Disettes Rhétoriques, savoirs et régulations de la pénurie (XVIIe-XIXe siècle)

28 juin – Colloque, Labex Hatsec, CAK et le GRHEN (CRH) – EHESS, Paris

Longtemps associé dans l’historiographie à la seule question des grains, le terme « disette » apparaît doté d’un champ d’application beaucoup plus vaste dans les sources de l’Ancien Régime et de la période postrévolutionnaire. Il s’étend en effet bien au-delà du seul domaine frumentaire, ou même alimentaire, pour englober une large gamme de situations caractérisées par la rareté momentanée, ou la raréfaction en cours, d’une « ressource » – qu’il s’agisse de matières premières d’origine naturelle (« disette de bois », « disette d’or », « disette d’eau », « disette de gibier », « disette de poisson », etc.), de produits agricoles et manufacturés (« disette de fourrage », « disette d’engrais », « disette de laine », « disette de monnaie », etc.) ou encore de catégories de la population (« disette d’ouvriers », « disette de marins », « disette de nourrices », « disettes de prêtres », etc.).
La diversité des emplois du mot « disette » invite ainsi à opérer des rapprochements entre des objets de recherche assez éloignés les uns des autres, et c’est la raison pour laquelle cette journée d’études se veut d’abord un lieu de dialogue, à partir de la question transversale de la pénurie, entre des historiennes et des historiens s’inscrivant dans des champs historiographiques distincts, allant de l’histoire environnementale à l’histoire économique, en passant par l’histoire du travail et l’histoire des sciences et des techniques. Proposant de décloisonner l’étude des phénomènes (réels ou supposés) de rareté des hommes et des choses pour les envisager de manière globale, cette rencontre, organisée par Romain Grancher (LabEx HASTEC/EHESS, CAK), Alice Ingold (EHESS, CRH) et Marie Thébaud-Sorger (CNRS, CAK/Maison française d’Oxford), visera à faire ressortir à la fois les spécificités propres et les caractéristiques communes aux différents cas de disette présentés.