Date limite de dépôt : 15 décembre 2020 – Appel à communication
Sous la direction de Jean-Marc Dreyfus et Judith Lyon-Caen
Le cimetière juif offre un paysage péri-urbain ou rural tout à fait singulier dans l’Europe du XXe siècle. En effet, il est depuis l’Antiquité et en application de la loi juive, situé à l’extérieur des périmètres habités, alors que les cimetières chrétiens ont été au début du Moyen-Âge transportés au cœur des villages et des villes, derrière l’église, pour n’être rejetés à la périphérie qu’au XIXe siècle. Le cimetière est le témoin des déplacements des populations juives, mais aussi de leur enracinement dans certaines régions depuis le Moyen Âge (comme la région rhénane). C’est la réflexion que fait Marguerite Yourcenar lorsqu’elle décrit le vieux cimetière juif d’Amsterdam peint par Jacob van Ruisdael.
Le cimetière juif est devenu un objet littéraire dès le XIXe siècle, probablement parce que son aspect était perçu comme immuable, alors que la modernité bouleversait l’ordonnancement des cimetières chrétiens. Cependant, le champ du repos des Juifs a aussi été un témoin des bouleversements liés à l’émancipation avec, en premier lieu, sa monumentalisation et l’inclusion de symboles romantiques, ainsi que l’introduction d’inscriptions bilingues sur les pierres tombales, en hébreu et dans la langue du pays (par exemple l’allemand ou le français).