Qu’est-ce qu’un monument ? Esquisse d’une épistémologie des sources non écrites au XVIIIe siècle

20 mars – Les Rencontres du GEHM – EHESS, Paris

La séance portera sur l’épistémologie de l’histoire au XVIIIe siècle, reconsidérée d’un point de vue inattendu, à savoir l’analyse du « monument » comme source d’informations sur le passé. A partir de sa polysémie et de changements de sa signification tout au long du XVIIIe siècle, Lisa Regazzoni (Goethe Universität) abordera les différentes fonctions gnoséologiques du « monument », les méthodes comparatives utilisées pour en tirer de nouvelles connaissances historiques et ses mises en récit. Dans ce contexte général, nous nous concentrerons sur les « monuments gaulois » qui jouèrent un rôle majeur dans la construction du passé gaulois en raison de l’absence de sources écrites autochtones. En effet, l’émergence des passés nationaux préromains déclencha une véritable chasse aux sources non écrites qui se répercutera sur la façon de penser et d’écrire l’histoire.

Igor Perez Tostado (Université Pablo de Olavide)

9, 23 et 30 mars – Conférences – EHESS, Paris

Igor Pérez Tostado, est professeur d’Histoire moderne à l’Universidad Pablo de Olavide à Séville (Espagne). Il est le porteur du projet “Afinidad, violencia y representación: el impacto exterior de la Monarquía Hispánica” (HAR2011-29859-C02-02) financé par le programme national espagnol de la recherche et est membre du noyau Atlantique du réseau international de chercheurs sur la monarchie hispanique Columnaria. Ses recherches portent sur l’émigration et l’intégration des Irlandais dans la monarchie espagnole à l’époque moderne en Europe et aux Amériques. Son travail s’intéresse plus spécifiquement à la circulation et à l’adaptation culturelle et à la participation politique des minorités au sein de la monarchie hispanique. Il a publié de nombreux articles et livres parmi lesquels figurent Among them: Irish influence at the court of Spain in the seventeenth century (Dublin, Four Courts, 2008), Ireland and the Iberian Atlantic (Valencia, Albatros, 2010) édité avec Enrique García Hernán, et Los exiliados del rey de España (2013) édité avec José Javier Ruiz Ibáñez.

Vivre et travailler avec les drogues

9 mars – Demi-journée d’étude – EHESS, Paris

La culture européenne a intégré pendant des siècles qu’on vivait et qu’on travaillait avec l’alcool, le vin en particulier. « Le vin aide à tenir le coup, ça donne des forces et ça fait supporter l’effort », qu’on disait. Au point que jusqu’à une époque récente, surtout dans les régions viticoles, le vin faisait partie de la paie des travailleurs. Comme la coca pour les mineurs des Andes.
Avec l’arrivée et la diffusion massive, depuis cinquante ans, des drogues venues d’ailleurs (cocaïne, cannabis, héroïne), les Occidentaux ont appris à vivre et travailler avec les drogues. Si des enquêtes socio-sanitaires, conduites sur des usagers problématiques, pointent le décrochage scolaire, l’absentéisme au travail, ou la lente pente vers la déchéance physique et psychique provoquée par la consommation de psychotropes, d’autres études montrent que des usagers ne passant pas par des centres de soins arrivent à gérer leur consommation, être productifs, s’occuper de sa famille, avoir une vie normale. Chez des travailleurs du bâtiment ou de la restauration, dans le monde des arts et des spectacles, comme finalement dans n’importe quelle secteur professionnel, l’usage de psychotropes fait désormais partie intégrante du paysage.
Doit-on s’en émouvoir, doit-on les condamner, doit-on réguler, encadrer ou tolérer ces pratiques comportementales en soi interdites ? En tout cas, qu’on le veuille ou non, le drogues et les « drogués » sont parmi nous, sont nos voisins quotidiens, et on peut se demander s’il ne faudrait pas envisager d’arrêter les hypocrisies et vivre avec.

Marie Ngo Nguene  (sociologue, doctorante Paris 10 Nanterre) , Astrid Fontaine (sociologue) et Jean-Pierre Couteron (psychologue clinicien, président de la Fédération Addiction)

