Déplacer les frontières du travail

Clyde Plumauzille, Sylvain Ville et Anaïs Albert (dir.)

Les reconfigurations récentes du capitalisme industriel dans les sociétés occidentales ont jeté le trouble sur la définition même du travail et sa fonction dans la société. À partir des années 1970, ces métamorphoses ont suscité, dans le champ des sciences humaines et sociales, un mouvement d’extension consistant à qualifier de travail un nombre croissant d’activités considérées jusqu’alors comme relevant de la générosité, du partage, de la solidarité, du don, du plaisir, de la création ou de l’engagement. À un moment historique de remise en cause du travail salarié et de sa capacité intégrative dans la société, de montée du chômage et de marchandisation générale de l’activité humaine, ce numéro de la revue Tracés souhaite poursuivre cette entreprise de dénaturalisation du travail en appréciant les luttes de qualification qui viennent régulièrement renégocier ses frontières. Le terme de frontières a son importance. Envisagé comme zones de contact mouvantes, il permet de sortir d’une réification des activités et de porter l’attention sur la plasticité du travail et de ses délimitations. Si chacune des contributions du numéro apporte un éclairage particulier à notre problématique, toutes défendent une même optique : restituer de façon positive les frontières mouvantes de l’activité laborieuse au plus près des pratiques sociales, saisir en quelque sorte la catégorie travail en action, dans un souci de reconnaissance des individus et de leur engagement dans la société.

Pourquoi faire une thèse d’histoire aujourd’hui ?

Date limite de dépôt : 16 juillet – Appel à communications – EHESS, Paris

« Que fabrique l’historien, lorsqu’il « fait de l’histoire » ? À quoi travaille-t-il ? Que produit-il ? Interrompant sa déambulation érudite dans les salles d’Archives, il se détache un moment de l’étude monumentale qui le classera parmi ses pairs et, sorti dans la rue, il se demande : Qu’est-ce que ce métier ? » (Michel de Certeau, « L’opération historiographique », L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975, p. 77) Que fabrique le doctorant, lorsqu’il « fait sa thèse d’histoire » ? La première journée d’étude des doctorants du CRH souhaite ainsi engager une réflexion commune et un débat collectif autour de la question : « pourquoi faire une thèse d’histoire aujourd’hui ? », à la croisée de trois fronts – institution, doctorat, société. Les présentations courtes sur la manière dont chacun d’entre nous appréhende ses recherches, feront émerger différentes visions de l’histoire dont il s’agira de débattre. Plusieurs conceptions de la recherche historique peuvent coexister, converger, voire s’affronter. Cette journée, dont nous souhaitons souligner le caractère proprement expérimental, fera apparaître des points de rassemblement et de divergence à partir de la multiplicité de nos expériences. Ce sera l’occasion d’envisager l’émergence d’une voix commune qui aurait vocation à se constituer en programme théorique potentiel. C’est un premier pas dans l’affirmation de notre génération de doctorants du CRH. A nous aussi de tenter l’expérience !

Le logement comme lieu de persécutions anti-juives dans les villes européennes, 1933-1945. Croiser l’histoire urbaine sociale et l’histoire de la Shoah

Date limite de dépôt : 3 juillet – American University of Paris, Paris

Ce colloque, organisé par Isabelle Backouche (EHESS-CRH), Eric Le Bourhis (FMS-ISP), Shannon Fogg (Missouri), Sarah Gensburger (CNRS-ISP), Constance Pâris de Bollardière (AUP) et Brian Schiff (AUP), qui aura lieu les 11 et 12 janvier 2018, souhaite articuler plusieurs perspectives et méthodes concernant le logement urbain et les persécutions anti-juives. Nous espérons rassembler des chercheurs en sciences sociales issus de plusieurs disciplines afin de confronter diverses approches et études de cas, qu’il s’agisse de villes du Reich comme de villes occupées d’Europe occidentale ou orientale. Inspirée par les recherches récentes sur le cas parisien, cette conférence portera en partie sur les saisies et réaffectations d’appartement des Juifs de la capitale française mais ne se restreindra pas à ces questions. Les chercheurs sont invités à nous faire part de propositions  pour des contributions portant sur les sujets suivants : la relation entre les persécutions et les politiques de logement / l’aménagement urbain ; les bénéficiaires des spoliations des appartements occupés par des Juifs ; les interactions entre Juifs et non-Juifs autour de la saisie des logements, de leur réaffectation ou de leur restitution après la libération ; la question du logement dans les expériences individuelles (l’usage de témoignages tels que ceux de la Visual History Archive sont les bienvenus).

