A l’enseigne du Grihl Quelques parcours en histoire du littéraire

Christian Jouhaud, Cécile Soudan et Alain Viala (dir.)
Les Dossiers du Grihl, 2017-02

En vingt ans d’existence, le Grihl, fondé en 1996, a accueilli des chercheurs venus de divers lieux, de divers pays, pour des séjours de recherche plus ou moins longs, pour des visites épisodiques ou régulières. A l’occasion de cet anniversaire, nous avons souhaité leur donner la parole. Le jeu était simple dans son principe et n’imposait aucune règle préalable : chacun pouvait, s’il le souhaitait, envoyer une contribution, avec toute liberté quant à la forme et au sujet de celle-ci. La seule requête était qu’elle manifeste ce que le Grihl avait apporté ou apportait encore, ou non, à leurs propres recherches.
Quatorze contributions ont été regroupées en trois ensembles : terrains et figures, lectures et mises en contexte, regards et images. Ce dossier « à l’enseigne du Grihl » s’ouvre, sous la forme d’un récit, sur une réflexion à propos de la dimension nationale des parcours académiques et se clôt avec un film, sur une réflexion en image donc, à propos d’une peinture allégorique, une allégorie politique du bon gouvernement qui pourrait aussi passer pour une figure de la bonne interdisciplinarité.

https://journals.openedition.org/dossiersgrihl/6769

La Ville Est À Nous ! Aménagement urbain et mobilisations sociales depuis le Moyen Âge

Isabelle Backouche, Nicolas Lyon-Caen, Nathalie Montel, Valérie Theis, Loïc Vadelorge et Charlotte Vorns (dir.)

Si l’urbanisme, comme discipline, s’est constitué au xxe siècle, les mouvements sociaux qui remettent en cause l’aménagement urbain ont une histoire beaucoup plus longue. Ce livre s’attache aux multiples formes de mobilisations collectives qui, depuis le Moyen Âge, ont pris la ville ou, à une autre échelle, la région et le quartier, comme objet. Des Pays-Bas médiévaux à l’actuelle cité phocéenne, ce livre cerne les relations sociales qui s’élaborent lorsque des groupes voient leur espace matériel se modifier, qu’ils s’opposent aux changements ou s’engagent en faveur de transformations alternatives. En prêtant attention à la variété des cadres d’expérience des protagonistes et à celle de leurs répertoires d’action, de la consultation à la prise d’armes, ce livre cherche aussi à historiciser les résistances aux gestes de modernisation des pouvoirs publics. Ce faisant, il éclaire la question de la participation, versant institutionnalisé de l’implication des populations dans l’aménagement urbain. Il s’efforce d’en restituer les contextes concrets et leurs évolutions suivant trois grandes interrogations : qu’est-ce qu’un processus de politisation ? Comment s’articulent les différents intérêts en jeu, individuels et collectifs ? Comment faire une histoire sociale des grands travaux ?

Filippo De Vivo (Birkbeck College, University of London)

19, 20, 26 mars et 9 avril – Conférences – EHESS, Paris

Filippo de Vivo a étudié à Milan et à Cambridge ainsi qu’à l’EHESS. Il est aujourd’hui professeur d’histoire moderne au Birkbeck College de l’Université de Londres, invité de l’EHESS par Antoine Lilti et Dinah Ribard. Il a écrit sur l’histoire de Venise, des rumeurs, de la rhétorique, sur les pharmacies, les usages de l’information, l’histoire de la promenade et sur la microhistoire. Son livre Information and Communication in Venice: Rethinking Early Modern Politics parut en 2007 et dans une version radicalement nouvelle et élargie en italien sous le titre Patrizi, informatori, barbieri (Feltrinelli, 2012). De 2012 à 2016, il a dirigé un projet financé par le E.R.C. sur l’histoire comparée des archives en Italie médiévale et moderne. Cela a donné lieu à un ouvrage collectif, Archivi e archivisti in Italia tra Medioevo e età moderna (2015), un numéro spécial sur les pratiques savantes dans les archives modernes (avec M-P. Donato, Storia della storiografia, 2015) et un sur les transformations archivistiques dans l’Europe moderne (European History Quarterly, 2016) ainsi qu’un recueil de sources d’archives édité avec A. Guidi et A. Silvestri: Fonti per la storia degli archivi degli antichi Stati italiani (2016). Il travaille actuellement sur les stratégies de pouvoir et la gestion de l’information dans les archives modernes et sur les réseaux transrégionaux de circulation des nouvelles en Europe et en Méditerranée.

