Destins de l’eugénisme

Paul-André Rosental

Soit une cité-jardin offrant des conditions exceptionnelles à des couples choisis qui s’engagent sur un contrat de procréation… L’expérimentation dura de 1923 à 1985 à Strasbourg, grâce au soutien des pouvoirs publics.
Synthèse des eugénismes européens, ce laboratoire humain visait à « accélérer l’évolution de l’espèce humaine ». Son créateur était un homme d’affaires qui se rêvait en barde de l’eugénisme, en Ibsen alsacien.
Expliquer l’énigmatique longévité de l’expérience suppose de revisiter les grandes politiques républicaines de l’après-guerre, de la Sécurité sociale à la démocratisation scolaire, et de prendre la mesure de l’héritage de l’eugénisme en contexte démocratique.
Cette idéologie scientiste et inégalitaire hante les débats bioéthiques mais elle se révèle également comme une théorie morale ayant pu imprégner une norme de notre temps : la psychologie du développement personnel.