Haciendas en el Mundo Andino, Siglos XVI-XX

Pablo F. Luna & Francisco Ch. Quiroz (eds.)

Confrontée aux orientations récentes de la recherche historienne, l’histoire rurale andine (celle de la terre et des paysans andins), a traversé quelques décennies de doute, de désaffection et de crise. A partir de ce constat, le symposium sur les haciendas d’août 2017, réuni à Arequipa (Pérou), dans le cadre du III Congrès péruvien d’histoire économique, a souhaité rappeler l’importance de ce genre de travail historien, sur le terrain, en dépit des difficultés documentaires et opérationnelles inhérentes à ce type de recherche. Les résultats obtenus, qui ont dépassé les attentes des organisateurs (avec une affluence de communications venant de plusieurs pays andins), sont présentés dans cet ouvrage, paru avec le soutien du CRH. Les éditeurs espèrent ainsi contribuer à relancer les travaux historiens sur les ruralités andines, tellement utiles si l’on veut mieux connaître leurs évolutions actuelles.

 

Alla Ricerca del patrimonio industriale di Venezia : Industrie, fabbriche. Un filo Rosso (2)

7 février – Demi-journée d’étude – Venise,

Cette demi-journée d’étude organisée par Christophe Austruy (CRH/ISG Paris), Gianluigi Fontana (Università degli Studi Padova) et Paola Lanaro (Università Cà Foscari Venezia), porte sur le patrimoine industriel de Venise. Venise pose une question originale au champ des études sur le patrimoine industriel tant son développement touristique actuel a quasiment effacé toutes les traces, restées actives jusqu’au siècle dernier, des industries qui s’étaient développées au cours du temps sur son territoire urbain, et dans les îles toute proches de la lagune.
De surcroît son paysage architectural et urbain semble marqué par un conservatisme multiséculaire, à la limite de l’immuable dont l’histoire si longtemps glorieuse de la Sérénissime aurait fini par figer en les idéalisant le souvenir de son ancienne vitalité industrielle d’autrefois et les traces de ses infrastructures laborieuses de la fin du Moyen-Âge ou du début de l’époque moderne, pour mieux nous apparaître aujourd’hui comme la « ville-monde » musée par excellence.
Mais Venise peut aussi proposer des pistes originales à la recherche sur le patrimoine industriel en obligeant la recherche à investir les nombreuses marges délaissées de la ville. Si les industries traditionnelles du XIXe cadrent mal avec le cadre promotionnel actuel de la Sérénissime (entre« fumée, crasse et misère »  selon l’expression de François Crouzet), elles ont été aussi des actrices modernes importantes de la ville à l’époque, moins visibles car reléguées dans les quartiers périphériques, du nord de la ville dans le quartier de Castello, dans celui de la Giudecca, de Cannareggio, de Santa Croce, de Dorsoduro, ou sur la Terra Ferma à Marghera, etc. de la construction navale, aux grands moulins, à la manufacture de tabac, aux abattoirs, aux infrastructures portuaires, au complexe pétrochimique, etc.

Breno Leal Ferreira (Université de São Paulo)

Breno Leal Ferreira est docteur en Histoire Sociale à l’Université de São Paulo (Brésil). En 2016, il a soutenu sa thèse intitulée « Economia da Natureza: a História Natural, entre a Teologia Natural e a Economia Política (Portugal e Brasil, 1750-1822) », sous la direction de Iris Kantor.
Depuis 2017 il est post-doctorant à l’Institut de Philosophie et des Sciences Humaines de l’Université d’État de Campinas (Brésil). Bénéficiaire d’une bourse de recherche du programme BEPE-FAPESP (Bourse de Stage de Recherche à l’Étranger), il mène un stage à l’EHESS sous la supervision de Silvia Sebastiani (Octobre 2019-Avril 2020) au sein du Centre de Recherche Historique (CRH). Sa recherche actuelle porte sur l’histoire naturelle dans l’Empire portugais entre les dernières décennies du XVIIIe siècle et le début du XIXe, notamment sur les écrits concertants les animaux.

Devin Vartija (Utrecht University)

Devin Vartija est historien de la culture et des idées du siècle des Lumières. Il a obtenu une licence à l’Université de McMaster au Canada et son master et son doctorat à l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas. Son livre, The Color of Equality : Race and Common Humanity in Enlightenment Thought, est à paraître à l’University of Pennsylvania Press. Pendant son post-doctorat à l’EHESS, supervisé par Silvia Sebastiani (GEHM), il axe ses recherches sur l’idée d’égalité à Paris et Londres au XVIIIe siècle et sur les nouvelles pratiques culturelles qui ont donné une dimension politique à l’égalité avant la Révolution.

