Émilien Ruiz (dir.)
Le caractère pléthorique du nombre des fonctionnaires occupe une place de choix parmi les idées reçues sur les administrations. Dans le même temps, l’absence de réelle convention sur ce qu’est un « fonctionnaire » complique considérablement toute velléité de mesure empirique du phénomène. Le déséquilibre est alors frappant entre, d’un côté, la multiplication des arguments comparatifs dans les champs médiatiques et politiques, et, de l’autre, la faiblesse de leur traitement par les sciences sociales et historiques. Les contributions réunies dans ce dossier proposent quelques jalons pour étudier, dans différents contextes (nationaux, coloniaux, impériaux ou supranationaux), les mesures de la fonction publique comme autant de fenêtres sur l’histoire et la sociologie des États.
Deux des trois articles publiés en varia sont d’ordre méthodologique. Le premier propose une procédure de traitement de larges corpus d’actes qui combine un traitement automatisé des sources et une validation humaine en dernière instance. Le second, partant de l’expression « aplatir la courbe » abondamment utilisée dans l’actualité sanitaire, revient sur la genèse et le développement du raisonnement statistique relatif à la dispersion de l’incertitude. Un dernier article, portant sur l’estimation de la jauge des navires, relève de l’histoire de la mesure à la fin de l’Ancien Régime. Une note critique et trois comptes rendus viennent compléter ce numéro.
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