La Griffe du Temps. Ce que l’histoire peur dire de la littérature

Judith Lyon-Caen

Aux devantures des librairies, on ne compte plus les ouvrages d’historiens réfléchissant gravement à leur rapport avec la littérature. Doivent-ils en faire une source de leur savoir, mais en contextualisant la fiction depuis leur surplomb, au risque de ne pas faire mieux que l’histoire littéraire et manquer ce que fait la littérature ? Ou bien recourir à l’écriture de la fiction, quitte à s’installer prosaïquement dans l’entre-deux-genres d’une classique monographie ? Judith Lyon-Caen propose une aventure plus ambitieuse : à partir d’une nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly, « La vengeance d’une femme » , l’historienne part de ce qu’est la littérature : une expérience d’être au monde, pour mesurer l’éclairage que sa discipline peut apporter à la mise en écriture romanesque. Ainsi de ces myriades d’objets, de parures, de rues et boulevards ou de lieux parisiens dont la description a pour fonction d’attester la réalité du récit : l’historien décrypte ces traces du temps, que ce soit le temps de la rédaction ou celui de l’action du récit, en retrouve l’origine, réfléchit à la manière dont le romancier en a été affecté. Non pas pour réduire l’écriture romanesque à un ancrage dans une époque, mais, au contraire, pour éclairer comment une époque nourrit le sens d’une écriture. L’historien en « herméneute » du matériau littéraire, en quelque sorte. Une invitation à apprendre à mieux lire ce qui fait la littérature et ce que fait un romancier.

L’histoire de Lip

25 mars – Table-ronde – Paris, EHESS

En 1973, face à des licenciements massifs, les ouvriers de la manufacture horlogère Lip de Besançon ont occupé leur usine pour exiger que personne ne perde son emploi. Grâce à la vente du stock de montres dont ils se sont emparés, ils se paient leurs propres salaires en adoptant un slogan célèbre : « C’est possible ! On fabrique, on vend, on se paie ». C’est une expérience d’autogestion sans précédent, c’est l’imagination au pouvoir, pour reprendre le titre du documentaire exceptionnel qu’a réalisé Christian Rouaud en 2007. Cette table-ronde organisée par Jérôme Bourdieu (PSE) et Patrick Fridenson (CRH) se cosacrera à l’histoire de Lip autour de deux ouvrages Opening The Gates: The Lip Affair 1968-1981 de Donald Reid et Pourquoi ont-ils tué Lip ? De la victoire ouvrière au tournant néolibéral de Guillaume Gourgues et Claude Neuschwander

 

Les vitrines de l’humanité

Silvia Sebastiani (dir.), Passés/Futurs, n°6, Labex Tepsis-Politika

Depuis les années 1980, la légitimité de collectionner ou de montrer les « différentes humanités » fait débat, du point de vue du droit international, mais aussi dans une opinion publique de plus en plus sensible à ces questions. Où et comment l’humanité a-t-elle été et continue-t-elle à être exposée ? De quelles manières squelettes, crânes, corps embaumés, photographies, moulages et autres artefacts ont-ils été et sont-ils utilisés pour rendre compte de la diversité humaine ?
Les musées anthropologiques ont certes commencé à changer leur façon d’exposer, la question n’en demeure pas moins ouverte : est-il encore possible d’exposer des restes humains ? Comment gérer les demandes croissantes de restitutions ? À qui revient-il de juger et de trancher ces questions ?
Au carrefour de l’histoire de l’anthropologie, de la muséographie et de l’histoire de l’art, ainsi que des questions raciales et politiques, ce dossier se focalise sur l’exposition de l’humanité dans des contextes situés et spécifiques. Sans prétendre à une quelconque exhaustivité, il les aborde au travers de plusieurs musées anthropologiques en Italie, en France, au Japon, au Mexique et en Argentine.

