14 juin – Demi-journée d’étude – EHESS, Paris
Le mouvement politique, social et culturel, qu’on a appelé le 68 (irréductible au seul mai français et aux luttes des étudiants) a débouché dans les années suivantes sur des conquêtes majeures pour les acteurs de ce mouvement multiforme – que ce soient les ouvriers , les pacifistes et opposants au service militaire, les féministes ou les homosexuel(le)s. Parmi tous ces acteurs revendiquant tout simplement des droits humains, de la reconnaissance, du respect, l’ouverture à une autre vision de la société et des individus, il reste aujourd’hui des grands oubliés, les « drogués », qui partagent cette dénégation avec les « fous » et les « taulards ». Or, par-delà l’étiquette infâmante, l’usage de substance psychotropes classées prohibées (sensiblement les mêmes que celles consommées légalement sur prescription médicale, et donc autorisées) concerne des millions de personnes en France, des centaines de millions dans le monde. Une consommation de masse qui s’est répandue comme une trainée de poudre, véhiculée par la génération de 68 – et particulièrement par le mouvement des hippies qui s’abreuvaient des nouvelles substances psychotropes ramenées d’Orient (cannabis, héroïne) ou d’Occident (cocaïne, plantes psychédéliques) par des voyageurs partis à la découverte de nouveaux horizons. Cinquante ans après 68, nous savons aujourd’hui que « la guerre à la drogue », judiciarisée par les lois de 1970, a été et est une guerre idéologique et morale menée contre les consommateurs de psychotropes, accusés par leurs comportements subversifs de miner l’ordre social. Sans pour autant casser le mur dressé par l’Etat, avec sa police, ses juges et ses matons, qui enferme encore les « drogués » dans une clôture de lois répressives et injustes, socialement et racialement. Il serait temps que les changements sociaux intervenus dans les usages de psychotropes se traduisent par des lois. La libération des usagers de « drogues » est à l’ordre du jour en ce printemps 2018. Le débat sera animé par Alban Belkaim (journaliste à Bondy Blog) avec la participation de Jean-Pierre Galland (ancien président du CIRC), Michel Sitbon (éditeur et écrivain), Vincent Benso (membre de Techno +), Béchir Bouderbala (président de NORML France) et Laurent Bazin (anthropologue, CR au CNRS-CLERSÉ/CESSMA).