Hinnerk Bruhns, Joachim Nettelbeck, Maurice Aymard (ed.)
Le nom de Clemens Heller est étroitement associé au rôle éminent qu’il a joué dans le développement des sciences sociales et humaines dans la deuxième moitié du xxe siècle. Dans ce livre, des auteurs de plusieurs pays présentent le portrait d’un créateur d’institutions et d’un initiateur de connexions intellectuelles dont les réalisations ont pu être qualifiées comme une des plus grandes réussites de la France dans le domaine de l’orientation et du développement de la recherche. La première partie du livre s’ouvre par un essai de Wolf Lepenies (« Une personnalité c’est une institution à elle seule »), suivi de témoignages éclairant différents aspects de la personnalité de Clemens Heller et de sa façon d’agir (Robert Darnton, Immanuel Wallerstein, Dominique Moïsi, Roger Chartier, David Gugerli, Reinhart Meyer-Kalkus). La deuxième partie comprend des analyses historiques et sociologiques. La création du Salzburg Seminar après la Deuxième Guerre mondiale est étudiée par Joachim Nettelbeck, l’histoire de la longue (1951-1985) et très étroite collaboration de Clemens Heller avec Fernand Braudel est retracée par Maurice Aymard. L’introduction et l’institutionnalisation des études sur les aires culturelles à la VIe section de l’EPHE sont analysées par Ioana Popa (« Ressources biographiques et configurations d’acteurs ») et Anne Kwaschik (« Le management des projets »). Suivent une interrogation de Hinnerk Bruhns sur le rapport entre institution et personnalité dans le fonctionnement de la Maison des sciences de l’homme créée par Braudel et Heller, ainsi qu’une réflexion de Patrick Fridenson, à propos de l’apport de Clemens Heller à l’internationalisation de l’histoire sociale et économique, sur sa capacité d’agir librement à l’intérieur d’un monde des organisations de recherche et sur sa foi dans la dynamique des sciences sociales.