Autour de l’ouvrage de Raphaël Morera et Nicolas Lyon-Caen, À vos poubelles citoyens ! Environnement urbain, salubrité publique et investissement civique (Paris, XVIe-XVIIIe siècle)

4 janvier – Les Lundis du CRH – Paris, EHESS

Enterrer, brûler, réutiliser, recycler : que faire des déchets qui encombrent les villes ? Quels destins pour nos résidus ? Ne faudrait-il pas éviter d’en produire ? D’apparences triviales, ces questions travaillent profondément nos sociétés contemporaines. À vos poubelles citoyens ! aborde ces questions dans le cadre du Paris moderne. Entre Renaissance et Révolution, la capitale du royaume de France a connu non seulement une forte croissance spatiale et démographique mais aussi une importante transformation des modes de vie et de consommation. Les Parisiens ont ainsi produit des quantités croissantes d’ordures dont le traitement a constitué un défi constant pour eux comme pour les autorités municipales et royales. Pour comprendre comment il a été relevé, les auteurs proposent une autre histoire des Parisiens en montrant que leurs liens avec leur environnement immédiat, la rue, constitue une question politique. S’écartant d’une vision noire décrivant les villes anciennes comme des cloaques immondes, l’enquête interroge l’édilité de la capitale et le soin que les Parisiens apportent à la propreté de leur ville. Leur récit rend compte des expériences des habitants et tente d’aborder la question du nettoiement et des services urbains sous de multiples points de vue : économique, politique, environnemental. Chemin faisant, ce livre trace une nouvelle voie pour qui veut aborder l’histoire de l’Ancien Régime.
La séance sera animée par Thomas Le Roux, avec les discussions de Simona Cerutti (CRH), Sophie Wahnich (EHESS) et Isabelle Hajek (Université de Strasbourg)

 

Ça ne coule pas (toujours) de source. L’intangible en histoire

Date de limite de dépôt : 30 avril 2021 – Forum du CRH – 22 et 23 juin 2021

L’intangible, dans son sens premier, désigne ce que l’on ne peut pas toucher, ce qui est impalpable et inaccessible. Le terme a un deuxième sens et s’applique aussi à ce que l’on ne peut pas modifier, l’immuable. Le rapport de l’historien au temps était au cœur des Forums du CRH de l’année 2018 (« Changement historique et découpages temporels ») et de l’année 2019 (« Tradition et histoire »). Pour le Forum de l’année 2020, nous proposons de centrer le propos non pas sur le temps, mais sur les objets difficilement accessibles à l’historien : l’intangible, au sens de ce qui est hors de portée et qui le demeure par-delà l’enquête historique.
L’objectif de ces journées est de permettre une réflexion collective sur les limites de la saisie historique du passé et sur les manières de contourner ces limites. Quels objets résistent à l’analyse historique ? Comment faisons-nous, dans nos enquêtes et nos lectures des sources, pour tenter de cerner l’indiscernable, de saisir l’insaisissable, d’atteindre l’intangible ou de le faire apparaître ? Cette interrogation pourra être conduite dans trois directions.

Le genre des célibats

Date limite de dépôt : 1er mars 2021

Si la question du célibat apparaît en filigrane dans les travaux liés au mariage et à la vie familiale et conjugale, ce colloque, Organisé par Juliette Eyméoud (EHESS) et Claire-Lise Gaillard (Paris 1, CRHXIX), avec le soutien financier de la Cité du Genre, IdEx Université de Paris, ANR-18-IDEX-0001, lui donnera la première place. Refusant une définition en négatif de l’alliance, définition qui passe forcément à côté de toutes les nuances et complexités du célibat, ces deux journées pluridisciplinaires seront l’occasion de bâtir un outillage théorique commun.
L’historiographie anglosaxonne s’est intéressée de longue date aux célibataires, du Moyen-Age à l’époque contemporaine, toutes classes sociales confondues, hommes comme femmes (Amy M. Froide, John G. MacCurdy). En France, c’est le courant de l’histoire des femmes qui a majoritairement orienté la recherche sur le célibat (Arlette Farge, Cécile Dauphin). Ce dernier a donc fait l’objet d’études portées sur les XIX e et XX e siècles et a quelque peu délaissé le célibat masculin. L’histoire religieuse s’est en revanche penchée sur ce thème, dans une approche à la fois théologique (Nicole Grévy-Pons) et sociale (Myriam Deniel-Ternant, Cindy-Sarah Dumortier). Le célibat est pris dans un ensemble de représentations forgées par notre modernité occidentale qui a fait du couple le modèle normatif. Les sociologues, en allant à la rencontre des célibataires, ont témoigné de leur triste solitude, des difficultés économiques et des stigmates sociaux qui peuvent accompagner cette condition (Pierre Bourdieu, Marie Bergström, Françoise Courtel et Géraldine Vivier). En créant le dialogue entre les disciplines, entre les périodes historiques et les aires culturelles, ce colloque souhaite montrer la pluralité des situations de célibat. Une confrontation des célibats féminins et masculins devrait également permettre de sortir des stéréotypes du vieux garçon et de la vieille fille.