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Du parcours du monde à son invention. Géographies tsiganes en Amérique du Nord des années 1880 aux années 1950

Adèle Sutre

Thèse dirigée par Marie-Vic Ozouf-Marignier, soutenue le 12 juin, devant un jury composé de Henriette Asséo (EHESS), Laurent Faret (Université Paris Diderot-Paris 7), Christian Grataloup (Université Paris Diderot-Paris 7), Nancy L. Green (EHESS), Leo Lucassen (Leiden University) et Denis Retaillé (Université Bordeaux-Montaigne)

Pierre Laborie

Pierre Laborie, né le 4 janvier 1936 dans le Lot, est mort le 16 mai 2017 à Cahors. Après avoir été professeur de lycée, professeur à l’Ecole normale de Cahors, il poursuit sa carrière pendant 20 ans (1978-1998) à l’université Toulouse-le-Mirail, avant d’intégrer l’EHESS en tant que directeur d’études au CRH de 1998 à 2003. Spécialiste de « l’histoire de l’imaginaire social » pendant la seconde guerre mondiale, on lui doit notamment plusieurs ouvrages : Résistants vichyssois et autres. L’évolution de l’opinion dans le Lot de 1939 à 1944 (1980), L’opinion française sous Vichy. Les Français et la crise d’identité nationale, 1936-1944 (1990), Les Français des années troubles : De la guerre d’Espagne à la Libération, (2001), Les Français sous Vichy et l’Occupation (2003), Les mots de 39-45 (2006).

Il me faut te dire

Arlette Farge

Arlette Farge a le goût des autres, gens du passé, gens du présent. Aussi attentive à la marche du monde qu’attirée par les petites choses de la vie, cette irréductible fonceuse n’a pas hésité un instant à s’exposer : dire ce que la vie signifie pour elle. L’exploratrice des archives, toujours soucieuse du réel, fait ici acte d’imaginaire tout en nous offrant un de ses grands plaisirs : écrire des lettres, des vraies, avec un crayon et du papier. Prendre le temps de songer à une personne, lui faire part d’un rien joyeux, d’une émotion, d’une pensée, et d’une main vive, pétillante, chaleureuse, dessiner des phrases qui donnent sens et plaisir. Enfin, choisir un joli timbre et se rendre à la poste. C’est sa façon de faire lien, de prendre soin. Il me faut te dire est un recueil de lettres adressées à des personnes fictives – ou presque – un ami, un collègue, un petit-fils, un pauvre gars sorti tout droit de son XVIIIe siècle…

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Travail, coercition et droits. Esclavage local dans une perspective globale / Bonded Labour in Global perspective

14 au 16 juin – Ecole d’été – EHESS, Paris

De nos jours, la persistance du travail forcé dans de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique et dans les mondes de l’océan indien, mais aussi en Asie et, dans une certaine mesure, dans l’ensemble des pays du nord, reflète les façons complexes dont le colonialisme et le capitalisme mondial ont interagi avec les changements en cours dans ces régions, produisant une mosaïque de régimes de travail différents. Même à ce jour, la demande de main-d’œuvre coercible contribue à la traite des personnes vulnérables. L’Organisation Internationale du Travail estime qu’il y avait 21 millions d’hommes, de femmes et d’enfants travaillant dans des conditions de travail forcé aussi récemment qu’en 2012, 73% se trouvant en Afrique et dans les mondes de l’océan indien. Aujourd’hui, sur environ 700.000 à 2.400.000 personnes victimes de la traite chaque année à travers les frontières internationales, 88% sont des femmes et des enfants.Plus de deux siècles après la déclaration universelle des droits de l’homme, les révolutions française et américaine, puis les abolitions officielles et progressives de l’esclavage dans le monde au 20ème siècle, et en dépit de la charte universelle des droits de l’homme de l’ONU, la servitude et la traite sont encore largement répandus dans le monde entier. Pourquoi en est-il ainsi ?

 

Propriété et environnement dans les pays en développement

7 et 8 juin – Colloque – Muséum national d’histoire naturelle, paris

Ce colloque est organisé par Frédéric Thomas, Sarah Benabou, Tarik Dahou (PALOC, IRD-MNHN), Fabien Locher (CRH, CNRS-EHESS) et Valérie Boisvert (Université de Lausanne), dans le cadre de l’ANR GOVENPRO.
La question de savoir quelles sont les formes de propriété qui participent le plus efficacement à la conservation et/ou à l’exploitation économique des environnements (de la propriété privée à la propriété d’État, en passant par les différentes formes de propriété collectives, communes ou patrimoniales) a suscité des débats théoriques intenses et disputés dans le champ académique (Coase 1960; Hardin 1968; Ostrom 1990). Nous proposons d’embrasser toutes ces théories par le terme – théories environnement/propriété – et d’étudier leur déploiement dans les pays en développement dans la construction de ce qu’on peut appeler des « régimes de ressources » (Vatn 2007, 2015). Nous gageons en effet que loin de s’être imposées de manière monolithique aux cours de phases successives, ces théories ont été mises en œuvre de manière très pragmatique par toute une série d’acteurs nationaux et internationaux pour tenter de les adapter aux usages locaux des ressources naturelles mais en ignorant souvent les conceptions locales de l’appropriation et de la mise en commun.