fabriquée sa célébrité et pourquoi il s’est soudain trouvé à Paris. Éclairer la portée symbolique d’une telle cérémonie du grand âge en politique.
Mais ce « supercentenaire » n’échappe pas à ces interrogations : Jean Jacob a-t-il vraiment vécu 120 ans ? Est-il un vénérable phénomène ou un imposteur ? L’enquête ici déployée au plus près des archives y répond. Car si l’on connaît l’usage politique que fit la Révolution de Jean Jacob, « doyen du genre humain », les faits n’en possèdent pas moins une implacable vérité.

Favelas, bidonvilles, baracche, etc. : recensements et fichiers

Histoire & Mesure, Paris, Editions de l’EHESS, XXXIV-1, 2019,

Favelas, bidonvilles, baracche, des catégories urbaines sont forgées dans la première moitié du XXe siècle pour désigner des zones d’habitat à la fois illégal et matériellement précaire. Un travail de documentation accompagne alors la construction de ce nouveau problème, que l’on entend endiguer et traiter. Ce numéro d’Histoire & Mesure explore les tentatives de mesure du phénomène. Compter les baraques et les bidonvilles, recenser leurs habitants pose la question de la définition de ces catégories, des modalités et des objectifs de telles opérations, ainsi que de l’identité des acteurs qui les mettent en œuvre. La comparaison des différents cas étudiés, au Brésil, en Italie, en Espagne, en Algérie à l’époque coloniale, en France métropolitaine et en Inde, permet de dégager des invariants et de mettre en évidence les effets des contextes nationaux et locaux.

Organisation, autorités et pouvoirs dans les réseaux de chemins de fer du Nord et de l’Est au cours de la Grande Guerre 1914-1919

Patrick Cognasson

Thèse dirigée par Yves Cohen, soutenue le 29 novembre, devant un jury composé de Christian Chevandier (Université de Paris I-Sorbonne), Judith Rainhorn (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne), Georges Ribeill (ENPC), Odile Roynette (Université de Bourgogne-Franche-Comté) et  Emmanuel Saint-Fuscien (EHESS)

 

 

 

Takao Hirase (Université de Tokyo)

21, 29 novembre et 2, 9 décembre – Conférences – EHESS, Paris

Takao Hirase est directeur d’études invité à l’EHESS par Alessandro Stanziani (GRHECO-ESOPP) mais également invité dans le cadre de l’échange entre l’EHESS et l’Université de Tokyo. Le professur Hirase a acquis une large réputation au Japon, en Chine et dans la communauté internationale des sinologues par ses travaux sur la Chine ancienne, à partir des « Royaumes combattants » (-475-221), jusqu’aux Han (-206- 9, puis de 25 à 220). Il est parfaitement à l’aise avec l’épigraphie et l’archéologie (qu’il enseigne conjointement à l’histoire chinoise). Professeur à l’Université de Tokyo depuis 1993, il est auteur de dix-neuf ouvrages individuels, six ouvrages édités et une soixantaine d’articles et chapitres d’ouvrages

Paris en vert. Jardins, nature et culture urbaines au XVIIIe siècle

Jan Synowiecki

Thèse dirigée par Antoine Lilti (EHESS), soutenue le 16 novembre 2019, devant un jury composé de Catherine Denys (Université de Lille), Emilie-Anne Pepy (Université Savoie Montblanc), Grégory Quenet (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines), Laurent Turcot (Université du Québec) et Stéphane Van Damme (Institut Universitaire Européen de Florence)

L’herbe du diable ou la chair des dieux ?

