Fourier, Kafka, Houellebecq. Trois théories sur l’enfer conjugal

Marcela Iacub, Hervé Le Bras & Russel Williams

Le couple est une association impossible à laquelle nous sommes pourtant contraints. En dépit de ses échecs cuisants, les individus ne peuvent survivre socialement que dans son cadre. Le choix qui s’ouvre à chacun étant soit la précarité de la vie à deux soit le célibat qui est souvent l’antichambre de l’isolement et de sa cohorte de malheurs. Car le couple est le point nodal de la sociabilité, celui dont la survie des autres liens en dépend. Personne-ou-presque ne vous pardonnera l’affront que vous faites à l’ordre social en restant seul. Ce livre dont l’origine est un colloque sur la crise de la conjugalité cherche à explorer cet écueil et ses issues. Nous avons choisi de le faire à l’aide de trois auteurs que tout éloigne : Michel Houllebecq, Franz Kafka et Charles Fourier. Pourtant, confrontées les unes aux autres, leurs théories se complètent, se réfutent et s’agrandissent.

 

La direction du CRH

Lundi 22 janvier, le CRH a procédé à un renouvellement de sa direction. Après l’assemblée générale du CRH, le Conseil de laboratoire s’est prononcé unanimement en faveur de Béatrice Delaurenti et Thomas Le Roux, en remplacement de Mathieu Marraud et de Jean-Paul Zuniga. Fanny Cosandey reste en poste jusqu’en mai 2018. La nouvelle équipe de direction, qui a pris ses fonctions le mardi 23 janvier, est résolue à soutenir la vie du laboratoire dans ses différents aspects et à encourager tous les projets scientifiques qui pourront la rendre stimulante.

Mise en ligne de DicAT : dictionnaire de l’agriculture traditionnelle français-anglais-chinois-japonais

Vient d’être mis en ligne (en libre accès), à l’adresse suivante http://dicat.huma-num.fr/dicat/presentation, un précieux dictionnaire des termes relatifs aux techniques agricoles traditionnelles en quatre langues : français, anglais, chinois et japonais. Ce dictionnaire est le fruit des recherches menées par des universitaires et des chercheurs tels que Perrine Mane, Cozette Griffin-Kremer, Guoqiang Li et Charlotte von Verschuer. Il est enrichi par une bibliographie scientifique et par de nombreuses illustrations afin de mettre en valeur les spécificités de chaque culture.
Ce dictionnaire compte à ce jour les fichiers thématiques en relation avec la morphologie des plantes, la céréaliculture, la fertilisation, le contrôle de l’eau, l’horticulture, les fruits et les légumes, soit plus de 1 600 entrées. Ce travail doit être prochainement complété par les termes en relation avec l’élevage, la viticulture et la pisciculture.

« Honorary Foreign Member » 2017 par L’American Historical Association

L’American Historical Association (AHA), aujourd’hui l’association qui compte le plus grand nombre d’historiens au monde, décerne depuis 1885 chaque année un prix (award) de « membre d’honneur étranger » (honorary foreign member) à une historienne ou un historien étranger pour à la fois la qualité de ses recherches et l’assistance apportée à des historiens américains venus faire des recherches dans leur pays.
Le prix 2017 a été attribué à Patrick Fridenson, directeur d’études à l’EHESS et membre du CRH. On trouvera la liste de ses travaux qui portent sur l’histoire des entreprises, l’histoire du travail, l’histoire des fonctions économiques de l’Etat et sur la guerre du XIXe au XXIe siècle dans une perspective comparative entre la France et d’autres pays (Allemagne, Etats-Unis, Japon) sur le site du CRH : http://crh.ehess.fr/document.php?id=341
Il a dirigé la revue d’histoire Le Mouvement Social et dirige la revue Entreprises et Histoire. Le prix lui a été remis le 4 janvier 2018 lors du congrès annuel de l’AHA à Washington.

Sur les 37 dernières années quatre Français avaient reçu ce prix :  Emmanuel Le Roy Ladurie (1981), Michelle Perrot (1988), Jacques Revel (2008) et Roger Chartier (2014).

