Spinoza, philosophe grammairien

Jean BAaumgarten , Irène Rosier-Catach et Pina Totaro (dir)

En 1677 parut à Amsterdam le Compendium grammatices linguae Hebraeae de Baruch de Spinoza, dans l’édition latine de ses œuvres posthumes, rédigé probablement à la demande d’amis qui étaient « passionnés par l’étude de la langue hébraïque » et « connaissaient ses compétences » en ce domaine. De toutes ses œuvres, la grammaire hébraïque, inachevée, est l’ouvrage le moins connu et étudié, et fut longtemps considéré comme un texte marginal. Les contributions publiées dans cet ouvrage entendent resituer l’ouvrage dans le contexte culturel, linguistique, religieux et intellectuel d’Amsterdam au XVIIe siècle. Elles visent à reconsidérer le Compendium comme une création originale, essentielle, au sein du corpus spinoziste, d’éclairer les sources, la méthode élaborée par Spinoza dans sa grammaire en relation avec les concepts développés dans ses autres ouvrages, en particulier le Tractatus theologico-politicus, d’étudier le rapport existant entre les idées linguistiques de Spinoza et les principes de sa philosophie, afin de voir dans quelle mesure ces conceptions se rencontrent, s’entrecroisent et se complètent. L’intention de Spinoza est en effet d’expliquer la grammaire hébraïque « selon la méthode géométrique », d’écrire une grammaire « de la langue Hébraïque » et non une grammaire de l’Écriture, une des conditions indispensables à l’exégèse critique de la Bible et à l’explication de l’écriture par l’écriture elle-même.

L’histoire de Lip

25 mars – Table-ronde – Paris, EHESS

En 1973, face à des licenciements massifs, les ouvriers de la manufacture horlogère Lip de Besançon ont occupé leur usine pour exiger que personne ne perde son emploi. Grâce à la vente du stock de montres dont ils se sont emparés, ils se paient leurs propres salaires en adoptant un slogan célèbre : « C’est possible ! On fabrique, on vend, on se paie ». C’est une expérience d’autogestion sans précédent, c’est l’imagination au pouvoir, pour reprendre le titre du documentaire exceptionnel qu’a réalisé Christian Rouaud en 2007. Cette table-ronde organisée par Jérôme Bourdieu (PSE) et Patrick Fridenson (CRH) se cosacrera à l’histoire de Lip autour de deux ouvrages Opening The Gates: The Lip Affair 1968-1981 de Donald Reid et Pourquoi ont-ils tué Lip ? De la victoire ouvrière au tournant néolibéral de Guillaume Gourgues et Claude Neuschwander

 

Giorgio Riello (University of Warwick)

22 mars, 5,12 et 19 avril 2019 – Conférences – Paris, EHESS et ENS

Giorgio Riello, invité à l’EHESS par Philippe Minard (Grhéco) est « Professor of Global History and Culture » à l’université de Warwick, dont il été en 2014-2017, le directeur de l’Institut d’Études Avancées. C’est un spécialiste internationalement reconnu de l’histoire des textiles et de la consommation aux XVIIIe-XIXe siècles. Il a été, avec Patrick O’Brien, la cheville ouvrière du Global Economic History Network, qui a joué un rôle fondamental pour le renouvellement de l’histoire économique moderne à travers la problématique de l’histoire globale. Directeur de la fondation Pasold (qui édite la revue Textile History), il est aussi membre des rédactions de Past & Present et du Journal of World History, il a publié des sommes importantes consacrées à l’histoire des industries du coton et de la soie.

1969 : Michel Foucault et la question de l’auteur « Qu’est-ce qu’un auteur ?  » Texte, présentation, et commentaire

Dinah Ribard

Michel Foucault donne en 1969 à Paris, puis en 1970 aux États-Unis, une conférence sur la question de l’auteur dont la formule-clé, « Qu’importe qui parle », est empruntée à Samuel Beckett. Il existe plusieurs manières de donner un contexte aux propositions avancées dans ce texte qui fit événement, de raconter l’histoire de son impact sur la théorie, la critique, l’histoire du fait littéraire, d’y réagir enfin. On s’efforce ici d’éclairer ces interprétations, ces récits, leurs évolutions et leurs enjeux, en s’intéressant notamment à leur caractère contradictoire, ainsi qu’à l’importance qu’ont eue, pour l’évolution des études littéraires, des choses que Foucault ne dit pas dans « Qu’est-ce qu’un auteur ? ».