 

Le cimetière juif dans la Shoah

Date limite de dépôt : 15 décembre 2020 – Appel à communication

Sous la direction de Jean-Marc Dreyfus et Judith Lyon-Caen

Le cimetière juif offre un paysage péri-urbain ou rural tout à fait singulier dans l’Europe du XXe siècle. En effet, il est depuis l’Antiquité et en application de la loi juive, situé à l’extérieur des périmètres habités, alors que les cimetières chrétiens ont été au début du Moyen-Âge transportés au cœur des villages et des villes, derrière l’église, pour n’être rejetés à la périphérie qu’au XIXe siècle. Le cimetière est le témoin des déplacements des populations juives, mais aussi de leur enracinement dans certaines régions depuis le Moyen Âge (comme la région rhénane). C’est la réflexion que fait Marguerite Yourcenar lorsqu’elle décrit le vieux cimetière juif d’Amsterdam peint par Jacob van Ruisdael.
Le cimetière juif est devenu un objet littéraire dès le XIXe siècle, probablement parce que son aspect était perçu comme immuable, alors que la modernité bouleversait l’ordonnancement des cimetières chrétiens. Cependant, le champ du repos des Juifs a aussi été un témoin des bouleversements liés à l’émancipation avec, en premier lieu, sa monumentalisation et l’inclusion de symboles romantiques, ainsi que l’introduction d’inscriptions bilingues sur les pierres tombales, en hébreu et dans la langue du pays (par exemple l’allemand ou le français).

Violette Pouillard

Violette Pouillard conduit des recherches sur les relations avec les animaux sauvages et sur les politiques, savoirs et pratiques de maîtrise et de protection de la faune, du 19e siècle à nos jours. Ce chantier, entamé à partir de l’histoire des jardins zoologiques, l’a mise sur la voie du développement de politiques (post)coloniales internationales de conservation de la faune en Afrique centrale (Congo et Ouganda), qu’elle aborde en considérant leurs dimensions sociale, environnementale et animale sans césure et à parts égales.
Après un doctorat à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Lyon, elle a obtenu plusieurs postdoctorats, à l’African Studies Centre de l’Université d’Oxford (FWA), à l’Université de Gand (mandat d’assistante puis mandat du FWO) et à l’Université libre de Bruxelles (FNRS). En 2020, elle a été engagée comme chargée de recherche au CNRS, au LARHRA. Elle a publié Histoire des zoos par les animaux (Champ Vallon, 2019).

Thibaut Julian

Les recherches de Thibaut Julian, agrégé et docteur en Littérature française, portent principalement sur le théâtre, l’histoire et l’esthétique entre Lumières et romantisme dans l’espace français. Il s’intéresse à la réception de la littérature et aux émotions qu’elle explore, aux détournements fictionnels de l’histoire, à l’incidence de la politique sur la constitution du patrimoine culturel ainsi qu’à l’évolution des genres et du fait spectaculaire.
Après avoir été sélectionné pour un postdoctorat effectué au CRH en 2018-2019 qui aboutit à l’organisation du colloque international « Un  »spectacle dérobé à l’histoire’’ : théâtres et émotions de la Révolution française » (EHESS et Sorbonne Université, juin 2019, colloque qui va donner lieu à un volume collectif), Thibaut Julian prolonge et approfondit son enquête sur les sédimentations historiques et mémorielles qu’expriment les œuvres littéraires, les arts figuratifs et les spectacles, fixant des représentations mouvantes sur les figures, les événements et leur usage politique suivant l’évolution des sensibilités et des régimes. Le projet de recherche approuvé pour obtenir le statut de membre associé au laboratoire a pour titre Écrire, représenter et incarner l’histoire de France dans la fiction, les spectacles et les arts (XVIIIe-XIXe siècles).

Réseaux d’inscriptions et programmes épigraphiques dans l’Occident médiéval

L’action de recherche Réseaux d’inscriptions et programmes épigraphiques dans l’Occident médiéval propose une exploration de la notion de « programme » dans son application aux réalisations épigraphiques du Moyen Âge latin, en particulier dans le domaine funéraire, et plus généralement dans le cadre des phénomènes commémoratifs à grande échelle.
En privilégiant la création de collections rassemblant des notices épigraphiques, individuelles et indépendantes, les grands corpus publiant les inscriptions médiévales en Europe tendent à empêcher l’analyse connectée des inscriptions et leur appréhension sur le temps long ou à l’échelle du lieu épigraphique.
Le projet SCRIPTA-PSL « Programmes épigraphiques et réseaux d’inscriptions » porté par l’École des hautes études en sciences sociales (CRH-AHLoMA, Paris), avec la participation et le soutien de la Direction générale du patrimoine en Aragon, de la Délégation provinciale de Huesca, de l’arrondissement de Ribagorza, de la commune de Roda de Isábena, de l’Évêché de Barbastro-Monzón, de la Real Academia de Nobles y Bellas Artes de San Luis, du groupe de recherche TEMPLA, et de l’association culturelle « Amigos de la catedral de Roda ».

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