Varia, L’Atelier du CRH

L’Atelier du CRH (20/2019) inaugure la nouvelle année avec un numéro de varia, regroupant quatre articles, qui illustrent tous les objectifs de la revue : l’un est théorique, les autres apportent des savoirs sur des aires culturelles particulières incluant la Chine, les Antilles et le continent sud-américain ;  deux sont en langue française, l’un est en anglais, l’autre en espagnol ; tous portent enfin  sur des périodes historiques différentes. C’est-là l’occasion de rappeler à nos lecteurs, dont nos étudiants, l’importance de ces numéros de varia, comme autant de points de vue sur les savoirs en train de se construire et l’importance des relations historiques, tissées sur le temps long, entre des espaces géographiques lointains et dont il importe de savoir mettre au jour les liens

Motion de l’Assemblée générale du Centre de Recherches Historiques (CRH), 27 janvier 2020

Le CRH s’oppose aux orientations envisagées par le gouvernement dans le cadre de la préparation de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, et propose un plan massif de soutien à une recherche publique, critique, libre et coopérative.

Les membres du Centre de Recherches Historiques (UMR 8558, EHESS-CNRS), réunis en Assemblée générale le 27 janvier 2020, déclarent leur vive préoccupation à la lecture des rapports préparatoires à la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) envisagée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ils s’associent aux laboratoires, institutions et autres organismes de l’ESR, déjà très nombreux, qui ont manifesté leur opposition aux orientations envisagées par le gouvernement.
Consulté au printemps 2019, le CRH avait déjà exprimé ses inquiétudes face aux thèmes choisis pour la concertation préparatoire à la LPPR, thèmes qui montraient la volonté du gouvernement d’inféoder la recherche à un monde où le financement serait dévolu aux partenariats privés, à la recherche du profit, à la volonté de compétitivité, à la précarisation des métiers de la recherche et d’appui à la recherche, en comprimant les budgets dévolus aux ressources pérennes et aux personnels. Les rapports préparatoires et les récentes déclarations de notre ministre confirment malheureusement les craintes exprimées par les membres du Conseil de Laboratoire du CRH le 8 avril 2019.
Les rapports préparatoires dressent un état des lieux que nous partageons : seules une forte augmentation du nombre de chercheurs et administratifs titulaires, la sécurisation des carrières sur la longue durée, l’évaluation qualitative et non quantitative des travaux et des institutions peuvent garantir le rayonnement de la recherche et son inscription durable dans les enjeux contemporains.
Or les préconisations que contiennent les rapports vont à l’encontre de ces objectifs. Nous pensons qu’elles ne feraient qu’amplifier la crise actuelle en privilégiant une politique des sciences autoritaire, bureaucratique et éloignée de la recherche fondamentale, fondée sur la sélection par appels à projets, sur la mise en concurrence systématique des laboratoires et sur la réduction drastique des recrutements pérennes réservés à une minorité chargée de piloter le travail précaire.  Dans une filiation évidente avec la loi LRU (dite Pécresse) de 2007, la réforme des retraites et les décrets d’application de transformation de la fonction publique, les orientations de la LPPR démantèlent et disloquent le service public et l’orientent vers une vision managériale de la recherche.
Nous, chercheurs, enseignants-chercheurs, personnels techniques et administratifs, représentants des doctorants du Centre de Recherches Historiques, dénonçons la poursuite de cette politique de précarisation généralisée et de mise en concurrence. Nous défendons l’organisation d’une recherche publique, durable, attachée aux valeurs de liberté académique, d’émancipation et d’égalité. En conséquence, nous réclamons un moratoire dans la préparation de la LPPR et demandons au gouvernement d’y associer les laboratoires de recherche afin de prendre acte des constats partagés par la communauté de l’ESR.
Nous proposons :

  • un plan massif de soutien à la recherche publique passant par la reconnaissance et la consolidation de tous les statuts de la recherche publique et de l’enseignement supérieur ;
  • un plan durable de recrutement de titulaires, chercheurs comme personnels d’appui, en premier lieu pour compenser la baisse importante des effectifs constatée depuis plusieurs années ;
  • le rétablissement de budgets ambitieux et pérennes pour les unités et équipes de recherche ;
  • l’augmentation du nombre des contrats doctoraux et leur revalorisation ;
  • une évaluation par les pairs privilégiant la qualité des productions et des parcours plutôt que leur quantité ;
  • le transfert des budgets du crédit impôt recherche à la recherche publique.

