Le mariage dans le pourtour méditerranéen de l’Europe – Controverse

Fabrice Boudjaaba

Créé en 2019 par l’École française d’Athènes, le Bulletin de correspondance hellénique moderne et contemporain se veut le prolongement, pour les époques moderne et contemporaine, du Bulletin de correspondance hellénique (BCHmc). Exclusivement électronique, transdisciplinaire et internationale, la revue, semestrielle, est consacrée à l’espace de la Méditerranée orientale et des Balkans, aire culturelle carrefour marquée par l’influence des empires byzantin, ottoman, vénitien mais aussi coloniaux.. Le premier numéro, codirigé par Fabrice Boudjaaba, a pour thème « Le mariage dans le pourtour méditerranéen de l’Europe : du modèle à la comparaison ».

Ce que les artistes font à l’histoire (3)

20 janvier – Journée d’étude – Paris, EHESS

Après Nietzsche, la conscience historique a été ressentie comme une « fièvre », une entrave à la compréhension profonde de l’expérience humaine, à son appropriation présente. Paul Valéry, Virginia Woolf, Italo Svevo, partageaient le sentiment exprimé par Stephen Dedalus dans l’Ulysse : l’histoire est un cauchemar à oublier. En revanche, aujourd’hui, de nombreux romanciers et artistes se proposent comme les véritables médiateurs du passé. Ils le « cherchent », et certains d’entre eux visent à combler les failles de l’histoire, d’autant plus que les sujets historiques traités sont imprégnés de questions métahistoriques, comme l’expérience du temps, les temporalités régressives et asynchrones. Le rapprochement est encore plus poussé lorsque les artistes se plongent dans les archives, ou entreprennent des opérations de « re-enactment », comme pour prouver le caractère ouvert et non définitif du passé, ou encore lorsque les frontières entre le documentaire et la fiction s’avèrent plus poreuses que jamais. Les historiens, de leur côté, ont remis en discussion le « noble rêve de l’objectivité » et leurs dispositifs de représentance, et sont devenus plus sensibles à la question de l’imagination-pour-le réel du passé.

Autour de l’ouvrage de Morgane Labbé, La nationalité, une histoire de chiffres. Politique et statistiques en Europe centrale (1848-1919)

6 janvier – Les Lundis du CRH – Paris, EHESS

Lorsque l’historien consulte les archives administratives du XIXe siècle, il découvre avec étonnement de longues séries de chiffres sur les nationalités, les langues, les religions, comme autant de tableaux d’une Europe disparue.
Il constate la précision des enregistrements des minorités et relève que ce travail bureaucratique méticuleux protégeait autant leurs droits qu’il dessinait le cadastre des minorités nationales et confessionnelles bientôt expulsées, assimilées, persécutées.
À partir de l’exemple de la Pologne, territoire alors partagé entre la Prusse, la Russie et l’Autriche-Hongrie, l’auteure démontre que le recensement des populations, l’édification de cartes, le choix de critères démographiques, linguistiques et confessionnels ont servi des projets politiques plus divers que la littérature historique ne l’a longtemps laissé supposer. C’est ainsi qu’en 1919, par un retournement de l’histoire, les statistiques démographiques officielles des trois empires annexionnistes, réappropriées tant par les opposants polonais que par les experts de la Conférence de la paix, ont contribué à l’édification d’un nouvel État polonais.
Ce Lundi du CRH sera animé par Béatrice Delaurenti (AHLOMA), avec les discussions de Fabrice Cahen (INED), Jawad Daheur (CNRS-CERCEC) et Marie-Elizabeth Ducreux (RHISOP).

1848 et la littérature

16 janvier – Journée d’étude – Paris, EHESS

Les révolutions de 1848 ont été perçues comme des révolutions littéraires dans plus d’un sens. Pour beaucoup de leurs contemporains, d’abord, les événements de Février et de Juin auraient été précipités par la littérature. Mais 1848 s’est aussi avéré être une révolution pour la littérature, ou dans la littérature. Le grand récit de cette révolution littéraire, amorcé dès la seconde moitié du XIXe siècle, s’est cristallisé au siècle suivant avec les travaux de Sartre, de Barthes et de Bourdieu, tout en imposant le canon Flaubert-Baudelaire pour caractériser la modernité formelle et l’autonomie du champ littéraire dont 1848 aurait marqué le point de départ.
Cette journée d’étude, organisée par Judith Lyon-Caen (GRIHL), Mathieu Roger-Lacan (EHESS-Université Paris Deiderot) et Véronique Samson (Université de Cambridge) avec le soutien du CRH, du laboratoire « Ecritures » EA 3943 de l’Université de Lorraine et de l’EA RIRRA21 de l’Université Paul-Valéry Montpellier, propose d’offrir de nouvelles perspectives sur ce grand récit, aussi bien par l’inclusion de corpus que celui-ci a rendus invisibles que par le retour sur des textes que la distance temporelle a contribué à rendre illisibles. Il ne s’agira donc pas simplement d’étudier la représentation des révolutions de 1848 et du coup d’État de 1851 dans la fiction française, mais plutôt de comprendre comment ces événements ont transformé les conceptions du littéraire et redéfini le mode d’action de la littérature dans le monde social. Le dernier moment de la journée se tournera également vers les années 1850 et 1860, afin de questionner les présences comme les silences de 1848 dans les textes littéraires de ces deux décennies.

