Bussy-Rabutin en sa tour dorée

Christophe Blanquie

Les Dossiers du GRIHL, 1, 2021

Exilé en Bourgogne en 1666 après le scandale de l’Histoire amoureuse des Gaules, Bussy-Rabutin entreprend de réparer sa fortune et d’embellir ses maisons. Le décor de son appartement est refait à son goût et à son image suivant un programme décoratif qu’il a défini et commenté. Lambris mythologiques, portraits, allégories et cartels traduisent sa culture, illustrent son lignage et décrivent son monde. Identifier la source de chacun des éléments du décor de sa Tour dorée, en retrouver les références anciennes et modernes, c’est donc comprendre le travail de sa composition et matérialiser le rapport des visiteurs et lecteurs à une œuvre jouant volontiers sur les images.

Transmettre la danse – Contaminer (3)

21 mai de 9h à 17h30 – Journée d’études – Paris, EHESS

Cette année, Cette année, Elizabeth Claire (CNRS), Emmanuelle Delattre-Destemberg (Univ. de Valenciennes), Marie Glon (Univ. de Lille), Mariem Guellouz (Univ. Paris-Descartes), Vannina Olivesi (EHESS-CRAL) proposent d’étudier des formes de la transmission en danse, entendue comme un ensemble d’actions, gestes et discours, énoncés oralement ou écrits, qui participent à la construction historique des danses et des communautés qui les pratiquent. Objet d’étude très vaste, la transmission a donné lieu à de nombreux travaux dépassant les frontières disciplinaires académiques pour penser la pédagogie, la consignation des danses, leur circulation, la restitution des danses du passé ou la création chorégraphique contemporaine.
Comme toute activité sociale historiquement, culturellement et géographiquement située, la pratique de la danse engage la production de biens matériels et symboliques qui favorisent les transmissions des danses : des pratiques et des techniques de danse ; des savoirs sur le corps et les danses ; des traces d’évènements, de rites, de divertissements, d’œuvres, de répertoires ; des transactions financières, des biens économiques ; des lieux plus ou moins spécifiquement consacrés à la pratique ou à la transmission des danses. Les activités sociales liées à la danse ont en partage la production de normes – coutumes, traditions et instruments juridiques – qui définissent les modalités d’accès des acteurs historiques aux pratiques, aux savoirs, aux institutions et collectifs qui encadrent la production des danses. Les acteurs historiques produisent ainsi des valeurs sociales, culturelles, religieuses et morales, s’échangent des représentations et des imaginaires sociaux qui s’adressent à des publics différenciés. Les modalités de transmission des danses s’appuient sur le genre, l’âge, l’origine sociale ou professionnelle, l’ethnicisation ou la racialisation des praticiens. Ces facteurs et processus contribuent à construire les notions de tradition ou d’innovation, établissent des canons culturels, catégorisent les pratiques de danse, conditionnent les appropriations et réappropriations, enfin, favorisent l’intégration ou l’exclusion des acteurs dans les communautés.
Le séminaire s’organise en forme de trois journées d’études qui privilégient l’exploration de trois axes thématiques dont la troisième sera consacrée à  « Contaminer ».

Légion d’honneur

Ont été publiées au Journal officiel  du 1er janvier 2021 les deux promotions civiles de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite. Parmi les 3884 nouveaux décorés, pour leur investissement dans la lutte contre l’épidémie, on constate une grande diversité d’activités, ce qui témoigne de la forte mobilisation des Français dans l’effort national. Se dessine également une prédominance de personnes issues du secteur de la santé et appartenant à tout niveau hiérarchique.
Parmi les 1229 personnes décorées de la Légion d’honneur, Christiane Klapish-Zuber, historienne, reçut la croix de Chevalier de la légion d’honneur. Nous la félicitons.

Des sources pour une Plus Grande Guerre

Damien Accoulon, Julia Ribeiro Thomaz et Aude-Marie Lalanne Berdouticq (dir.)

Les sources sont au fondement de l’écriture de l’histoire. Elles ont permis de rendre peu à peu intelligible un évènement matriciel du XXe siècle : la Première Guerre mondiale. Les millions d’individus qui y prirent part nous ont laissé, volontairement ou non, des traces et témoignages innombrables dont l’étude livre encore d’inestimables connaissances. En les exhumant et en les analysant, on peut mieux saisir le temps de la guerre, ses racines et son extension. Dans cette entreprise, de nouvelles pistes sont suivies par des chercheuses et chercheurs en début de carrière : ils se penchent sur des objets et documents inédits et proposent une approche renouvelée de sources déjà connues. Ces perspectives permettent de mieux cerner les contours de sociétés engagées dans une guerre totale. Des forts de Verdun aux hôpitaux japonais, des miettes de pain allemand aux dossiers de rééducation d’invalides bretons, ce volume donne à voir les horizons élargis d’une Grande Guerre dont l’ampleur ne cesse de surprendre

Autour de l’ouvrage de Pierre Monnet, Charles IV. Un empereur en Europe

Dans une biographie inédite, Pierre Monnet dresse le portrait de ce souverain hors norme, infatigable bâtisseur, amasseur de reliques, grand lettré, inlassable voyageur. Un roi entre deux ponts, à la fois médiéval et moderne, au carrefour des langues et des cultures européennes.
Charles IV (1316-1378) fut le roi et l’empereur d’une chrétienté en crise au xive siècle, déchirée par la peste, la guerre de Cent Ans et les débuts du schisme pontifical. Issu de la dynastie des Luxembourg, il est né à Prague, a été élevé à Paris, fit ses premières armes en Italie, devint roi des Romains, roi de Bohême, roi des Lombards, roi d’Arles et ceignit enfin la couronne impériale à Rome. Il parlait, lisait, écrivait le tchèque, le français, l’allemand, le latin, l’italien. Collectionneur passionné de reliques et d’œuvres d’art, notamment de ses propres portraits, il est l’auteur, fait rarissime, d’une autobiographie qui raconte son enfance, ses rêves, ses doutes à la première personne. Il est aussi le père de la Bulle d’Or de 1356, une Constitution qui ordonne l’élection et les institutions du Saint Empire jusqu’en 1806, établit un équilibre fédéral et territorial à l’allemande, d’une certaine manière toujours actuel.
Constructeur de châteaux, marié quatre fois, grand lettré, inlassable voyageur, Charles IV fut un roi et empereur à la fois médiéval et moderne, au carrefour des langues et des cultures européennes.
La séance sera animée par Béatrice Delaurenti, avec les discussions de Christophe Duhamelle (CRH), Dominique Iogna-Prat (EHESS) et Marie Dejoux (Université de Paris I)

A Jacques, apôtre, frère de Jean : précis à l’usage du pèlerin de Compostelle

Adeline Rucquoi

Des dizaines et des dizaines de milliers de pèlerins arrivent chaque année Saint-Jacques de Compostelle. Ils viennent du monde entier. Ils ont parcouru, sur une distance plus ou moins longue, l’un des nombreux « chemins de Saint-Jacques » qui mènent au sanctuaire de Galice. Ils ont lu ou entendu parler de l’histoire du pèlerinage, découvert des régions, des climats, des langues, admiré paysages et monuments, fait des rencontres, et finalement atteint le but.
Ils ont « fait le Chemin ». Mais combien connaissent celui dont la cathédrale compostellane conserve le tombeau ? Combien savent qui est cet apôtre que, depuis plus d’un millénaire, on vénère aux confins de l’Europe ? Qui était saint Jacques ? Ce petit ouvrage en détaille les multiples facettes façonnées par les siècles, et met en valeur sa brûlante actualité.