Falk Bretschneider et Christophe Duhamelle (dir.)
Le « Saint Empire Romain Germanique » : au siècle de Louis XIV ou à celui des Lumières, ce corps politique encore féodal, avec ses centaines de princes, comtes et villes libres, semblait condamné par l’histoire. Du moins est-ce ainsi que les historiens l’ont longtemps considéré. Depuis, ils ont changé d’avis, allant jusqu’à en faire un précurseur de l’Union européenne. Ils ont toutefois avant tout étudié ses institutions – ses tribunaux, sa Diète – distinguant soigneusement entre ce qui relevait de l’Empire, et ce qui se jouait dans les différents territoires (la Prusse, la Bavière, la Saxe etc.).
Mais l’Empire ce sont aussi des routes, du commerce, l’échange à travers les omniprésentes frontières, ce sont des carrières qui vont d’un territoire à l’autre, ou des querelles entre voisins catholiques et protestants – bref, toute une histoire sociale qui traverse les échelles et confère au Saint-Empire une spécificité vécue.
La découverte de cette histoire sociale est un champ de recherche dynamique. C’est aussi désormais un lieu de rencontre entre historiens allemands et français. Cet ouvrage réunit les jeunes chercheurs qui animent cette nouvelle façon d’écrire l’histoire du Saint-Empire, à travers un spectre thématique large, en mêlant les bilans historiographiques et les études de cas, et en s’efforçant d’intégrer l’Empire dans une réflexion comparative. Car l’histoire sociale du Saint-Empire permet de poser à nouveaux frais la question de la modernité politique et de l’État.