Comprender la expulsión de los moriscos de España (1609-1614)

Bernard Vincent (ed.)

L’expulsion des morisques fut un événement majeur de l’histoire de la monarchie hispanique. L’exil organisé ( 1609-1614 ) de près de 300.000 personnes , descendant des musulmans qui, en 1502 pour ceux qui résidaient dans les territoires de la Couronne de Castille, en 1525 pour ceux qui résidaient dans les territoires de la Couronne d’Aragon, avaient préféré être convertis au christianisme plutôt que de devoir émigrer, a eu un immense écho dans toute l’Europe , de Paris à Istanbul et dans tout le Maghreb, de Marrakech à Tunis. Ce livre fournit, à travers 18 contributions, des analyses permettant de comprendre le processus ayant conduit la monarchie hispanique à prendre une telle décision et retrace les cheminements de cette massive diaspora des lieux de départ aux terres d’accueil.

Prisons

Falk Bretschneider et Natalia Muchnik (coord.)
Revue Socio, 14, 2020

L’historiographie de la prison a, dès ses débuts, intégré la dimension transnationale de son objet en se focalisant notamment sur la circulation des projets et des expériences. Mais elle en a délaissé des pans entiers, considérant le XIXe siècle comme le berceau de la peine privative de liberté telle que nous la connaissons encore aujourd’hui et se focalisant sur les puissances occidentales. Ce dossier vise à interroger cette construction, en suivant deux démarches principales. Tout d’abord, il s’agit d’élargir l’analyse chronologiquement en se demandant si l’enfermement pénal ne résulterait pas d’expériences antérieures à la Révolution française. Ensuite il convient de l’élargir géographiquement et de penser deux mouvements ensemble: d’une part, un mouvement global vers la « réforme pénitentiaire » au XIXe siècle, dont l’impulsion se situerait dans le monde occidental, d’autre part, des reconfigurations de traditions locales qui ne résultent pas simplement d’une modernisation par alignement sur un type occidental.

Séminaires des membres du CRH

Les séminaires des membres du CRH sont en ligne sur Néobab : https://enseignements.ehess.fr/2020-2021/ue?intervenant=67et leur consultation sont accessibles sans authentification.
Afin de respecter les jauges de salles dans le contexte actuel, et de pouvoir appliquer un enseignement hybride (présentiel/distanciel, l’inscription est obligatoire à chaque séminaire au moins 72 h à l’avance, se connecter à listsem : https://listsem.ehess.fr/requests/new.
Attention ! En raison de la situation sanitaire, la participation aux séminaires est soumise à une demande préalable : pour chaque séminaire l’information est précisée dans l’onglet « Planning ».
Les enseignements sont uniquement interrompus pendant les vacances de Noël et les vacances de printemps ; il n’y a pas d’interruption pendant les vacances d’hiver.
En cas de difficultés de connexion pour les gestionnaires d’UEs, écrire à l’assistance technique de la plateforme : neobab-admin@ehess.fr.

 

 

Serons-nous submergés ? Épidémie, migrations, remplacement

Hervé Le Bras

Le risque de décès par Covid-19 a varié de 1 à 170 selon le département considéré tandis que le taux de pauvreté s’étend seulement de 1 à 3, de même que la proportion de personnes âgées. Le pourcentage d’immigrés d’Afrique par département passe de 0,3 à 11,2, sans rapport avec la proportion d’ouvriers qu’ils sont censés constituer. Le Pas-de-Calais, siège du deuxième plus fort score de Marine Le Pen en 2017, est l’un des trois départements où la proportion d’immigrés est la plus petite.
Dans tous ces cas, les différences sociales sont secondaires aux deux sens du terme : elles viennent à la suite des différences géographiques et elles sont bien plus faibles que celles-ci. À l’aune de ce constat, cet ouvrage d’Hervé Le Bras réexamine des questions sensibles telles que l’extension de l’épidémie, le risque de « submersion » africaine, celui d’un « grand » remplacement ou encore l’origine et la nature des demandes d’asile.

Mathias Dreyfuss

Mathias Dreyfuss est chercheur associé au sein du groupe « Études juives » du C.R.H. Après avoir soutenu en 2017 une thèse sous la direction de Sylvie Anne Goldberg sur la construction des sources de l’histoire des Juifs en France, il poursuit ses recherches sur la construction archivistique de la différence religieuse. Au sein du groupe « Études juives », il co-anime avec Sylvie Anne Goldberg, Davide Mano et Yann Scioldo-Zürcher, le séminaire commun du groupe et intervient dans le cadre du parcours « Initiation à l’histoire des Juifs » (EHESS-EPHE-PSL).
L’ouvrage issu de sa thèse paraîtra chez CNRS Éditions en janvier 2021 sous le titre : Les sources juives de l’histoire de France. Il est chef du département pédagogique du Musée national de l’histoire de l’immigration (Palais de la Porte Dorée), où il prépare actuellement une exposition retraçant l’histoire des relations entre juifs et musulmans en France, du xixe siècle à nos jours, qui ouvrira en 2022.

