Pierre Laborie

Pierre Laborie, né le 4 janvier 1936 dans le Lot, est mort le 16 mai 2017 à Cahors. Après avoir été professeur de lycée, professeur à l’Ecole normale de Cahors, il poursuit sa carrière pendant 20 ans (1978-1998) à l’université Toulouse-le-Mirail, avant d’intégrer l’EHESS en tant que directeur d’études au CRH de 1998 à 2003. Spécialiste de « l’histoire de l’imaginaire social » pendant la seconde guerre mondiale, on lui doit notamment plusieurs ouvrages : Résistants vichyssois et autres. L’évolution de l’opinion dans le Lot de 1939 à 1944 (1980), L’opinion française sous Vichy. Les Français et la crise d’identité nationale, 1936-1944 (1990), Les Français des années troubles : De la guerre d’Espagne à la Libération, (2001), Les Français sous Vichy et l’Occupation (2003), Les mots de 39-45 (2006).

Il me faut te dire

Arlette Farge

Arlette Farge a le goût des autres, gens du passé, gens du présent. Aussi attentive à la marche du monde qu’attirée par les petites choses de la vie, cette irréductible fonceuse n’a pas hésité un instant à s’exposer : dire ce que la vie signifie pour elle. L’exploratrice des archives, toujours soucieuse du réel, fait ici acte d’imaginaire tout en nous offrant un de ses grands plaisirs : écrire des lettres, des vraies, avec un crayon et du papier. Prendre le temps de songer à une personne, lui faire part d’un rien joyeux, d’une émotion, d’une pensée, et d’une main vive, pétillante, chaleureuse, dessiner des phrases qui donnent sens et plaisir. Enfin, choisir un joli timbre et se rendre à la poste. C’est sa façon de faire lien, de prendre soin. Il me faut te dire est un recueil de lettres adressées à des personnes fictives – ou presque – un ami, un collègue, un petit-fils, un pauvre gars sorti tout droit de son XVIIIe siècle…

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Travail, coercition et droits. Esclavage local dans une perspective globale / Bonded Labour in Global perspective

14 au 16 juin – Ecole d’été – EHESS, Paris

De nos jours, la persistance du travail forcé dans de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique et dans les mondes de l’océan indien, mais aussi en Asie et, dans une certaine mesure, dans l’ensemble des pays du nord, reflète les façons complexes dont le colonialisme et le capitalisme mondial ont interagi avec les changements en cours dans ces régions, produisant une mosaïque de régimes de travail différents. Même à ce jour, la demande de main-d’œuvre coercible contribue à la traite des personnes vulnérables. L’Organisation Internationale du Travail estime qu’il y avait 21 millions d’hommes, de femmes et d’enfants travaillant dans des conditions de travail forcé aussi récemment qu’en 2012, 73% se trouvant en Afrique et dans les mondes de l’océan indien. Aujourd’hui, sur environ 700.000 à 2.400.000 personnes victimes de la traite chaque année à travers les frontières internationales, 88% sont des femmes et des enfants.Plus de deux siècles après la déclaration universelle des droits de l’homme, les révolutions française et américaine, puis les abolitions officielles et progressives de l’esclavage dans le monde au 20ème siècle, et en dépit de la charte universelle des droits de l’homme de l’ONU, la servitude et la traite sont encore largement répandus dans le monde entier. Pourquoi en est-il ainsi ?

 

Propriété et environnement dans les pays en développement

7 et 8 juin – Colloque – Muséum national d’histoire naturelle, paris

Ce colloque est organisé par Frédéric Thomas, Sarah Benabou, Tarik Dahou (PALOC, IRD-MNHN), Fabien Locher (CRH, CNRS-EHESS) et Valérie Boisvert (Université de Lausanne), dans le cadre de l’ANR GOVENPRO.
La question de savoir quelles sont les formes de propriété qui participent le plus efficacement à la conservation et/ou à l’exploitation économique des environnements (de la propriété privée à la propriété d’État, en passant par les différentes formes de propriété collectives, communes ou patrimoniales) a suscité des débats théoriques intenses et disputés dans le champ académique (Coase 1960; Hardin 1968; Ostrom 1990). Nous proposons d’embrasser toutes ces théories par le terme – théories environnement/propriété – et d’étudier leur déploiement dans les pays en développement dans la construction de ce qu’on peut appeler des « régimes de ressources » (Vatn 2007, 2015). Nous gageons en effet que loin de s’être imposées de manière monolithique aux cours de phases successives, ces théories ont été mises en œuvre de manière très pragmatique par toute une série d’acteurs nationaux et internationaux pour tenter de les adapter aux usages locaux des ressources naturelles mais en ignorant souvent les conceptions locales de l’appropriation et de la mise en commun.

