16 au 20 mars – Ecole thématique – Tunis, Hôtel Majestic
Les études postcoloniales constituent une grille d’analyse précieuse des rapports de pouvoir Nord/Sud. Ce courant de pensée émet une proposition théorique forte, à savoir qu’au Nord comme au Sud, les héritages coloniaux façonnent les trajectoires individuelles et collectives, les pratiques, les discours, les représentations et les mouvements sociaux. Si ces études n’ont initialement pas été élaborées pour expliquer précisément les rapports sociaux de sexe, plusieurs travaux ont montré la nécessité de les mobiliser dans l’analyse de la construction du genre (Puar, 2012 ; Spivak, 2006 ; Abu Lughod, 2013). La « question des femmes » et les rapports de genre, politiquement centraux au Maghreb et au Moyen-Orient, ont été, depuis la fin du 19ème siècle, marqués par les colonialismes, les nationalismes post-indépendance, les capitalismes et impérialismes contemporains. Les études postcoloniales invitent à repenser les études de genre et féministes, principalement élaborées à partir des histoires des sociétés européennes. Construites par des chercheur.e.s issu.e.s de pays anciennement colonisés, ces études sont discutées dans certaines universités du Nord mais restent, en raison de divers facteurs, peu diffusées au Sud. Cette École thématique vise, dès lors, à opérer un déplacement épistémologique et pratique, en faisant dialoguer, à Tunis, les études postcoloniales et les études de genre portant sur le Maghreb et le Moyen-Orient. La révolution tunisienne de 2010/2011 s’est accompagnée de la création d’un grand nombre d’initiatives féministes qui offrent aux étudiant.e.s et aux chercheur.e.s une occasion inédite de renouveler les études de genre. Tunis apparaît ainsi comme le lieu idéal pour organiser cette École, initiée par Selima Kebaili (CRH) et Sarah Barrières (CRH), dont l’objectif est de favoriser les échanges et les rencontres entre étudiant.e.s/chercheur.e.s du Maghreb et du Moyen-Orient ou travaillant sur ces sociétés, de contribuer à la discussion, diffusion et réappropriation des outils théoriques et méthodologiques issus des études féministes et post- coloniales. Dans la lignée de ces dernières, l’École sera pluri-disciplinaire et rassemblera des étudiant.e.s/chercheur.e.s sociologues, historien.ne.s, anthropologues, politistes, linguistes, philosophes, etc.