La fin du couple Histoire critique de la conjugalité

2 décembre – Colloque – EHESS, Paris

Est ce que le couple contemporain traverse une crise qui annonce sa mort prochaine ? Certains signes comme le nombre de séparations et de personnes vivant seules semblent conforter cette hypothèse. Il en va de même des politiques publiques dont les dispositifs visant à contrer les violences conjugales montrent une véritable méfiance envers cette institution.  Le but de ce colloque, organisé par Marcela Iacub (LaDéHiS) et Maurizio Gribaudi (LaDéHiS),  est d’analyser cette crise à partir de l’histoire du mariage issu du code Napoléon au début du 19è siècle, des critiques qu’il a suscitées depuis son apparition et des métamorphoses qu’il a subies au 20è et 21è siècles. Pour ce faire nous croiserons des approches issues de l’histoire sociale, de l’histoire du droit, de l’histoire de littérature, de la sociologie et de la psychanalyse.

Prostitution et Révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804)

Clyde Plumauzille

La Révolution signe l’acte de naissance de la « tolérance » de la prostitution dans la capitale. Encore faut-il s’entendre sur cette notion de « tolérance » : il ne s’agit nullement de reconnaître, mais de contrôler un groupe de femmes infâmes pour l’intégrer, sous tutelle policière, aux marges de la communauté civique régénérée.
En ce sens, l’étude du phénomène prostitutionnel permet de revisiter la question du droit de cité des femmes sous la Révolution française. Il ne s’agit pas d’interroger la capacité politique des femmes en Révolution, mais bien plutôt de questionner leur droit à la cité à travers leurs modes d’existence et d’expérience dans le paysage urbain parisien. Les logiques d’exclusion qui viennent déterminer sur le terrain la « condition prostituée » reposent sur un ensemble de situations de « moindre droit » : moindre droit à la protection des autorités, à la présomption d’innocence, à la libre circulation dans l’espace public, à une inculpation en règle et circonstanciée. Elles révèlent la face cachée de la citoyenneté et les rapports de domination de genre, de classe et de sexualité qui organisent la redéfinition d’un ordre public républicain.
À l’épreuve d’une étude empirique, la prostitution révolutionnaire n’est plus tant cette formidable débauche que le XIXe siècle s’est efforcé de construire, que le reflet d’une vulnérabilité sociale féminine et juvénile, irrégulière et extravertie, qui « colle » au pavé de la rue parisienne et se trouve en décalage avec l’idéal « conjugaliste » républicain ».

Les travailleuses civiles de France : des femmes dans la production de guerre de l’Allemagne national-socialiste (1940-1945)

Camille Fauroux

Thèse dirigée par Laura Lee Downs, soutenue le 10 novembre, devant un jury composé d’Elizabeth Harvey (Université de Nottingham), Nicolas Hatzfeld (Université d’Evry Val d’Essonne), Elissa Mailänder (IEP, Paris), Gérard Noiriel (EHESS), Herbert Reinke (Humboldt University) et Fabrice Virgili (Université Paris)

Mention très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité

Jouer en temps de guerre Le cas du De Viribus Quantitatis du mathématicien Luca Pacioli (1445-1517)

Francesca Aceto

Thèse dirigée en co-direction par Jean-Claude Schmitt et Henri Berestycki, soutenue le 12 novembre, devant un jury composé d’Etienne Anheim (EHESS), Gherardo Ortalli (Universita Ca’Foscari Venezia), Thomas Golsenne (Ecole des Beaux-Arts de Nice) et Patrick Boucheron (Collège de France)

Mention très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité

ANR PREMEC

Premiers modes d’écriture de la Shoah. Pratiques savantes et textuelles de survivants juifs en Europe (1942-1965)

Ce projet, porté par Judith Lindenberg et Aurélia Kalisky, propose de s’intéresser aux formes d’écritures et de savoirs relatifs à la Shoah élaborés par sept auteurs juifs survivants entre 1942 et 1965 : Joseph Wulf, Michel Borwicz, Nachman Blumental, Noé Grüss, Jacques Presser, Abel Herzberg, H.G. Adler. Jusqu’ici, l’étude de ces auteurs n’a été menée qu’en les assignant à des champs du savoir déterminés (l’histoire d’une part, la littérature de l’autre). Notre approche consiste au contraire à examiner leurs pratiques dans toutes leurs dimensions, précisément à partir de leur caractère multiforme, en analysant la façon dont les savoirs élaborés et les modes d’écriture mis en œuvre transcendent les séparations habituelles entre les genres et les disciplines. Les méthodes particulières développées par ces auteurs sont analysées, d’une part, dans leur continuité avec certaines cultures savantes préexistantes et, d’autre part, comme des pratiques faisant rupture, prenant acte de ce que la “Catastrophe“ a fait aux savoirs sur l’homme. Cet examen doit permettre non seulement de saisir la valeur épistémologique propre aux manières de faire développées par les auteurs en question, mais aussi d’évaluer leur intérêt pour la recherche d’aujourd’hui, et ce à la fois dans le domaine spécialisé des recherches sur la Shoah et dans le domaine élargi de l’histoire des savoirs.