Afficher le droit au Moyen Âge. Les chartes lapidaires en discussion

16 janvier – Demi-journée d’étude – Aubervilliers, Campus Condorcet

Dans le cadre des actions de SCRIPTA PSL “Histoire et pratiques de l’écrit”, le programme Afficher le droit au Moyen Âge. Regards croisés sur les chartes lapidaires, organisé par Vincent Debiais (AHLOMA), entend poser les bases d’une réflexion sur les liens entre les pratiques d’écriture exposée et l’exercice du droit dans la culture écrite du Moyen Âge occidental. Il est conçu comme un cycle de séminaires débouchant sur la publication d’une synthèse bibliographique et thématique, et sur la mise à disposition du corpus rassemblé au cours de la recherche.
Ce deuxième séminaire sera consacré́ à la question d’objets manuscrits contribuant à l’expression du droit ou de l’autorité, et qui adoptent des formes et des formats hors du commun. Dans cette mise au défi de la diplomatique, la taille, la disposition, le support du texte contribuent-ils à l’efficacité des décisions, à leur diffusion, à la promotion des émetteurs, au règlement des états de tension ou de désordre ? En repartant des réflexions collectives de la première séance, en particulier du rapport dialogique entre autorité et authenticité de l’acte diplomatique dans sa dimension matérielle, ce deuxième rendez-vous sera l’occasion d’aborder les inscriptions au prisme des chartes et d’interroger peut-être plus précisément la pertinence de l’expression « charte lapidaire ».

La guerre à la drogue le contrôle systémique du contrôle social

9 janvier – Demi-journée d’étude – Paris, EHESS

Dans le cadre du séminaire La guerre à la drogue, une maladie systémique du contrôle social, la demi-journée d’étude sous-titrée De la prohibition à la légalisation, se consacrera à la présentation de deux ouvrages sur le sujet.
Le premier, L’herbe du diable ou la chair des dieux ? d’Alessandro Stella a pour thème le peyotl, plante psychotrope emblématique appelée « la chair des dieux » par les ethnies amérindiennes du Mexique. Par cette monographie sur le peyotl, l’auteur aborde plus largement la question des usages de psychotropes et de leur prohibition, de la « guerre à la drogue » comme guerre aux « drogués », de l’instrumentalisation d’une guerre fondée sur « la morale » pour mener la guerre aux minorités racisées.
Le second, co-édité par Alessandro Stella et Anne Coppel, Vivre avec les drogues (traduit en anglais) est issu du séminaire collectif sur les drogues de à l’EHESS.

Autour de Sebastian Veg, Minjian. The Rise of China’s Grassroots Intellectuals (Columbia University Press, 2019)

27 janvier – Les Rencontres du GEHM – EHESS, Paris

Alors que les intellectuels chinois se sont définis tout au long du XXe siècle par leur position d’élite et leur responsabilité pour la société et la nation, ce rôle a été remis en question après l’écrasement du mouvement démocratique de 1989. De nouveaux groupes d’intellectuels sont apparus à l’extérieur de l’élite sociale, tirant leur légitimité de leur travail avec les vulnérables et les marginaux.
Ce livre étudie les historiens amateurs réexaminant l’époque maoïste, les documentaristes enquêtant sur les questions sociales, les juristes de terrain travaillant avec des groupes marginaux pour affirmer les droits civiques, les bloggeurs et journalistes qui mettent au défi le contrôle par l’État de la sphère publique. En proposant une histoire intellectuelle de ces groupes, l’étude met en valeur de nouveaux mécanismes de légitimation du savoir, interrogeant l’apparence monolithique de la société chinoise contemporaine. La rencontre sera animée par Pablo Blitstein (GEHM), Antoine Lilti (GEHM) et Isabelle Thireau (CECMC).

 

L’histoire environnementale en France et en Allemagne : problèmes actuels et perspectives d’avenir

Date limite de dépôt : 6 janvier – Université d’été – Institut Historique Allemand, Paris

Depuis la fin des années 1960, l’histoire environnementale s’est rapidement développée comme une branche nouvelle et importante de la recherche historique. Située à la croisée de nombreuses approches (histoire économique, histoire des techniques, histoire des sciences, histoire sociale…) elle aborde et renouvelle toutes ces questions.
Les concepts et les méthodes de l’histoire environnementale font donc l’objet d’un débat international animé dans lequel des voix françaises et allemandes jouent un rôle important. L’Université d’été, organisée par l’Institut historique allemand à Paris et l’EHESS, permettra aux doctorant(e)s, post-doctorant(e)s et étudiant(e)s en master avancé(e)s des deux pays de présenter leurs projets actuels à un cercle d’experts confirmés. L’objectif de cette université d’été organisée par Jean-Baptiste Fressoz (GRHEN), Frédéric Graber (GRHEN), Rainer Babel et Dorit Brixius pour le CRH et l’Institut Historique Allemand, est d’approfondir, tout en prenant en compte le débat international, la connaissance des approches en histoire environnementale, de les comparer entre elles et de promouvoir la mise en réseau transnationale des jeunes chercheuses et chercheurs dans ce domaine.