Du philanthrope au fonctionnaire : circulations et trajectoires transnationales

31 mars – Mini atelier Labex Tepsis – EHESS, Paris

Dans les sociétés post-impériales la question de la filiation philanthropique des nouveaux systèmes de protection sociale prit une acuité particulière avec l’émergence de l’État national qui redéfinit les règles d’inclusion et d’exclusion de la protection. La 3e session du mini atelier Labex Tepsis, porté par Morgane Labbé (ESOPP) et co-organisé avec Fabio Giomi (CNRS-CETOBAC),  abordera ce processus en suivant les transmissions, trajectoires et circulations qui se nouèrent autour de la Première guerre mondiale. Parallèlement on s’intéressera aux autres voies suivies par les réseaux philanthropiques, notamment leur extension transnationale, que ce soit dans les espaces des nouvelles organisations comme l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ou dans les fondations américaines (Rockefeller, Joint Distribution Committee, etc.) en présence de Heike Karge (Université de Regensburg),- Katharina Kreuder Sonnen- (Université de Siegen), Ondrej Matejka (Université de Prague) et Véronique Stenger (Université de Genève)

Marc Bloch et l’école des Annales

9 mars – Conférence – EHESS, Paris

A la demande d’une professeure d’histoire du lycée Déodat de Séverac  dans la région de Toulouse qui souhaite rendre visite à L’EHESS avec 50 élèves, dans le cadre d’un voyage scolaire à Paris, pour mettre ceux-ci en contact avec des historiens de l’école des Annales, André Burguière leur fera un exposé sur la figure de Marc Bloch. Il insistera sur les trois aspects qui soulignent le mieux  son apport intellectuel et civique : 1) le renouvellement de notre vision du Moyen Âge par l’étude des rapports magiques au souverain (Les Rois thaumaturges), d’un modèle social inédit  où les formes de dépendance sont inscrites dans les relations personnelles (La société féodale) et par l’étude également de la Révolution agraire qui a fait naître ente le XI° et le XIII° siècle une nouvelle civilisation paysanne. (Les caractères originaux de l’histoire rurale française) ; 2) l’attachement à une conception scientifique de la connaissance historique, appuyée sur les sciences sociales. Il  s’est efforcé de la populariser  en créant avec Lucien Febvre la revue des Annales ; 3) Un patriotisme républicain, étroitement lié au rôle politique qu’il attribue au travail historique, manifesté par son engagement militaire durant la première guerre mondiale et par son engagement dans la Résistance jusqu’au sacrifice de sa vie, après  L’étrange défaite  de 1940  à la quelle il se résignait pas.

Le rang Préséances et hiérarchies dans la France d’Ancien Régime

27 mars – Les Lundis du CRH – EHESS, Paris

A partir d’une interrogation profondément transdisciplinaire, le livre de Fanny Cosandey questionne les hiérarchies d’Ancien Régime, leurs structures, depuis les manifestations mêmes du désordre. L’anthropologie et la sociologie y secondent une approche historienne des conflits de préséance dans le cérémonial royal, en tant que révélateurs des enjeux sociaux pour chacun des acteurs en présence, et des règles qui président alors à l’organisation politique de la société. Ce lundi du CRH sera l’occasion d’en discuter la méthode, innovante dans l’usage des sources, ainsi que les propositions fortes sur les évolutions du pouvoir monarchique au long des XVIe et XVIIe siècles.

Bordering Humanity

14 mars – Journée d’étude – EHESS, Paris

Où commence, où s’arrête l’humanité au siècle des Lumières ? L’Europe des Lumières est encore célébrée aujourd’hui pour avoir « inventé » l’humanité universelle, tandis que l’éclat de son héritage colonial continue à retentir à travers le globe. La rencontre, organisée par  Bruce Buchan (Griffith University), Linda Andersson Burnett (Linnaeus University) et Silvia Sebastiani (EHESS), se propose d’explorer les frontières visuelles, conceptuelles, historiques ou géographiques de l’humain dans cette période particulièrement dynamique. La question des «frontières de l’humain » permet de tracer les limites des concepts européens d’humanité. Ces limites sont cartographiées à travers une série de frontières – entre peuples et tribus, hommes et femmes, nations et états, humains et animaux, et entre « sauvagerie » et « civilisation ». Les présentations chercheront à expliquer comment ces frontières ont été conceptualisées dans différents contextes intellectuels, dans les espaces européens de sociabilité comme dans les milieux coloniaux, et à travers l’interaction entre agents européens et non-européens.

Guido Abbattista (Université de Trieste)

7, 14, 17, 22 mars – Conférences – EHESS et  Institut d’études avancées, Paris

Professeur d’histoire moderne à l’Université de Trieste, Guido Abbattista est l’un de meilleurs spécialistes de l’histoire culturelle et de l’historiographie des Lumières, qu’il approche dans une perspective globale et de longue durée. Dans les dernières années il s’est aussi occupé des expositions humaines aux XIXe et XXe siècles, à l’échelle mondiale. Il est en outre l’un des principaux animateurs, en Italie, du débat sur les ressources numériques pour l’histoire, et fondateur de la revue électronique Cromohs (Cyber Review of Modern Historiography).