 

Paola Lanaro (Università degli Studi ‘Ca’ Foscari’ di Venezia)

8, 19 et 22 mars – Conférences – EHESS, Paris

Historienne économiste internationalement reconnue, Paola Lanaro, professeur d’histoire économique à l’Université Ca Foscari de Venise au Department of Management, invitée à l’EHESS par Maurice Aymard, Antoinette Fauve-Chamoux et Maurizio Gribaudi travaille sur la formation et le développement des marchés et du monde entrepreneurial entre Moyen Age et Ancien Régime. Par ses nombreux ouvrages et articles, elle a été l’une des pionnières à avoir su ouvrir les études historiques vers l’analyse des importantes interactions entre les formes d’échanges économiques et celles du développement des villes à l’époque moderne.
Combinant histoire quantitative et histoire intergénérationnelle des familles, ses travaux sur le rôle majeur des femmes dans le développement de certains secteurs de l’économie urbaine font autorité. Mme Lanaro met en lumière à quel point les stratégies de transmission des biens des femmes (et non seulement des dots) ne sont pas seulement affaires de chefs de famille masculins, mais reposent sur des stratégies familiales à long terme, mises en œuvre par les femmes elles-mêmes. Active dans le cadre des associations scientifiques européennes, elle est aussi la présidente de l’Association Italienne d’Histoire Urbaine et membre de plusieurs autres associations scientifiques et comités éditoriaux, dirigeant et encourageant des travaux comparatifs tenant compte du genre, dont les résultats bien souvent bousculent les idées reçues.

Les drogues sur prescription médicale

8 mars – Demi-journée d’étude – EHESS, Paris

Dès l’origine, les conventions internationales ont introduit une distinction essentielle entre les substances ayant des propriétés thérapeutiques et celles qui n’en ont pas et ce, indépendamment de leur dangerosité. Et il a été convenu que les drogues dangereuses ayant des applications médicales, la morphine par exemple, seraient prescrites par des médecins et délivrées par des pharmaciens. Sur cette base, chaque pays a mené sa propre politique. Des exemples français (Zoé Dubus) anglais et américains (Bertrand Lebeau) illustreront ce propos. Aujourd’hui de nombreuses substances classées comme drogues sont utilisées en médecine (Daniel Annequin) ou prescrites hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) (Philippe Grunberg).
Tandis qu’en 1926, la commission Rolleston jette les bases du « british system », des milliers de médecins américains sont incarcérés pour avoir prescrit des opiacés à des héroïnomanes. Quelques décennies plus tard, les programmes suisses de prescription d’héroïne et l’épidémie américaine d’overdoses aux opiacés sur prescription médicales ces dernières années, illustrent cette forme paradoxale de légalisation des « drogues » : la prescription.

En retraite/e La solitude créatrice au prisme du genre

8 mars – Journée d’étude – Institut des études avancées, Paris

De l’Antiquité à nos jours, les discours européens sur les pratiques de la retraite comme lieu de réflexion et de production religieuse, intellectuelle et artistique forment un ensemble complexe de représentations. La retraite implique en effet des formes variées : halte, attente, méditation, contemplation, pèlerinage, prière, isolement, ou même maladie. Qu’elle prenne la forme d’un désert, d’un jardin, d’une forteresse, d’un couvent, d’une cellule, d’un ermitage, d’une chambre de malade ou d’une chambre de travail, d’une métropole même, la configuration réelle et imaginaire de la retraite est soumise à une constante métamorphose qui en fait aussi bien un environnement qu’un alter ego de la personne en retrait du monde. Dans la zone de tension entre passivité et abandon d’un côté, et activité, affirmation et subversion du statu quo social, de l’autre, la relation entre individu et société y est continuellement renégociée. La retraite peut tout autant signifier l’adaptation aux normes que le refus de l’autorité, ou que l’expérimentation de modèles de vie innovants.
Les organisatrices de la journée, Xenia von Tippelskirch (U. Humboldt), Audrey Lasserre (U. Louvain-la-Neuve) et le Groupe Histoire du genre-CRH, voudraient ouvrir la réflexion autour du phénomène de l’isolement (volontaire et productif) dans une perspective de genre. Dans le cadre des études de genre, les questions de la retraite et de l’isolement ont rarement été considérées, bien qu’il semble évident que le renoncement au monde et l’isolement social mettent en question les représentations de genre (sexes et sexualités).
Il s’agira d’analyser les implications éthiques, sociales, politiques, religieuses, discursives, esthétiques, métaphoriques, topographiques, etc., dans une perspective diachronique et synchronique. Quels discours, objets d’art et théories de la retraite deviennent pertinent·es dans une perspective de genre ? De quelle manière des modèles religieux (orthodoxes ou bien dissidents) reprennent et transforment des formes post-séculaires de la retraite tout en modifiant aussi les discours qui s’y réfèrent ? Quelles ruptures, contradictions et transgressions deviennent observables dans la longue durée ? Quelles conceptions de la productivité et de l’engagement sont proposées ? Quand peut-on observer un recul transgressif par rapport aux traditions de retraite historiques ?