Alessandro Stella

Le peyotl, appelé « la chair des dieux » par les ethnies amérindiennes du Mexique, est une plante psychotrope emblématique. Consommé durant les fêtes, entre chants et danses, il est utilisé lors de cérémonies religieuses pour deviner l’avenir et employé pour soigner différentes maladies psychosomatiques. Les bienfaits de cette plante étaient évidents pour les peuples qui la consommaient, notamment pour ses effets stimulant et coupe-faim. Mais les colonisateurs européens, missionnaires chrétiens en tête, trouvèrent cette plante éminemment maléfique. Non seulement elle rendait ses consommateurs ivres et déraisonnables, mais le culte que lui vouaient les Indiens ne pouvait qu’être l’oeuvre du démon. Ainsi ils la rebaptisèrent « herbe du diable » et, en 1620, l’Inquisition de Mexico publia un édit de prohibition du peyotl. Une mesure répressive qui toucha en premier lieu les Noirs, les Métis et les Mulâtres, les Mulâtresses en particulier, considérées comme les sorcières du Nouveau Monde. Cependant, malgré l’interdit et la répression, le peyotl continua d’être consommé durant la période coloniale et jusqu’à nos jours. Par cette monographie sur le peyotl, Alessandro Stella aborde plus largement la question des usages de psychotropes et de leur prohibition, de la « guerre à la drogue » comme guerre aux « drogués », de l’instrumentalisation d’une guerre fondée sur « la morale » pour mener la guerre aux minorités racisées.

Comment s’écrit l’histoire juive

Ouvrage collectif sous la direction de Sylvie-Anne Goldberg

L’émancipation des Juifs, initiée par la Révolution française et
diffusée en Europe par les guerres napoléoniennes, a incité les
Juifs à vouloir prendre place dans les cultures nationales. Confrontés
à une société chrétienne qui les considérait comme « sortis
de l’histoire » depuis près de deux millénaires, des rabbins et
intellectuels juifs, érudits accomplis, se firent historiens pour
promouvoir une approche scientifique du judaïsme qui devait
leur permettre d’intégrer le panthéon culturel des nations.
Quelles sont les méthodes et les pratiques mises en oeuvre par
ces pionniers, quels étaient leurs objectifs affichés ou inavoués ?
Et dans quelle mesure le regard porté par ces constructions
historiques s’exerce-t-il sur l’histoire juive elle-même ? Autant
de questions fondamentales pour la compréhension du présent
auxquelles viennent répondre les auteurs réunis ici par Sylvie
Anne Goldberg, parmi les plus éminents des études juives
contemporaines.

Le particulier, le singulier, l’universel. Charles Sorel (1602-1674)

18 décembre – Journée d’étude – Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle, Paris

Cette journée d’études, organisée par Christian Jouhaud (GRIHL), avec le soutien des équipes de recherche de l’EA 174 « Formes et idées de la Renaissance aux Lumières » (Université Sorbonne Nouvelle Paris 3) et le CRH, se fixe pour but de confronter des approches récentes, et éventuellement divergentes, des écrits de Charles Sorel. Ces travaux féconds et novateurs permettent de prendre la mesure d’une œuvre dont la force et la cohérence ont été incomprises ou sous évaluées dès le XVIIe siècle, et souvent cantonnées à l’appellation de « polygraphie » depuis. La discussion à la suite de chaque intervention et à la fin de la journée devrait tenir une grande place dans cette tentative.

Autour de l’ouvrage de Florence Hachez-Leroy, Menaces sur l’alimentation. Emballages, colorants et autres contaminants alimentaires, XIXe-XXe siècle

2 décembre – Les Lundis du CRH – Paris, EHESS

Comment la science et l’industrie se sont-elles invitées à notre table ? À la croisée des cultures de l’alimentation et de la toxicologie, ce livre interroge l’histoire du risque alimentaire et de ses acteurs, au travers de cas emblématiques tels que l’arrivée progressive des colorants, de la cellophane, ou encore de la levure chimique. Comment les contemporains ont-ils perçu les dangers possibles ? Comment construire la confiance des consommateurs ? Quels sont les mécanismes des controverses et leur influence sur la mise en place d’une régulation aux échelles nationales puis globales ? Quelle a été la capacité des États à gouverner les techno-sciences ? Autant de questions nourries de l’histoire et la sociologie des sciences et des techniques, de la santé et de l’environnement, de la consommation et de la recherche médicale, à la croisée d’une grande diversité de mondes sociaux. La séance sera animée par Thomas Le Roux, avec les discussions de Jean-Baptiste Fressoz (CRH), Martin Bruegel (INRA-EHESS-CMH) et Jean-Noël Jouzel (Sciences-Po Paris).