6 et 7 juin – Colloque – Paris, EHESS
La consommation de drogues n’échappe pas aux constructions sociales et culturelles genrées. Si, chez les jeunes occidentaux d’aujourd’hui, la consommation d’alcool s’est largement répandue chez les femmes, y compris dans les espaces publics, ce phénomène est tout-à-fait récent, car pour les générations précédentes d’Européens et d’Américains les femmes qui buvaient dans les cabarets, les tavernes et les bars, étaient stigmatisées et couvertes de toute sorte d’infamie. À l’instar de l’alcool chez les occidentaux, toutes les autres drogues psychotropes semblent avoir été historiquement des consommations majoritairement masculines. Que ce soit l’opium dans les sociétés indiennes, iraniennes, chinoises, la coca chez les peuples des Andes, ou encore le khat au Yémen et dans la Corne d’Afrique. Faut-il croire que les hommes ont éloigné les femmes de l’accès aux « plantes des dieux » ? Ou alors que les femmes ont pris elles-mêmes des distances avec des substances modifiant les comportements personnels et les relations sociales ? Pourtant, un peu partout, les curanderas, les sages-femmes et d’autres femmes moins sages, se sont appropriées des plantes soignantes. L’histoire au présent des usages de drogues semblent rompre bien de traditions, sous l’effet de la diffusion rapide et mondiale des substances et des changements des comportements personnels. L’hypothèse que nous formulons est que ce n’est pas le type de psychotrope en soi, ni les effets attendus qui produisent une consommation différente selon le genre, mais le cadre culturel, relationnel, dans lequel vivent des hommes et des femmes qui en influence l’usage. Entre psychotropes soignants, ludiques, performatifs, les drogues se mélangent aux construction de soi et à l’environnement collectif.