Citoyennetés au nord et au sud de la Méditerranée Actions, objets, relations : une perspective interdisciplinaire

Date limite de dépôt : 10 septembre 2019 – Villa Cynthia de Fréjus, Ecole thématique

Cette école thématique s’inscrit dans la continuité des travaux menés dans le cadre de l’ANR PROCIT Propriété et Citoyenneté au nord et au sud de la Méditerranée (XVIe-XIXe siècle) porté par Simona Cerutti (LaDéHiS) . Ce programme vise à dégager des pistes pour repenser la citoyenneté en Méditerranée, en désincrustant celle-ci des essentialisations culturelles, des épistémès disciplinaires, et des traditions historiographiques nationales. Il part d’une définition large de la citoyenneté, qui ne se restreint pas à l’obtention d’un statut conditionnant l’exercice de droits politiques, mais qui prend en compte les processus de construction des droits d’accès aux ressources locales (telles que le travail, le logement, l’assistance etc.). Cette approche invite à porter une attention particulière aux liens sociaux et à leur capacité à constituer les fondements des revendications de ces droits. Cet angle offre un double avantage : il permet d’appréhender les enjeux de la citoyenneté en des termes non anachroniques (les ressources locales dont il est questions sont identifiées comme cruciales par les acteurs sociaux eux-mêmes), et, d’autre part, il « libère » l’analyse des catégories ethnocentriques, produites par la philosophie politique occidentale. En adoptant une perspective interdisciplinaire, ce projet veut faire dialoguer, à partir de terrains géographiques et d’époques différentes, des conditions d’affirmation citoyenne formalisées par l’inégal droit d’accès aux ressources locales. L’interdisciplinarité a avant tout une dimension heuristique et une portée critique dans la mesure où elle permet, par déconstruction des modèles établis et des grands récits, d’élaborer un questionnaire commun par-delà la spécificité des approches disciplinaires et la diversité des terrains.

La mesure des effectifs de partis politiques en France (PS et PCF)

Histoire & Mesure, Paris, Editions de l’EHESS, Histoire & Mesure, XXXIII-1, 2018

Consacrés aux usages de la mesure des effectifs de partis politiques de gauche en France, les deux premiers articles examinent les pratiques et usages du dénombrement des membres du Parti socialiste (F. Cépède) et du Parti communiste français (P. Boulland). Deux articles relèvent de l’histoire de la mesure : O. Reguin étudie la transmission des mesures agraires dans l’espace italien, de l’Antiquité au Moyen Âge, en posant l’hypothèse d’une étape byzantine ; G. Serra décrit l’élaboration, par la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, d’indicateurs de développement pour mener les réformes libérales à partir de 1980.
Deux autres articles appliquent des méthodes statistiques à des objets d’histoire. Au départ d’une base de données prosopographique relatives aux officiers d’État de Lorraine sous la première modernité, A. Fersing aborde la question de la catégorisation à partir de la structure des données, explorées par une analyse des correspondances multiples et une classification ascendante hiérarchique. L. Herment et É. Mermet analysent la diffusion spatiale des différents engrais commerciaux en France au milieu du XIXe siècle en s’appuyant sur un SIG et un modèle de régression logistique suivi d’une analyse en composantes principales.

Histoire rurale de l’Europe XVIe-XXe siècle

Sous la direction de Laurent Herment

La croissance agricole qu’a connue l’Europe entre le XVIe et le XXe siècle est un facteur essentiel de la construction du monde moderne. Mais il reste à en comprendre la nature, le rythme et les causes. Trois grandes approches ont stimulé depuis près de 30 ans les débats des historiens dans ce domaine : la diversité des systèmes agraires, les méthodes quantitatives et le rôle des institutions. Ce livre s’appuie sur ces trois thématiques pour proposer une vision synthétique de la recherche européenne sur l’histoire agraire moderne et contemporaine, aux antipodes des traditionnelles monographies régionales. Il témoigne ainsi du renouveau et de la vitalité des études sur un monde rural qui reste essentiel à la compréhension de notre temps.

