Des châteaux en Espagne. Gouvernement des finances et mobilité sociale au XVIIe siècle

Sébastien Malaprade

Jusqu’à quel point était-il souhaitable de s’enrichir et de s’élever au XVIIe siècle en Espagne ? Sous l’Ancien Régime, l’ascension sociale demeurait problématique, surtout pour les hommes nouveaux impatients de constituer un lignage nobiliaire. En brûlant les étapes d’un processus réclamant du temps, ils faisaient fi des usages et des conceptions alors prégnantes de la mobilité.
Ce livre raconte et analyse les ambitions, les stratégies, les réussites et les déconvenues de Rodrigo Jurado y Moya, fils d’un laboureur andalou qui amassa l’une des plus belles fortunes d’Espagne dans la première partie du règne de Philippe IV, avant d’être l’objet d’une visite judiciaire. Accusé de malversations et de corruption, il fut dépouillé des hautes charges qu’il exerçait au sein de l’appareil financier de la monarchie et mourut en 1650, couvert d’ignominie.
À partir du cas Rodrigo Jurado y Moya, l’ouvrage mobilise un très vaste corpus documentaire sur sa famille, sa parenté, ses relations, ses activités d’officier, ses rêves seigneuriaux. Les potentialités de la micro-histoire sont finement exploitées et permettent de dévoiler les modalités méconnues de la participation des juristes au gouvernement des finances. À rebours de l’image convenue d’une société espagnole ankylosée et asphyxiée par la « crise », la recherche démontre l’inventivité et les intérêts partagés des experts de l’acrobatie financière et fiscale. Grâce à leurs savoirs, leurs compétences, leurs ressources, ces hommes forts du siècle de Vélasquez maintiennent à flot la monarchie hispanique comme le démontre de façon probante cette enquête au cœur de son système financier réalisée par Sébastien Malaprade.