Equité et gouvernement des territoires Des métropoles aux périphéries

23 mars – Journée d’étude – EHESS, Paris

Le séminaire Analyse et politique de la ville se poursuit autour des valeurs qui l’ont toujours animé depuis sa création à l’Université de Paris Nanterre (Laboratoire de Géographie Urbaine, Guy Burgel) : l’approche pluridisciplinaire des processus urbains, les comparaisons internationales, l’ouverture sur la société civile, les collectivités territoriales, les élus et les professionnels de la ville. En association avec la FMSH (Michel Wieviorka), l’EHESS (Marie-Vic Ozouf-Marignier) et le Comité d’Histoire des ministères de l’Ecologie et de l’Habitat (Patrick Février), nous nous interrogerons cette année sur la contradiction entre l’omniprésence du fait urbain dans la société et son opacité dans le débat public en trois sessions. La première session a été consacrée à La ville dans l’action politique : un demi-siècle d’expériences, la seconde sur Equité et gouvernement des territoires Des métropoles aux périphéries.

Autour de l’ouvrage de Jean Baumgarten Le petit monde Le corps humain dans les textes de la tradition juive, de la Bible aux Lumières

5 mars – Les Lundis du CRH – EHESS, Paris

Le corps humain fut longtemps considéré comme un objet d’étude secondaire. Or les textes de la tradition juive comprennent un ensemble impressionnant de références portant sur les réalités somatiques qui, toutes, nous montrent que l’être humain est un monde en miniature. L’ouvrage foisonnant de Jean Baumgarten, en s’appuyant sur l’analyse de sources juives mises en regard avec des textes issus d’autres traditions religieuses et philosophiques, montre comment les discours juifs sur le corps se sont formés, développés et transformés, depuis la Bible jusqu’au XVIIIe siècle. Leur étude donne accès aux valeurs, aux codes culturels, et éclaire tout particulièrement les controverses entre les différents courants religieux qui particularisent le judaïsme.
En marge des conceptions sur la prééminence de l’âme, cette synthèse inédite des représentations du corps humain nous permet d’accéder à la compréhension des catégories légales, des principes philosophiques, des normes morales et des idées mystiques propres à la religion et à la culture juives. Le débat sera animé par Béatrice Delaurenti, en présence de l’auteur entouré de Natalia Muchnik (CRH-EJ-GEI), Thierry Pillon (Université Panthéon-Sorbonne, Cetcopra) et Claudine Vassas (CNRS-LISST).

Monopolising the Common Good Commercial Lobbying and Political Economy in Europe, ca. 1650–1850

8 et 9 mars – Colloque – Institut historique allemand, Paris

Cette rencontre, organisée Moritz Isenmann (Universität zu Köln), Philippe Minard (Université Paris 8-IDHE.S/EHESS-CRH-GrHEco), par  a pour but d’analyser le développement et les modalités du lobbying commercial dans l’Europe moderne, au sens large, dès lors que les États ont été amenés à mettre en œuvre de façon active des politiques économiques, que les intérêts marchands et manufacturiers ont tenté d’influencer ou d’infléchir à leur profit.
On étudiera les formes d’organisation que se sont donné ces groupes d’intérêt, leurs relations avec les États et les diverses autorités politiques, ainsi que les discours et la rhétorique mobilisée. On portera une attention particulière à la manière dont la rhétorique du bien commun est récupérée, à une époque où s’affirme une sphère publique et une certaine forme d’opinion publique, qu’il s’agit de rallier ou de séduire. Enfin, on verra dans quelle mesure l’économie politique qui se développe alors prend en compte l’existence des groupes de pression économiques.