Martine Bennini
Jean-Baptiste Claude de Bragelongne (1719-1775) nous a laissé un « livre journal » qui couvre les années 1750-1768 et constitue un témoignage précieux sur la vie de la noblesse de robe au temps des Lumières. Ce conseiller au Parlement de Paris devait sa fortune à son grand-oncle paternel (l’oncle maternel de son père) Jean-Baptiste de Gaumont, qui mourut intendant des finances, un office dont l’exercice impliquait puissance et fortune. Gaumont fit de Bragelongne son héritier privilégié et lui donna en particulier la seigneurie du Saussay, dans l’actuelle commune de Ballancourt près de Corbeil-Essonnes. Ce château tient une grande place dans les préoccupations de Bragelongne, qui se présente lui-même comme un magistrat peu zélé, mais un amateur compétent en architecture. Cependant il participa aux mouvements d’opposition qui dressait le Parlement contre la politique de Louis XV, ce qui lui valut un exil en Auvergne, pays dont la description occupe une bonne partie du manuscrit. Ce journal est un livre de compte, mais aussi une histoire familiale, c’est-à-dire surtout une histoire de la fortune familiale et des alliances matrimoniales.