L’historien et les fantômes Lectures (autour) de l’œuvre d’Alain Boureau

Béatrice Delaurenti, Blaise Dufal, Piroska Nagy (dir)

L’œuvre d’Alain Boureau, multiple et dense, se déploie sur les quarante dernières années en abordant de nombreux domaines de l’histoire du Moyen Âge et du christianisme latin. Elle suit les pérégrinations personnelles et professionnelles d’un chercheur à travers un monde peuplé de silhouettes incertaines : figures de l’hagiographie, faux-semblants de l’État moderne, anges, démons, cadavres et somnambules, vagues individus scolastiques qui eux-mêmes parlent de créatures étranges. Autant de fantômes d’un passé persistant qu’il a suivis avec ténacité tout au long de sa carrière, et qui nous embarquent à leur tour à travers l’histoire.
Ce volume entend garder la trace vivante des deux journées qui furent organisées à Paris en mai 2015 autour de l’œuvre d’Alain Boureau. Ce Liber amicorum d’un genre un peu particulier, production scolastique en quelque sorte, donne à voir les membres d’un studium, ce qu’était le séminaire d’Alain Boureau : les amis, les collègues, les proches, celles et ceux qui l’ont accompagné au cours de ses années passées à l’EHESS. Les textes rassemblés rendent compte de trajectoires et de réalisations, ils en montrent les apports scientifiques et les enjeux intellectuels. Ils racontent, aussi. Ainsi se manifeste la richesse d’une œuvre singulière, construite aux croisements de différentes pratiques des sciences sociales dans une démarche souvent collective, toujours originale et novatrice.

Lettres de Marinette 1914-1915

Béatrice Delaurenti

Comment attendre quelqu’un sans lui parler, sans connaître ses occupations, sans même savoir si on le reverra ? Que trouve-t-on encore à dire lorsque l’on écrit deux fois par jour à la même personne ? La correspondance de Marinette livre un point de vue de femme en période de guerre. Elle a un versant social : la laitière au travail, les départs et les retours des soldats, l’exaltation qui magnifie les combats, la logistique des colis. Et un versant intime : l’attente du facteur, les souhaits d’une vie de couple, la présence utile de la famille. Elle forme une collection exceptionnelle de 253 cartes postales de guerre, aux illustrations tantôt politiques, tantôt romantiques. C’est un parcours dans cette correspondance, ici intégralement publiée, que propose Béatrice Delaurenti.

Transiciones en la agricultura y la sociedad rural. Los desafíos globales de la historia rural. II Congreso Internacional

Appel à communication – Date limite de dépôt : 30 septembre 2017 – Universidade de Santiago de Compostela, Saint-Jacques de Compostelle

Le 16e Congrès de la Société espagnole d’histoire agraire (SEHA) et le 2e Congrès International Les transitions dans l’agriculture et dans la société rurale. Les défis globaux de l’histoire rurale, de juin 2018, qui se réuniront à Saint-Jacques de Compostelle (Galice, Espagne), ont réservé une session spéciale (Session 113) – organisée par Jorge Gelman (Université de Buenos Aires, CONICET), Angelo Alves Carrara (Université Fédérale de Juiz de Fora), Alejandro Tortolero Villaseñor (Université autonome métropolitaine de Iztapalapa) et Pablo Luna (CRH) – afin de rendre hommage à Juan Carlos Garavaglia, décédé cette année.
Ce sera une session qui portera sur l’histoire rurale et des campagnes de l’Amérique ibérique (et latine). Les communications proposées pourront aborder toutes les problématiques de l’histoire des campagnes, par pays ou par régions du continent latino-américain. Les approches comparatistes et de moyen et de long terme seront particulièrement appréciées.

