27 juillet 1214 : le roi de France Philippe Auguste, le roi d’Angleterre Jean sans Terre (par intérim) et l’empereur germanique Otton IV s’affrontent près de Lille dans une bataille dont le capétien sort vainqueur. Georges Duby, on le sait, immortalisa dès 1973 cette journée. Huit siècles après l’événement et plus de 40 ans après Le dimanche de Bouvines, comment les historiens doivent-ils aujourd’hui considérer un fait dont le souvenir dépasse la véritable portée ? Une guerre franco-allemande, la première a-t-on pu autrefois écrire, dont le souvenir fut remobilisé dès les premiers affrontements de 1914 ? Une guerre franco-anglaise, prélude de la Guerre dite de Cent Ans ? Une guerre européenne qui voit le triomphe de Philippe Auguste et l’avènement de la « grant monarchie de France » ? Pour ce faire, un colloque tenu à l’Institut Franco-Allemand de Sciences Historiques et Sociales de Francfort en 2014 a réuni des historiens français et allemands pour examiner à nouveaux frais l’épisode et sa construction mémorielle, et poser au-delà les questions plus actuelles qu’évoque de manière lointaine ce moment de bravoure : pourquoi verser son sang ? Comment établir les règles du jeu de la guerre et de la paix ? À quoi tient finalement le sort, heureux ou malheureux, des armes ?