La nature sous contrat – Concessions, Histoire et Environnement

Date limite de dépôt : 15 novembre – Appel à communication

Les formes de possessions collectives ou individuelles et les relations qu’elles nouent avec leur environnement ont fortement mobilisé les approches historiques récentes. Puisque l’utilisation des ressources naturelles et la transformation des milieux dépendent grandement des formes de la propriété, les relations entre propriété – sous ses différentes formes –, et environnement suscitent de vifs débats et des recherches fructueuses. Ces approches mettent en lumière les relations entre formes juridiques de la propriété et conditions de construction de l’environnement. Parmi les outils juridiques et financiers qui sont à l’interface de l’environnement et de la propriété figure la concession. Depuis l’apparition du mot au XIIIe siècle, la concession a été un outil régulièrement mobilisé par les pouvoirs notamment dans le cadre de politiques de développements économiques. L’objectif de ce colloque du RUCHE, organisé par Thomas Le Roux et Raphaël Morera (CRH-GRHEN) est d’éclairer historiquement le rôle du régime concessionnaire dans la transformation des milieux et le façonnement de l’environnement.

Les lieux d’enfermement, espaces multifonctionnels en Europe occidentale et en Russie (XVIe-XIXe siècle)

4 et 5 septembre – Atelier international – Institut historique allemand, Moscou

Depuis une trentaine d’année déjà, les lieux d’enfermement au Moyen âge et à l’époque moderne suscitent un intérêt croissant chez les historiens. Ces recherches entendent bousculer la perspective traditionnelle qui ne voit dans ces espaces d’enfermement que des « pionniers » imparfaits de l’institution pénale moderne, annonçant alors le paysage des administrations fonctionnellement différenciées de la marginalité inventées au XIXe siècle. À travers une approche qui s’intéresse aux pratiques et « microtechniques » de création et d’organisation des espaces clos, l’objectif de ce colloque est de saisir les caractéristiques propres de ces institutions qui incluent les prisons traditionnelles, notamment en milieu urbain, mais aussi les monastères, les hôpitaux, les maisons de discipline et de travail. Il souhaite également réfléchir aux pratiques partagées entre ces lieux et de se demander à travers quels mécanismes de transmission ceux-ci irriguaient les institutions, et comment ces processus de transfert traduisaient des développements sociaux plus globaux. Enfin, une approche comparative qui met en relation différents espaces culturels favorisera l’analyse des structures globales, des spécificités (par exemple, le long des frontières confessionnelles) et de la circulation des pratiques et des savoirs entre ces espaces. La comparaison entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est (et la Russie en particulier) vise à examiner les relations entre deux espaces qui, jusqu’à présent, n’ont été que peu abordés par la recherche.
En mettant l’accent sur la « multifonctionnalité » en tant que marqueur central des pratiques de l’enfermement, il s’agit de sortir des cadres traditionnels de la recherche en dépassant la focalisation étroite sur des types d’institutions spécifiques, et en favorisant un croisement des historiographies nationales.

The Limits of Transnationalism

Nancy L. Green

L’engouement pour le transnational ne tarit pas, avec de bonnes raisons, mais The Limits of Transnationalism propose de nuancer notre enthousiasme en rappelant les empêchements, les difficultés, et les rapports de force qui font aussi partie d’une histoire d’échanges et de circulations. Le transnationalisme peut impliquer la traversée des frontières physiques ou des frontières intellectuelles.  Pour les historiens, il est à la fois une perspective de recherche ainsi qu’une recherche de transnationalismes passés, qu’il s’agit du mouvement des idées, des matières primaires, ou des gens.  Ce livre cherche à questionner ce « moment transnational » – qui accompagne le langage sur la globalisation depuis la fin du 20ème siècle – en particulier en ce qui concerne les migrations, de manière historique et historiographique.  Malgré la « nouveauté » du phénomène initialement postulé par les anthropologues, la longue histoire du transnationalisme des migrants ne fait pas de doute.  Or, mettre l’accent sur une certaine héroïsation de l’agent transnational, capable de saisir l’occasion et mobiliser les réseaux a fait oublier les entraves.  Si l’accent mis sur le transnational a permis de sortir d’une historiographie ancrée dans le sturm und drang des experiences migratoires, il a peut-être induit une vision par trop optimiste de la capacité d’action individuelle.  On doit questionner les frictions de la mobilité afin de compléter le tableau, se rappelant les complexités, voire l’éventuelle faillite des réseaux.