Refusant de voir notre fonction sociale réduite aux exigences d’une bureaucratie destinée à favoriser des logiques concurrentielles et des intérêts privés, ayant à cœur de soutenir une recherche fondamentale au service de la société, nous appelons chacune et chacun à s’informer, participer aux séminaires et Assemblées générales de mobilisation, prendre part aux manifestations et aux autres actions.
Motion votée lors de l’Assemblée générale par 60 membres du Centre de Recherches Historiques : 59 voix pour, 1 abstention, 0 voix contre

Maciej Gorny (Polish Academy of Sciences-PAN)

6, 7, 10 et 13 février – Conférences – Paris et Aubervilliers, EHESS et Centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences

Maciej Gorny est professeur à l’Institut d’Histoire de l’Académie polonaise des sciences (PAN) et rattaché l’Institut Historique Allemand de Varsovie (DHIW), invité à l’EHESS par Morgane Labbé (ESOPP). Ses premiers travaux ont porté sur l’historiographie marxiste en Pologne et Tchécoslovaquie. Il s’est consacré au cours des dernières années à l’histoire des géographes et anthropologues d’Europe centrale et orientale au début du 20e siècle, suivant leur trajectoire dans les espaces impériaux, puis leur engagement au cours de la Première guerre mondiale dans la construction des États nationaux. Ses derniers ouvrages : Science embattled. Eastern European Intellectuals and the Great War (2019) et avec Wlodzimierz Borodziej, Der vergessene Weltkrieg. Europas Osten 1912-1923, (2018)

Les crises de la dette publique XVIIIe-XXe siècles

Gérard Béaur et Laure Quennouëlle-Corre (ed.)

Ce livre a pour objectif de soumettre à l’expertise des historiens la question qui agite autant le monde savant que les politiques, les citoyens, les médias : comment un État ou un groupe d’États peut-il entrer dans une crise de la dette publique et comment peut-il s’en sortir? Il semble bien que les historiens disposent d’un vaste champ expérimental susceptible d’autoriser les comparaisons dans le temps et dans l’espace.Les exemples ne manquent pas, ils foisonnent, de moments critiques où les Etats se sont trouvés dans une situation de surendettement qu’ils ne parvenaient plus à surmonter. De l’Amérique latine à la Russie, du XVIIIe au XXe siècle, l’ouvrage ne délivre certes pas de recettes mais apport un nouvel éclairage sur des processus qui peuvent faire déraper la dette publique et sur les méthodes employées pour la réduire, l’endiguer, voire l’annuler.

Paradoxes de la modernité

24 février – Les Rencontres du GEHM – Paris, EHESS

Souvent renvoyé du côté d’un évolutionnisme plus ou moins implicite et parfois accusé d’entretenir la domination néocoloniale, le champ des études sur la modernité et les processus de modernisation a été progressivement discrédité dans les sciences sociales ces quarante dernières années. Depuis quelque temps, un certain nombre d’historiens et de sociologues ont cependant entrepris de le réinvestir sur de nouvelles bases. C’est à la démarche qui les réunit et aux renouvellements méthodologiques qu’ils proposent que ce dossier de Politix est consacré.
Comme les coordinateurs du numéro , Pablo Blitstein et Cyril Lemieux (LIER-FYT), l’exposent dans leur article introductif, les travaux qu’il s’agit ici de considérer puisent dans des méthodologies et des sources d’inspiration théoriques diverses. En outre, ils étudient des contextes sociohistoriques très différents en les appréhendant à des échelles variables. Au-delà de cette grande diversité, ils ont toutefois en commun d’entretenir une même distance à l’égard de ce qu’on peut appeler le paradigme évolutionniste/misérabiliste, consistant à mesurer les « retards » et les « manques » des groupes humains et des sociétés selon les standards, réputés les plus élevés, de la modernité euro-américaine. De surcroît, ces travaux partagent également une forte insatisfaction à l’égard du paradigme opposé, que l’on peut nommer exceptionnaliste/populiste, consistant à affirmer l’autonomie culturelle des « peuples » non-occidentaux vis-à-vis de l’ « Occident », jusqu’à considérer parfois que la modernité serait une idée ne représentant rien dans la culture « authentique » des autres peuples et qu’elle ne correspondrait pas, en outre, à ce que ces autres peuples attendent réellement.

Communiquer, de l’audiovisuel au numérique

Patrick Fridenson et Larissa Zakharova (dir.)

Ce numéro spécial du Mouvement Social (n° 268, juillet-septembre 2019), dirigé par Patrick Fridenson (CRH) et Larissa Zakharova (CERCEC) dans le prolongement de leur séminaire, propose trois ensembles pluridisciplinaires d’articles pour une histoire sociale longue de la communication médiatisée, de l’audiovisuel au numérique : d’abord les usagers et les créateurs de contenus ; ensuite le rôle des salariés et des syndicats ; enfin les programmes audiovisuels dans des domaines antérieurs à l’audiovisuel. Il se termine par un article sur le numérique comme nouveau territoire pour l’historien. De nombreux comptes rendus de livres complètent les articles. L’éditorial examine la question centrale du numéro : l’histoire des interactions entre tous les acteurs de la communication.