Hommage d’Arlette Farge à Pierre Laborie

Evoquer Pierre Laborie qui vient de nous quitter et avec lequel j’ai eu la chance de diriger un séminaire commun à l’EHESS « Construction et réception de l’événement (XVIIIe-XXe siècles) pendant sept ans (1996-2003), c’est tout d’abord exprimer une vive émotion et une grande tristesse.
Il n’y avait rien de commun entre le siècle des Lumières et le régime de Vichy, pourtant nous nous sommes réunis (sur une idée de Nicole Loraux) avec l’intense conviction, qu’apprendre, c’est apprendre autrement. Avec Pierre Laborie, nous partagions semaine après semaine des regards croisés sur des interrogations communes, et des questionnements sur la manière d’étudier le passé. Pierre Laborie, homme si sensible, cherchait alors à bousculer les idées reçues, ce confort intellectuel des vulgates multiples qui l’entouraient alors, notamment à propos du « politiquement mémoriel » faisant croire que la France sous l’Occupation aurait été toute entière plus ou moins d’accord avec la collaboration. Ainsi avons-nous travaillé sur la mémoire, le tranchant de l’événement, le sens du silence, les pensées multiples et tant d’autres choses.
Mais on ne peut parler de ce séminaire sans évoquer l’ambiance qui y régna : les étudiants y étaient fort nombreux et passionnés. Devenus « grands » aujourd’hui, ils m’en parlent encore, se disant marqués par cette aventure intellectuelle, étonnante, innovante, bousculant tous les stéréotypes et les idées reçues. Je veux aussi parler de Pierre Laborie : son intense sensibilité, son exigence profonde, son sens de la nuance, son désir de vérité ne l’empêchaient pas de pourfendre les évidences, et de trouver, dans les interstices des événements les plus ordinaires, des sens nouveaux et éclairants. Il faisait cela avec humour, tendresse, et aussi une grande conviction. Transmettre aux plus jeunes était sa plus grande joie, et le séminaire ressemblait parfois à un tourbillon de questionnements aidants à penser le réel, à se loger dans l’infinie complexité des comportements. Dns cet heureux travail  de déconstruction, le séminaire tout entier était partageur et très aimé. Un de ses étudiants qu’il avait formé (alors qu’il n’avait pas le bac) aimait à dire : « Il nous conduit vers notre propre intelligence. Il travaille avec notre imaginaire et y confronte son savoir. Avec humour souvent car il était taquin ».De lui, avec lui, j’ai énormément appris, autant sur le plan humain qu’intellectuel et ce travail en commun m’emmena sur des chemins nouveaux. Je les lui dois. Je n’oublie pas qu’il fut l’objet de contestations et d’oppositions. J’ai su les blessures qu’il ressentit de n’être pas toujours compris. Cela n’abîmait jamais son enthousiasme pour transmettre et écrire. Notre grande amitié prit place dans ce contexte unique. De Pierre Laborie, je ne veux rien oublier, tant il fut un exemple et un être d’affection.

GRIHL Dialogue entre Français et Japonais autour de l’usage de la littérature

Yasushi Noro (dir.)

Ce livre, en japonais, de plus de 400 pages, qui vient de paraître en japonais, fait le point sur plusieurs années de travail en collaboration entre le Grihl et des collègues japonais qui ont souhaité accueillir et discuter les problématiques et réflexions théoriques développées au sein du groupe de recherche du CRH. Sous le titre Grihl. Dialogue entre Français et Japonais autour de l’usage de la littérature, l’ouvrage propose une réflexion croisée autour de quatre séries d’objets : les usages historiens de la littérature, littérature et témoignage, l’histoire du livre et l’histoire par le livre, les pouvoirs littéraires des « représentations de la vie ». Contextualisation, référentialité, symbolisation, expérience, énonciation sont autant de notions discutées et éprouvées sur des études de cas, de chapitre en chapitre. A chaque fois, le dialogue est engagé entre des membres du Grihl et les chercheurs japonais appartenant à différentes universités : Université d’Okayama (Yasushi Noro), Université de Kobe (Hiroyuki Nakahata), Université du Kensaï (Hiroaki Shimanaka), Université de Kyoto (Atsuo Morimoto), deux universités de Tokyo : Shirayuri (Keiko Tsujikawa) et Rikkyo (Shojiro Kuwase).