Écrire les écritures. Hommage à Daniel Fabre

Roger Chartier et Christian Jouhaud (dir.)
Paris, L’Atelier du CRH, 16bis, 2017

Des écritures ordinaires à l’approche anthropologique des pratiques littéraires, les livres et les articles de Daniel Fabre accordent une place primordiale à l’écrit. Les contributions rassemblées dans ce volume tentent d’explorer cette centralité. Issues d’un colloque tenu à l’EHESS en septembre 2016, elles ne proposent pas un regard panoramique sur une œuvre dont on commence à peine à mesurer la richesse et l’ampleur ; elles en explorent plutôt quelques cantons où, à chaque fois, les questions soulevées à propos de l’écriture comme pratique de symbolisation du monde se trouvent abordées avec la même intensité. Les objets et les terrains de Daniel Fabre changent, mais il n’y en a pas de principaux et de secondaires : l’acuité du regard et l’engagement intellectuel ne fléchissent pas, qu’il s’agisse des rapports entre écrit et oral, du corps de l’écrivain, des institutions de la littérature, de l’autobiographie ou de l’historicité des pratiques. A chaque fois, part est faite à la réflexivité : comment se tenir en tant qu’anthropologue face à la littérature aussi bien que face à l’écrit « ordinaire » ?
Les douze auteurs rassemblés dans ce volume rendent hommage au travail de Daniel Fabre et surtout montrent en quoi ses hypothèses, ses problématiques, ses conclusions et son écriture prennent sens dans leurs propres recherches. Sur ce plan, Bataille à Lascaux, le dernier livre, occupe une place particulièrement féconde et inspirante.

Quel patrimoine industriel pour la Première Guerre mondiale ?

1 et 2 décembre – Journées d’étude – SEIN, Paris

Les commémorations du centenaire de la 1e Guerre mondiale ont largement mis en valeur son patrimoine mémoriel : cimetières, monuments aux morts ou champs de bataille. Étrangement, alors que l’industrie eut un rôle majeur, le patrimoine industriel est absent, frappé d’invisibilité. L’objectif de ces journées d’étude, organisées par l’association CILAC présidée Florence Hachez-Leroy (GrHEco), est de dresser un état des lieux à l’échelle du territoire pour comprendre ce phénomène.
Le prix CILAC Jeune chercheur sera remis à la suite.

L’aluminium, matière à création XIXe-XXIe siècles

Patrick Fridenson et Florence Hachez-Leroy (dir.)

Nouveau matériau métallique apparu au milieu du XIXe s., l’aluminium s’est progressivement introduit dans la palette des créateurs. Cet ouvrage propose de reprendre l’histoire de ce métal, dans une approche interdisciplinaire, depuis l’origine jusqu’à aujourd’hui, au travers de travaux neufs, consacrés tant à l’Europe qu‘aux espaces asiatique, indien et américain. Il interroge sa place dans les mutations sociales, politiques, économiques, militaires et environnementales et celle de ses acteurs – inventeurs, ingénieurs, artistes, designers, industriels, écrivains. Il ouvre enfin des perspectives inédites sur les conditions de sa patrimonialisation pour les salariés, les collectionneurs et les musées.

Circulation de la parole dans les communautés religieuses et sédimentation du savoir Approche comparatiste avec les communautés « profanes »

27 novembre – Colloque – ESCP-Europe, Paris

Dans l’esprit ouvert et comparatiste du Labex Hastec Histoire et anthropologie des sciences, des techniques et des savoirs, le groupe d’Anthropologie historique du long Moyen Âge (Ahloma), le laboratoire Savoirs et Pratiques du Moyen Âge au XIXe siècle (SAPRAT), le Centre d’études en sciences sociales du religieux (Césor), ainsi que L’École supérieure de commerce de Paris-Europe (ESCP) ont décidé d’une rencontre entre médiévistes, sociologues, anthropologues et spécialiste de l’entreprise autour de la circulation de la parole dans des communautés religieuses et dans des communautés profanes comme celle de l’entreprise ou de l’atelier artistique.
Cette parole est captée par l’écrit et contribue à la sédimentation d’un savoir collectif, dont le statut et la valeur seront interrogés à l’aune de son origine orale.

L’itinéraire de la Buenamuerte à Lima Essor et déclin d’un ordre religieux producteur de sucre, XVIIIe-XIXe siècle

7 juillet – Présentation d’un ouvrage – Lima, Université San Marcos

Il s’agit d’une recherche originale portant sur l’implantation liménienne et péruvienne de l’ordre religieux sicilien des pères agonisants (les pères du Bien-mourir, ou de la Buenamuerte), entre le XVIIIe et le XIXe siècle, de son essor et de son déclin. A partir des sources primaires, ce travail a examiné l’accumulation patrimoniale et l’exploitation économique des temporalités (notamment ses haciendas sucrières), de même que les conséquences dérivées d’un tel succès. Mais il a également été question de la crise traversée par cette institution phénomène plus général dans les mondes ibériques, et des conséquences de la désamortisation ecclésiastique menée par l’état républicain péruvien, au lendemain de l’indépendance d’avec l’Espagne. Les résultats ont permis d’accroître et d’affiner la connaissance de l’histoire socioéconomique péruvienne en particulier à partir des haciendas liméniennes, durant la phase bourbonienne. Mais ils ont également permis d’éclairer les relations entre les deux puissances de l’Ancien régime, l’état et l’église catholique, et leur prolongation dans le Pérou contemporain.