 

A century of Transnationalism: Immigrants and Their Homeland Connections

Nancy L. Green and Roger Waldinger

La « découverte » dans les sciences sociales du transnationalisme chez les immigrés a débouché sur une riche littérature sur les circulations et connections des migrants avec leurs pays d’origine.  Sociologues et anthropologues ont, pour la plupart, insisté sur la nouveauté du phénomène, le plus souvent en lien avec les nouvelles technologies qui facilitent les échanges.  Or, ce livre, le fruit d’une collaboration interdisciplinaire entre sociologues, historiens et géographes, montre à la fois la longue durée des activités transnationales des migrants ainsi que les contraintes qui rendent ces activités variables selon les époques.  A Century of Transnationalism explore à la fois les conjonctures géopolitiques et les attitudes des pays d’origine – qui tantôt décourage ou encourage les liens forts avec leurs citoyens à l’étranger – ainsi que la façon dont les individus et les groupes eux-mêmes agissent au sein des contraintes multiples.

Le patrimoine entre action et réflexion

2 et 3 décembre – Journées d’étude – Société d’encouragement pour l’industrie nationale, Paris

En octobre 2014 disparaissait Louis Bergeron, directeur d’études à l’EHESS, président d’honneur du CILAC et de TICCIH –The International Committee for the Conservation of the Industrial Heritage, dont le rôle dans le champ du patrimoine industriel en France comme à l’étranger fut très important.
Homme de réflexion devenu acteur de terrain, il a accompagné et influencé nombre de structures – associatives, muséales, culturelles – et d’hommes et de femmes issus de milieux très divers, tous passionnés par le patrimoine matériel et immatériel de l’industrie.
Après l’hommage qu’il lui a été rendu lors du XVIe congrès de TICCIH, le CILAC, en partenariat avec la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, avec le soutien du CRH et de la Fondation Électricité de France, lui organise deux journées d’étude internationales. Quatre thématiques seront développées : L’influence internationale,  Nourrir la réflexion aujourd’hui, Une communauté de chercheurs et d’acteurs et L’action au sein des organisations internationales. Elles seront suivies de la 6e édition du Prix CILAC Jeune chercheur qui récompensera deux lauréats pour leur travail en recherche théorique et en recherche-action.

De la philanthropie à la protection sociale en Europe centrale et du sud-est Expériences impériales au tournant du 20e siècle

1er décembre – Mini-atelier Labex Tepsis – EHESS, Paris

La nébuleuse réformatrice et les réseaux philanthropiques

La première session de l’atelier Labex Tepsis, intitulé De la philanthropie à la protection sociale en Europe centrale et du sud-est Expériences impériales au tournant du 20e siècle, rendra compte de la diversité des courants et activités philanthropiques et réformateurs qui ont éclos dans le cadre impérial, et des formes variées de leur institutionnalisation préfigurant les systèmes ultérieurs de protection sociale. On se demandera comment des initiatives locales se sont diffusées et généralisées à l’échelle d’une communauté nationale, confessionnelle, ou d’une corporation ; si elles suivirent dans ces sociétés segmentées et stratifiées des lignes confessionnelles, ethnico-nationales, ou de genre, ou au contraire les atténuèrent dans un projet intégrateur transversal aux communautés.

Pierre Damien Stratégies auctoriales de réception

14 décembre – Journée d’étude – EHESS, Paris

Depuis l’excellente édition de Kurt Reindel des lettres de Pierre Damien (dont certaines sont devenues de véritables traités autonomes à la riche postérité), dans les Monumenta Germaniae historia en 1984, les chercheurs ont à leur disposition un corpus très riche pour analyser les techniques de l’écriture épistolaire, les réseaux de relation entretenus par Pierre Damien (pour chaque lettre le destinataire et la date sont indiqués) mais également un trésor narratif extrêmement riche encore sous utilisé. En effet, on trouve dans ces lettres la source de nombreux exempla largement repris par les Cisterciens puis les frères mendiants. La parole de l’ermite de Fonte Avellana a ainsi touché des moines dans toute la chrétienté puis des laïcs via la prédication. Seront analysés durant cette journée d’étude internationale, co-organisée par Marie Anne Polo de Beaulieu (CRH) et Patrick Henriett (EPHE), les stratégies auctoriales de Pierre Damienface à la matière exemplaire, puis des récits exemplaires précis et enfin la diffusion et la réception des exempla de Pierre Damien.  Y participeront Jacques Berlioz (CRH), Elise Haddad (doctorante AhloMA-CRH), Elisa Brilli (prof. Université de Toronto, correspondante AhloMA-CRH), Victoria Smirnova (Correspondante d’AhloMA-CRH), Stefano Mula (prof. Middlebury College, USA).