Thomas Piketty

Thomas Piketty est directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et professeur à l’Ecole d’économie de Paris/Paris School of Economics. Il a publié de nombreux articles de recherche dans des revues internationales telles que le Quarterly Journal of Economics, Journal of Political Economy, American Economic Review, Review of Economic Studies, Explorations in Economic History, Annales: Histoire, Sciences Sociales, ainsi qu’une dizaine de livres. Il est l’auteur de travaux historiques et théoriques consacrés à la relation entre développement économique, répartition des richesses et conflit politique. Ces travaux ont conduit à mettre en évidence l’importance des institutions politiques, sociales et fiscales dans la dynamique historique de la répartition des richesses. Thomas Piketty est également co-directeur du World Inequality Lab et de la World Inequality Database, et l’un des initiateurs du Manifeste pour la démocratisation de l’Europe. Il est l’auteur du best-seller international « Le Capital au 21e siècle » (2013) et de « Capital et idéologie » (2019). Il a rejoint le CRH  en tant que membre associé le 21 septembre 2020. Un lundi du CRH sera consacré à son dernier ouvrage Capital et idéologie (2020).

Mariages à la florentine Femmes et vie de famille à Florence. XIVe-XVe siècle

Christiane Klapisch-Zuber

Les femmes de la Renaissance florentine régnaient-elles sur la ville, comme tant d’images du Quattrocento et d’historiens depuis le XIXe siècle l’ont suggéré ? Cette vision idéalisée est-elle confirmée par la documentation historique touchant aux rapports de genre et à la vie familiale ?
En Toscane, dans la pratique, les femmes ne sont pas encouragées par le droit et la coutume à investir ou à gérer de façon autonome leurs affaires. La tradition confine les femmes dans la sphère domestique. Même les missions qui sont le plus volontiers abandonnées aux mères, l’éducation des tout-petits par exemple, tombent sous le feu de la critique des clercs. Christiane Klapisch-Zuber suit le fil de la vie des Florentines avant, pendant et après leur mariage. En étudiant les représentations mentales et figurées, elle éclaire les multiples facettes de la domination masculine dans une société renaissante où l’écriture et la culture sont largement partagées par les maris, mais encore fort peu par leurs soeurs et leurs épouses. L’historienne nous conduit ainsi, au-delà des témoignages et des images de l’époque qui sont presque toujours produits par des hommes, au plus près de la vie des femmes et de la manière dont elles ont vécu, entre exclusion et intégration.

Vichy, les Français et la Shoah : un état de la connaissance scientifique

Laurent Joly (dir.)
Revue d’histoire de la Shoah, no 212, 2020

Dès 1945, face à l’épuration, les dirigeants de Vichy, Pétain et Laval les premiers, ont ainsi justifié leur politique contre les Juifs : sous la pression allemande, ils ont dû, pour protéger les Français « israélites », abandonner les étrangers à leur triste sort. À l’époque, les mécanismes de la collaboration d’État n’ont pas encore été mis au jour et l’on ignore le détail des chiffres. La thèse du « moindre mal » paraît logique, surtout quand l’on compare les statistiques de la « Solution finale » en France aux bilans glaçants de l’extermination en Pologne, en Allemagne ou aux Pays-Bas.

 

 

 

Le pouvoir des listes au Moyen Âge – II Listes d’objets, listes de personnes

Etienne Anheim, Laurent Feller, Madeleine Jeay, Giuliano Milani (dir.)

Le Moyen Âge aimait les listes. En énumérant et organisant les êtres et les choses, pour les gérer ou simplement les connaître, les listes médiévales éprouvaient la performativité de l’écriture dans une société où son usage restait restreint à une élite. En effet, ces listes étaient une façon d’agir sur le monde, et pas seulement de se le représenter. La rédaction d’inventaires de livres, de joyaux et d’outils, mais aussi de listes de serfs d’un domaine ou d’habitants d’une ville, comme l’utilisation littéraire d’énumérations inspirées de ces pratiques sociales, ont marqué la manière dont l’Europe médiévale a construit les relations entre les hommes et les objets dans la longue durée. Ce volume, qui est le deuxième volet d’un projet collectif consacré au « pouvoir des listes » au Moyen Âge, dont le premier a été publié en 2019, poursuit une exploration anthropologique du Moyen Âge rendue possible par la pratique de la mise en listes et la transmission de celles-ci à l’intérieur des documents les plus divers.