L’influence et ses limites

20 et 21 juin – Atelier international – Paris, EHESS

L’atelier, organisé par Répine (Réseau d’étude des pratiques d’influence) et le CRH (Yves Cohen) et soutenu par le LabEx Tepsis confrontera diverses formes d’étude de l’influence et de la contre-influence. Il importe en effet que les sciences sociales affinent leurs moyens de s’emparer d’un phénomène qui ne cesse de proliférer et d’envahir la vie publique aussi bien que personnelle. Parler d’« influence » permet d’étudier ensemble de nombreuses pratiques développées au XXe siècle, publicité, propagande, marketing, relations publiques, communication, psychologie sociale, lobbying… Ces pratiques prennent constamment des formes nouvelles, comme celle des « influenceurs » ou de l’invasion des réseaux sociaux par l’infox. Elles se déploient à l’échelle globale comme à celle, non pas tant du local que de l’intime. Elles recourent aux sciences, de la psychologie à l’informatique, et mobilisent les arts. D’où cet atelier multidisciplinaire, international et rapprochant chercheurs et membres de la société civile.

Linguistique et écrit (8)

13 juin – Journée d’étude – EHESS, Paris

Cette 8e édition des journées d’études « Linguistique et écrit », organisée par Dinah Ribard (GRIHL) et Marion Carel (CRAL) sera consacrée à la présentation et à la discussion de travaux en cours sur des questions d’énonciation, de performativité, d’oralité écrite, de narrativité hors du récit, à la croisée de l’histoire et de la linguistique. Différents types d’écritures seront envisagés, séparément ou simultanément : écritures littéraires, publicitaires, juridiques, poétiques, savantes, politiques ; mises en livres ou arrimées à l’oral, en mots ou en images.

Autour de l’ouvrage de Natalia Muchnik et Mathilde Monge, L’Europe des diasporas (XVIe-XVIIIe siècles)

4 juin – Les Lundis du CRH – Paris, EHESS

Huguenots, séfarades, catholiques britanniques, mennonites, morisques, Arméniens, Grecs, frères moraves, quakers, ashkénazes… Qu’ont en commun ces populations qui parcourent l’Europe durant toute l’époque moderne ? Toutes s’inscrivent dans des communautés dont les ramifications traversent les frontières politiques, culturelles et religieuses ; toutes entretiennent des réseaux dynamiques à travers lesquels circulent informations, personnes et biens. Unis par la mémoire des persécutions, l’attachement à une terre d’origine, réelle ou rêvée, et par des liens économiques, ces groupes n’en sont pas moins extrêmement divers. Formant des minorités au sein de la cité, ils entretiennent des rapports complexes tant avec les autorités et les populations locales qu’avec les autres populations diasporiques.
Cet essai explore ces tensions, entre unité et hétérogénéité, mobilité et sédentarité, marginalisation et perméabilité des frontières sociales. Aussi synthétique qu’informé, il s’adresse à la fois aux spécialistes des minorités et des diasporas, qui y trouveront une proposition de lecture globale, comme à ceux qui s’intéressent à la coexistence religieuse, aux questions d’intégration et aux migrations.
Le débat sera animé par Thomas Le Roux, en présence des auteures et de Alessandro Stanziani (CRH-ESOPP), Liza Terrazzoni (EHESS- CEMS) et Paul-André Rosental (Sciences-Po Paris).

Les dispositifs de formation professionnelle au Moyen Âge et à l’époque moderne

3 juilllet – Journée d’étude – Paris, EHESS

La formation professionnelle dans les sociétés « préindustrielles » ne se limite pas aux dispositifs institutionnels d’apprentissage associés à des activités artisanales urbaines et aux corporations. Elle dépasse aussi des formes contractuelles souvent évanescentes dans une chronologie qui remonte au Moyen Âge. Cette journée d’étude, organisée Mathieu Marraud et François Rivière (CRH),  propose ici de s’appuyer sur la notion de professionnalisation pour étudier une « formation professionnelle » qui prévoit l’acquisition des gestes et des techniques du métier, mais aussi d’une culture commune. Cette grille de lecture large appelle la comparaison d’études de cas qui concernent artisans, artistes ou marchands, en Occident ou dans l’empire ottoman. Les rôles sociaux des formateurs, des apprentis et de leur entourage seront interrogés, ainsi que les modalités de connaissance des relations formatives, et, lorsque c’est possible, le contenu des savoirs et savoir-faire transmis.