 

Les vitrines de l’humanité. Questions aux musées d’anthropologies

9 décembre – Présentation d’un numéro de revue – Paris, EHESS

A l’occasion de la publication du numéro 6 de la revue Passés Futurs, le labex TEPSIS en collaboration avec le GEHM organise une rencontre sur le thème des vitrines de l’humanité. Questions aux musées d’anthropologies .
Depuis les années 1980, la légitimité de collectionner ou de montrer les « différentes humanités » fait débat, du point de vue du droit international, mais aussi dans une opinion publique de plus en plus sensible à ces questions. Où et comment l’humanité a-t-elle été et continue-t-elle à être exposée ? De quelles manières squelettes, crânes, corps embaumés, photographies, moulages et autres artefacts ont-ils été et sont-ils utilisés pour rendre compte de la diversité humaine ?
Les musées anthropologiques ont certes commencé à changer leur façon d’exposer, la question n’en demeure pas moins ouverte : est-il encore possible d’exposer des restes humains ? Comment gérer les demandes croissantes de restitutions ? À qui revient-il de juger et de trancher ces questions ?
Au carrefour de l’histoire de l’anthropologie, de la muséographie et de l’histoire de l’art, ainsi que des questions raciales et politiques, ce numéro se focalise sur l’exposition de l’humanité dans des contextes situés et spécifiques. Sans prétendre à une quelconque exhaustivité, il les aborde au travers de plusieurs musées anthropologiques en Italie, en France, au Japon, au Mexique et en Argentine.

Numéro spécial Thèses du CRH 2018

Numéro spécial Doctorats 2018, L’Atelier du CRH, revue électronique

Ce numéro spécial de L’Atelier du CRH, consacré aux docteurs du laboratoire, recense la vingtaine de thèses soutenues en 2018. Outre la composition du jury, figurent le titre et le résumé en français et en anglais.

Lire la suite : https://journals.openedition.org/acrh/9159

Giorgio Riello (University of Warwick)

22 mars, 5,12 et 19 avril 2019 – Conférences – Paris, EHESS et ENS

Giorgio Riello, invité à l’EHESS par Philippe Minard (Grhéco) est « Professor of Global History and Culture » à l’université de Warwick, dont il été en 2014-2017, le directeur de l’Institut d’Études Avancées. C’est un spécialiste internationalement reconnu de l’histoire des textiles et de la consommation aux XVIIIe-XIXe siècles. Il a été, avec Patrick O’Brien, la cheville ouvrière du Global Economic History Network, qui a joué un rôle fondamental pour le renouvellement de l’histoire économique moderne à travers la problématique de l’histoire globale. Directeur de la fondation Pasold (qui édite la revue Textile History), il est aussi membre des rédactions de Past & Present et du Journal of World History, il a publié des sommes importantes consacrées à l’histoire des industries du coton et de la soie.

1969 : Michel Foucault et la question de l’auteur « Qu’est-ce qu’un auteur ?  » Texte, présentation, et commentaire

Dinah Ribard

Michel Foucault donne en 1969 à Paris, puis en 1970 aux États-Unis, une conférence sur la question de l’auteur dont la formule-clé, « Qu’importe qui parle », est empruntée à Samuel Beckett. Il existe plusieurs manières de donner un contexte aux propositions avancées dans ce texte qui fit événement, de raconter l’histoire de son impact sur la théorie, la critique, l’histoire du fait littéraire, d’y réagir enfin. On s’efforce ici d’éclairer ces interprétations, ces récits, leurs évolutions et leurs enjeux, en s’intéressant notamment à leur caractère contradictoire, ainsi qu’à l’importance qu’ont eue, pour l’évolution des études littéraires, des choses que Foucault ne dit pas dans « Qu’est-ce qu’un auteur ? ».

Genre, sphère privée et sphère publique

Date limite de dépôt : 20 mars – Appel à communication – Paris, EHESS

Née de la volonté de créer un espace de rencontre et d’échanges pour les doctorant.e.s qui intègrent le genre dans leur travail de recherche, la journée d’études “Le Genre en Histoire” arrive cette année à sa troisième édition. Ce rendez-vous est organisé par le groupe Genre du CRH à l’EHESS et aura lieu le 28 mai 2019.
La thématique proposée, “sphère privée et sphère publique”, invite à réinterroger, au sein de différentes périodes et aires culturelles, les oppositions traditionnelles entre le foyer domestique et l’espace public du point de vue du genre. Les phénomènes de politisation du privé, la place des émotions et des croyances dans la sphère publique ou encore les interférences entre l’éducation familiale et les choix professionnels ou politiques incitent à étudier les dynamiques complexes entre deux espaces trop simplement opposés. En quoi le genre a-t-il un rôle dans ces reconfigurations ? Quelles sont les interactions entre les normes de ces deux dimensions et la construction des différences de genre ?