Nancy L. Green
L’engouement pour le transnational ne tarit pas, avec de bonnes raisons, mais The Limits of Transnationalism propose de nuancer notre enthousiasme en rappelant les empêchements, les difficultés, et les rapports de force qui font aussi partie d’une histoire d’échanges et de circulations. Le transnationalisme peut impliquer la traversée des frontières physiques ou des frontières intellectuelles. Pour les historiens, il est à la fois une perspective de recherche ainsi qu’une recherche de transnationalismes passés, qu’il s’agit du mouvement des idées, des matières primaires, ou des gens. Ce livre cherche à questionner ce « moment transnational » – qui accompagne le langage sur la globalisation depuis la fin du 20ème siècle – en particulier en ce qui concerne les migrations, de manière historique et historiographique. Malgré la « nouveauté » du phénomène initialement postulé par les anthropologues, la longue histoire du transnationalisme des migrants ne fait pas de doute. Or, mettre l’accent sur une certaine héroïsation de l’agent transnational, capable de saisir l’occasion et mobiliser les réseaux a fait oublier les entraves. Si l’accent mis sur le transnational a permis de sortir d’une historiographie ancrée dans le sturm und drang des experiences migratoires, il a peut-être induit une vision par trop optimiste de la capacité d’action individuelle. On doit questionner les frictions de la mobilité afin de compléter le tableau, se rappelant les complexités, voire l’éventuelle faillite des réseaux.