L’historien et les fantômes Lectures (autour) de l’œuvre d’Alain Boureau

Béatrice Delaurenti, Blaise Dufal, Piroska Nagy (dir)

L’œuvre d’Alain Boureau, multiple et dense, se déploie sur les quarante dernières années en abordant de nombreux domaines de l’histoire du Moyen Âge et du christianisme latin. Elle suit les pérégrinations personnelles et professionnelles d’un chercheur à travers un monde peuplé de silhouettes incertaines : figures de l’hagiographie, faux-semblants de l’État moderne, anges, démons, cadavres et somnambules, vagues individus scolastiques qui eux-mêmes parlent de créatures étranges. Autant de fantômes d’un passé persistant qu’il a suivis avec ténacité tout au long de sa carrière, et qui nous embarquent à leur tour à travers l’histoire.
Ce volume entend garder la trace vivante des deux journées qui furent organisées à Paris en mai 2015 autour de l’œuvre d’Alain Boureau. Ce Liber amicorum d’un genre un peu particulier, production scolastique en quelque sorte, donne à voir les membres d’un studium, ce qu’était le séminaire d’Alain Boureau : les amis, les collègues, les proches, celles et ceux qui l’ont accompagné au cours de ses années passées à l’EHESS. Les textes rassemblés rendent compte de trajectoires et de réalisations, ils en montrent les apports scientifiques et les enjeux intellectuels. Ils racontent, aussi. Ainsi se manifeste la richesse d’une œuvre singulière, construite aux croisements de différentes pratiques des sciences sociales dans une démarche souvent collective, toujours originale et novatrice.

Lettres de Marinette 1914-1915

Béatrice Delaurenti

Comment attendre quelqu’un sans lui parler, sans connaître ses occupations, sans même savoir si on le reverra ? Que trouve-t-on encore à dire lorsque l’on écrit deux fois par jour à la même personne ? La correspondance de Marinette livre un point de vue de femme en période de guerre. Elle a un versant social : la laitière au travail, les départs et les retours des soldats, l’exaltation qui magnifie les combats, la logistique des colis. Et un versant intime : l’attente du facteur, les souhaits d’une vie de couple, la présence utile de la famille. Elle forme une collection exceptionnelle de 253 cartes postales de guerre, aux illustrations tantôt politiques, tantôt romantiques. C’est un parcours dans cette correspondance, ici intégralement publiée, que propose Béatrice Delaurenti.

Samuel Knafo (University of Sussex)

10 et 12 mai – Conférences –  EPHE et EHESS, Paris

Samuel Knafo est Senior Lecturer au Département des relations internationales de la School of Global Studies de l’Université de Sussex. Invité du CRH,  Il présentera ses travaux, au sein du séminaire de Laure Quennouëlle-Corre et du séminaire collectif du GRHECO se situent au carrefour de l’économie politique et de l’histoire internationale. Il a notamment publié : The Making of Modern Finance: Liberal Financial Governance and the Gold Standard (2013) qui a été Récompensé en 2014 par IPEG (International Political Economy Group) Book Prize.

 

Pieter De Leemans (Université de KU Leuven, Belgique)

21 avril, 3, 5 et 16 mai – conférences – EHESS, Sorbonne, Paris

Pieter De Leemans est professeur au De Wulf-Mansion Centre for Ancient, Medieval, and Renaissance Philosophy de l’Université Catholique de Leuven (Belgique) Depuis 2003, il est le secrétaire académique de la prestigieuse série Aristoteles Latinus, une entreprise philologique et philosophique poursuivant un projet international d’édition des traductions gréco-latines d’Aristote réalisées au Moyen Âge. Ses travaux portent l’histoire de la philosophie et de la science médiévales, sur les traductions gréco-latines médiévales d’Aristote et sur leur réception.

Et si on décidait d’arrêter comme ça, d’un coup ? » Cultures de guerre et de paix en 1917 – précurseurs, conséquences et échos/Und wenn wir einfach aufhörten?“ Kulturen des Krieges und des Friedens im Jahr 1917 – Vorläufer, Folgen und Echos

Date limite : 15 mai 2017 – Conférence – Université de Francfort-sur-le-Main, Allemagne

Ce colloque entend contribuer à renforcer le dialogue entre scientifiques français et allemands spécialistes de la Première Guerre mondiale et de ses cultures mémorielles, notamment dans le domaine des arts et de la littérature envisagés sous l’angle d’une approche historique, littéraire, culturelle et sociale appliquée, sous un angle comparatif, aux efforts et initiatives de paix entrepris en 1917 et à leurs suites. Il s’agit, par ce biais, de sortir du manichéisme d’une histoire purement nationale pour la remplacer par un regard franco-allemand et comparatif porté sur les demandes, tant pratiques qu’idéelles, d’une sortie de guerre formulées dans l’absence de perspective d’une victoire militaire. D’autre part, et cette fois au regard des commémorations de l’année 2017, il s’agit de traiter la thématique des « sorties de guerre » sous un angle interdisciplinaire, pluridimensionnel et diachronique afin de contribuer à une meilleure compréhension de la Première Guerre mondiale elle-même et des défis et conséquences qu’elle a posés jusqu’à ,nos jours en termes scientifiques, politiques et culturels.

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