 

Qui est in, qui est out ? Tradition et histoire

20 et 21 juin – Forum du CRH – Paris, EHESS

Le ‘Forum du CRH’, organisé par la direction du Centre de Recherches Historiques, est conçu comme un moment d’échanges annuel autour de questions transversales propres à la discipline historique. Le Forum 2019 questionnera la notion de tradition. Régulièrement employée en histoire, elle recouvre diverses significations : une tradition peut être culturelle, religieuse ou intellectuelle, manuscrite ou orale, aristotélicienne ou platonicienne, occidentale ou orientale, etc. Le terme est courant, mais il est aussi labile, plastique, car il s’applique à toutes sortes de phénomènes et se prête aisément aux variations de sens ou d’emploi. Les deux journées porteront à la fois sur la manière dont les historiens emploient ce mot et sur ce qui fait tradition à une période donnée, c’est-à-dire ce que le terme implique du point de vue des acteurs historiques. Il ne s’agira pas de revenir sur le mythe de l’invention de la tradition, mais d’engager une réflexion collective autour de cette notion, qui soulève des questionnements concernant aussi bien l’histoire sociale et religieuse que l’anthropologique historique ou à l’histoire intellectuelle.
La première journée du Forum (jeudi 21 juin) se terminera par un concert qui déclinera la notion de tradition d’une autre façon. Nous accueillerons la pianiste Lucia Abonizio pour son album « Terres Argentines. Alberto Ginastera et la musique traditionnelle argentine » (2016, Harmonia Mundi), avec la participation de Gilberto Pereyra au bandonéon.

Fièvre et vie du théâtre sous la Révolution française et l’Empire

Thibaut Julian, Vincenzo De Santis (dir.)

Durant la Révolution française et l’Empire, le théâtre présente un répertoire original et des structures de transition : expérimentations et héritages, audaces et conformismes se bousculent à l’heure où pièces, salles, auteurs, comédiens et spectateurs évoluent dans une activité frénétique que les autorités cherchent à canaliser. L’interaction étonnante du public et de la représentation, la labilité du procès de signification, le poids de l’histoire et de la politique forment le fil rouge de ces études, qui font apparaître une tension entre tradition et nouveauté dans les genres, les répertoires et les pratiques de la vie théâtrale, à Paris comme dans les autres territoires de la « Grande Nation ».

Un « spectacle dérobé à l’histoire ». Théâtres et émotions de la Révolution française

18 et 19 juin – Colloque international – Paris, EHESS et Sorbonne Université Lettres

Les spectacles constituent un laboratoire privilégié pour repérer et saisir l’articulation des représentations et des émotions qu’elles provoquent. À la suite de travaux collectifs récents consacrés à l’avènement d’une « société du spectacle » au XVIIIe siècle, à la politique du répertoire théâtral et aux fictions de la Révolution (voir la bibliographie), ce colloque, organisé par Thibaut Julian (CRH) et Renaud Bret-Vitoz (Sorbonne Université Lettres) interdisciplinaire invite à explorer l’événement vécu, jusque dans son après-coup sous le Consulat et l’Empire, dans la perspective ouverte de l’histoire des émotions : l’on propose d’étudier en miroir comment la fiction théâtrale réfléchit et façonne des sensibilités en actes, tandis que des dispositifs spectaculaires sont mobilisés pour produire des effets sensibles dans la sphère publique, de sorte que les émotions sont agencées par des pratiques codifiées voire ritualisées mais s’y « dérobent » parfois de façon inattendue, déjouant l’effet escompté. Il s’agit ainsi de mettre au jour une politique des émotions sous la Révolution en confrontant le théâtre aux autres manifestations collectives ressortissant à la « forme spectacle » : de l’Assemblée à l’échafaud en passant par le champ de bataille, de la fête aux conférences, via la « culture des apparences » et les stratégies de publicité. Entre unanimité et dissensus, plaisir et choc, froideur et exaltation, quelles formes ces émotions prennent-elles ? Quel statut leur octroyer pour l’herméneutique des textes et des spectacles, et comment leurs traces (écrites, visuelles ou sonores) idéologiquement situées contribuent-elles à fixer une mémoire orientée de la Révolution ?