Afficher le droit au Moyen âge. Les chartes lapidaires en discussion

19 septembre – Séminaire – Paris, EHESS

Ce séminaire entend poser les bases d’une réflexion sur les liens entre les pratiques d’écriture exposée et l’exercice du droit dans la culture écrite du Moyen Âge occidental. Il est conçu comme un cycle de séminaires débouchant sur la publication d’une synthèse bibliographique et thématique, et sur la mise à disposition du corpus rassemblé au cours de la recherche. ce premier séminaire sera consacré à la question des continuités et des ruptures dans l’affichage épigraphique du droit entre Antiquité, Antiquité tardive, Moyen Âge et Époque moderne. À partir d’exposés sur chacune de ces périodes, et au-delà de l’aspect artificiel du découpage, il s’agira de savoir si les pratiques médiévales sont spécifiques ou originales, comment elles peuvent être comprises dans une longue histoire des pratiques écrites du droit, quels sont les principes structurels en jeu dans la publication monumentale des décisions et des normes, etc.

L’héritage des Lumières Ambivalences de la modernité

Antoine Lilti

Les Lumières sont souvent invoquées dans l’espace public comme un combat contre l’obscurantisme, combat qu’il s’agirait seulement de réactualiser. Des lectures, totalisantes et souvent caricaturales, les associent au culte du Progrès, au libéralisme politique et à un universalisme désincarné.
Or, comme le montre ici Antoine Lilti, les Lumières n’ont pas proposé une doctrine philosophique cohérente ou un projet politique commun. En confrontant des auteurs emblématiques et d’autres moins connus, il propose de rendre aux Lumières leur complexité historique et de repenser ce que nous leur devons : un ensemble de questions et de problèmes, bien plus qu’un prêt-à-penser rassurant.
Les Lumières apparaissent dès lors comme une réponse collective au surgissement de la modernité, dont les ambivalences forment aujourd’hui encore notre horizon. Partant des interrogations de Voltaire sur le commerce colonial et l’esclavage pour arriver aux dernières réflexions de Michel Foucault, en passant par la critique postcoloniale et les dilemmes du philosophe face au public, L’Héritage des Lumières propose ainsi le tableau profondément renouvelé d’un mouvement qu’il nous faut redécouvrir car il ne cesse de nous parler.

Les prisons de la foi. L’enfermement des minorités (XVIe-XVIIIe siècle)

Natalia Muchnik

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les prisons ont été des espaces d’autonomie, voire de liberté, pour les minorités religieuses clandestines des XVIe et XVIIIe siècles. Récusants catholiques dans l’Angleterre protestante, crypto-protestants français après la révocation de l’édit de Nantes, morisques et marranes qui pratiquaient l’islam ou le judaïsme dans l’Espagne inquisitoriale, en ont fait des lieux de résistance, de culte et de sociabilité. Ils y ont laissé des graffiti, rédigé des lettres ou des livres, propagé des rumeurs et dissimulé des objets. L’expérience de l’incarcération et la figure du détenu ont alors acquis une fonction centrale dans la construction de ces communautés, dont la résistance à la répression passait par le sentiment du sacré et l’usage du secret.Natalia Muchnik propose à travers cette exploration vivante des prisons d’Ancien Régime, et du sort des minorités religieuses en leur sein, une étude novatrice des lieux d’enfermement.

Le bien à l’épreuve du mal. A partir du tympan de Beaulieu-sur-Dordogne, adversité apocalyptique et image analogiste

Elise Haddad

Thèse dirigée par Marie Anne Polo de Beaulieu, soutenue le 19 juin 2019, devant un jury composé de Jérôme Baschet (Universidad Autónoma de Chiapas), Jean-Claude Bonne (EHESS), Didier Méhu (Université de Laval, Québec), Maria Cristina Pereira (Universidade de São Paulo) et Cécile Voyer (Université de Poitiers)