22 septembre 2021 – Dialogue d’inauguration du Festival Allez savoir, Tout migre ? – Marseille, Centre de la Vieille Charité
Depuis un siècle et demi que les migrations de masse font traverser les frontières à des millions de personnes, on imagine encore le migrant comme un jeune homme à l’usine voire aux champs. Or, les femmes comme les hommes changent de pays à la recherche d’une meilleure vie et les expériences, les attentes et les stratégies selon le genre peuvent être des plus variées. Femmes et hommes peuvent migrer pour des raisons différentes et vivre des trajectoires radicalement distinctes. Ainsi les migrations impliquent-elles, au-delà de leur diversité, des formes de construction des identités féminines ou masculines.
Depuis quelques décennies, la « découverte » de la femme immigrée a transformé le regard des chercheurs sur l’histoire de l’immigration. Nous pouvons désormais nous interroger sur la façon dont les relations entre les sexes sont affectées par l’émigration et l’immigration, par les départs autant que par les arrivées, par les mobilités réelles, imaginées et frustrées. Comment le politique (le droit de l’immigration) et l’économique (les marchés du travail) influencent-ils les rôles des hommes et des femmes en mobilité ? Mais aussi, comment les rapports entre les sexes voire les rapports à la sexualité sont-ils impactés par le changement de pays et par d’éventuels retours ? Que dire encore de différentes formes de racisation dans la société d’accueil, selon qu’on est immigré ou immigrée ? Le genre à un effet sur la migration — et celles et ceux qui restent – tout comme la migration a un effet sur les identités genrées.
C’est cette relation – qui lie le politique à l’intime – que notre débat, entre Nancy L. Green (historienne, EHESS-CRH) et Fatou Diome (écrivaine), modéré par Mélanie Masson (journaliste), vise à élucider.