David Mervart (Université d’Heidelberg) « Europe under the Warring States Period »

17 juin – Les Rencontres du GEHM – Paris, EHESS

À partir de la fin du XVIIIe siècle, la géopolitique et la dynamique historique du monde européen ont suscité un intérêt accru de la part de certains Japonais qui, sur le plan linguistique et philologique, étaient capables d’interroger des sources européennes (ou du moins les traductions et les extraits de ces sources qui leur étaient parvenus). Cette activité intellectuelle a conduit à une prolifération d’histoires, de géographies et de traités politiques qui ont tenté de donner un sens au monde lointain des « barbares occidentaux » et qui essayaient d’expliquer les dynamiques qui avaient amené l’Occident à une hégémonie du monde. Dans ce cadre, les savants japonais faisaient souvent référence à quelque chose de bien connu pour toute personne instruite de la vaste sinosphère est-asiatique : il s’agissait de la situation désordonnée et conflictuelle de la période dite des Royaumes combattants, un topos historiographique établi pour la période déchirée de la Chine post-classique à la fin de la dynastie Zhou. Selon le portrait que l’histoire « universelle » (c’est-à-dire « chinoise ») a fait des Royaumes Combattants, il existait à cette époque-là une pluralité d’États qui, dépourvus de toute référence à une autorité morale et concentrés sur leurs intérêts particuliers, se faisaient concurrence par tous les moyens disponibles, y compris l’armée. Ce topos historiographique a été repris au Japon au début du 19e siècle afin de soutenir que la trajectoire historique récente de l’Europe était la même que celle de la période des « Royaumes combattants ». Ce procédé historiographique avait un double but : d’une part, décrire avec une métaphore familière la situation géopolitique que l’Occident avait générée et vers laquelle le Japon et toute l’Asie orientale étaient irrémédiablement amenés ; d’autre part, fournir une explication cruciale du type de lieu où se trouvait l’Europe et du type de modus operandi que l’on pouvait attendre des Européens. Alors que le 20 siècle a assisté à une reformulation des historiographies non-européennes dans les termes de l’historiographie européenne, cet épisode de l’historiographie japonaise du 19 siècle nous offre l’image d’un passé européen rationalisé selon les catégories meta-historiques qui ont régi les traditions historiographiques de l’Est asiatique. En présence de l’auteur le débat sera animé par Pablo Blitstein (GEHM).

Drogues et genre

6 et 7 juin – Colloque – Paris, EHESS

La consommation de drogues n’échappe pas aux constructions sociales et culturelles genrées. Si, chez les jeunes occidentaux d’aujourd’hui, la consommation d’alcool s’est largement répandue chez les femmes, y compris dans les espaces publics, ce phénomène est tout-à-fait récent, car pour les générations précédentes d’Européens et d’Américains les femmes qui buvaient dans les cabarets, les tavernes et les bars, étaient stigmatisées et couvertes de toute sorte d’infamie. À l’instar de l’alcool chez les occidentaux, toutes les autres drogues psychotropes semblent avoir été historiquement des consommations majoritairement masculines. Que ce soit l’opium dans les sociétés indiennes, iraniennes, chinoises, la coca chez les peuples des Andes, ou encore le khat au Yémen et dans la Corne d’Afrique. Faut-il croire que les hommes ont éloigné les femmes de l’accès aux « plantes des dieux » ? Ou alors que les femmes ont pris elles-mêmes des distances avec des substances modifiant les comportements personnels et les relations sociales ? Pourtant, un peu partout, les curanderas, les sages-femmes et d’autres femmes moins sages, se sont appropriées des plantes soignantes. L’histoire au présent des usages de drogues semblent rompre bien de traditions, sous l’effet de la diffusion rapide et mondiale des substances et des changements des comportements personnels. L’hypothèse que nous formulons est que ce n’est pas le type de psychotrope en soi, ni les effets attendus qui produisent une consommation différente selon le genre, mais le cadre culturel, relationnel, dans lequel vivent des hommes et des femmes qui en influence l’usage. Entre psychotropes soignants, ludiques, performatifs, les drogues se mélangent aux construction de soi et à l’environnement collectif.