Pascale Rihouet (Rhode Island School of Design)

8, 26 février et 20 mars – Conférences – Paris, EHESS et INHA

Pascale Rihouet, invitée à l’Ecole par Pierre-Olivier Dittmar, est professeur d’histoire de l’art à la Rhode Island School of Design (USA). Elle a publié de nombreux essais en anglais, français et italien qui touchent des domaines aussi variés que la culture matérielle des confréries, la représentation de l’identité de groupes dévotionnels, des images singulières comme l’exceptionnel Christ de peau de Pérouse, la logistique des translations de reliques, le rôle primordial des objets et des images dans le cadre des banquets ou des processions publiques ou encore les pratiques sociales autour du chocolat dans le Paris de l’Ancien Régime.

Une femme a passé. Méditation sur la Gradiva

Christian Jouhaud

Ce livre traite de Freud lecteur de romans. En regardant Gradiva de ce point de vue, on découvre qu’elle n’est peut-être pas celle que l’on croyait : « fragment » du discours amoureux de Barthes, « charme » chez Pontalis, modèle de peintre et maîtresse d’Eugène Delacroix au Maroc chez Alain Robbe-Grillet, escort girl de la théorie du rêve et Jeanne d’Arc de la jeune psychanalyse.
Freud réussit à transmettre le trouble poétique de l’histoire un peu niaise inventée par Wilhelm Jensen, tout en estompant – c’est un comble – la part la plus érotique du récit. Il n’en reste pas moins qu’au bout de l’enquête sur le lecteur ordinaire de fiction qu’est aussi Freud, l’énigme de sa présence au temps demeure : image intime et insaisissable – « la passante de toujours, celle des ruines là-bas et celle de Paris, celle du trouble et de l’émotion incomprise », celle des Fleurs du mal.

 

Échanges médiévaux. Circulation des textes et des personnes

17 et 18 janvier – Colloque – Paris, EHESS

Cette rencontre, organisée par Etienne Anheim (AHLOMA), Nora Berend (Université de Cambridge) et Sylvain Piron (AHLOMA), est le deuxième volet d’un projet de collaboration entre l’Université de Cambridge et l’EHESS soutenu par PSL. La première rencontre a eu lieu à Cambridge les 7 et 8 juin 2018 et a réuni une quinzaine de chercheurs anglais, allemands et français autour de la même thématique. La seconde session a pour objet de prolonger la réflexion sur les formes sociales et intellectuelles de circulation des savoirs au Moyen Âge à partir de l’étude de la mobilité des textes et des personnes. Elle repose sur la confrontation méthodologique entre la riche bibliographie consacrée aux pratiques de traduction et d’échanges interculturels médiévaux, d’une part, et les questions posées par le développement des approches historiographiques globale, transnationale ou connectée, d’autre part.

Histoire de l’épidémiologie Enjeux passés, présents et futurs

23 janvier – Journée d’étude – Paris, Maison de la Recherche Sorbonne Université

L’épidémiologie rencontre de nouveaux défis inscrits dans la globalisation contemporaine, de la gestion des pandémies à l’analyse de masses colossales d’informations par des consortiums internationaux portant sur des cohortes de centaines de milliers d’individus. Réunissant historiens, scientifiques, acteurs institutionnels et socio-économiques, concernés par la question de l’épidémiologie, la 2e journée d’étude du Comité pour l’histoire de l’Inserm tentera d’éclairer l’histoire de la discipline en regard de ses enjeux présents et futurs.

 

Survivre particulièrement Autour du livre de Danny Trom, Persévérance du fait juif. Une théorie politique de la survie

30 novembre – Table ronde – Paris, EHESS

Dans la mesure où « la question juive » concerne la subsistance du fait juif dans l’histoire, elle occupe depuis longtemps les esprits. Cela est attesté dans certains livres bibliques dont notamment celui d’Esther. Les commentaires rabbiniques de ce livre sont au cœur de l’ouvrage récent de Danny Trom, qui élabore à partir d’elles une pensée politique de la survie. Le groupe Études Juives organise une table ronde où seront discutés, en présence de l’auteur, les aspects littéraires, historiques et théoriques de la démarche. Les discutants seront Elad Lapidot (Université de Berne), Antoine Lilti (CRH), Ron Naiweld (CRH) et Anne Simon (CRAL).

Josef Chajes (University of Haifa)

22, 31 janvier, 5 et 14 février – Conférences – EHESS, Paris

Yossi (Jeffrey) Chajes, invité à l’EHESS par Sylvie Anne Golberg, est professeur à l’université de Haïfa, directeur du Centre d’études de la culture juive. Auteur de trois livres, de nombreux articles et de chapitres d’ouvrages. Sa démarche intellectuelle se situe au croisement des méthodes de l’anthropologie historique, de l’histoire culturelle et de l’histoire des sciences et de la médecine. Sa série de conférence s’inscrit dans un projet d’humanités numériques ( Ilanot : cartographier Dieu : un portail de kabbale visuelle) consacré à la transmission visuelle du savoir kabbalistique à partir de manuscrits existants depuis le XIVe siècle.