Amnon Raz-Krakotzkin (The Van Leer Jerusalem Institute)

1, 7, 13 et 20 février – Conférences – EHESS, Paris

Amnon Raz-Krakotzkin, invité à l’EHESS par Sylvie-Anne Goldberg ‘EJ), est professeur au département d’histoire juive de l’Université Ben Gourion du Neguev à Beer Sheva, directeur du département de Pensées et cultures juives à l’Institut Van Leer à Jérusalem. Sa série de conférences, Modernity, secularism, and nationalism. From Safed 16th century to Zionism, through the Mishna and the Bible, vise à réfléchir sur les catégories usuelles de modernité, sécularisme, et nationalisme sous l’angle de la pensée et des perceptions juives.

Des châteaux en Espagne. Gouvernement des finances et mobilité sociale au XVIIe siècle

Sébastien Malaprade

Jusqu’à quel point était-il souhaitable de s’enrichir et de s’élever au XVIIe siècle en Espagne ? Sous l’Ancien Régime, l’ascension sociale demeurait problématique, surtout pour les hommes nouveaux impatients de constituer un lignage nobiliaire. En brûlant les étapes d’un processus réclamant du temps, ils faisaient fi des usages et des conceptions alors prégnantes de la mobilité.
Ce livre raconte et analyse les ambitions, les stratégies, les réussites et les déconvenues de Rodrigo Jurado y Moya, fils d’un laboureur andalou qui amassa l’une des plus belles fortunes d’Espagne dans la première partie du règne de Philippe IV, avant d’être l’objet d’une visite judiciaire. Accusé de malversations et de corruption, il fut dépouillé des hautes charges qu’il exerçait au sein de l’appareil financier de la monarchie et mourut en 1650, couvert d’ignominie.
À partir du cas Rodrigo Jurado y Moya, l’ouvrage mobilise un très vaste corpus documentaire sur sa famille, sa parenté, ses relations, ses activités d’officier, ses rêves seigneuriaux. Les potentialités de la micro-histoire sont finement exploitées et permettent de dévoiler les modalités méconnues de la participation des juristes au gouvernement des finances. À rebours de l’image convenue d’une société espagnole ankylosée et asphyxiée par la « crise », la recherche démontre l’inventivité et les intérêts partagés des experts de l’acrobatie financière et fiscale. Grâce à leurs savoirs, leurs compétences, leurs ressources, ces hommes forts du siècle de Vélasquez maintiennent à flot la monarchie hispanique comme le démontre de façon probante cette enquête au cœur de son système financier réalisée par Sébastien Malaprade.

Passés/Futurs

Le deuxième numéro de la revue Passés Futurs vient d’être mis en ligne sur la plateforme Politika. Préparé pour l’essentiel par la partie sud-américaine du comité de rédaction, il propose un certain nombre d’analyses de cas – sur le Brésil actuel ou l’Argentine des dernières décennies – et de réflexions qui interrogent les multiples usages du passé dans l’espace public, les interactions et confrontations entre les différentes formes de connaissance du passé et la responsabilité que les historiens (et plus généralement les intellectuels) ont dans ce processus.

Aux entretiens avec Carlo Ginzburg et Jürgen Kocka, s’ajoutent encore un débat sur le rôle des historiens dans la transition démocratique en Argentine ainsi que des articles d’Éric Michaud et Carolina Vanegas.

Autour d’Alain Dewerpe

Jacques Revel (dir.)
L’Atelier du CRH, 17Bis, 2018, 212 p.

A l’École des hautes études en sciences sociales qu’il avait rejointe en 1991, la recherche et l’enseignement d’Alain Dewerpe ont, pour l’essentiel, été consacrés à l’histoire des mondes de l’industrie du XVIIIe au XXe siècle. Depuis ses premiers travaux, sur la proto-industrialisation en Italie et en France, jusqu’à à la longue recherche qu’il a consacrée à la grande entreprise génoise de sidérurgie et de mécanique Ansaldo, les mêmes thèmes se font écho : la formation d’une main d’œuvre, l’organisation du travail industriel et ses tensions, les formes de la production et les espaces matériels dans lesquels elle s’inscrit. Parallèlement, Alain Dewerpe a très tôt amorcé une réflexion sur l’État, qu’il n’a cessée d’approfondir. Le programme de ce qu’il a lui-même défini comme une « anthropologie de l’État » est explicité dans deux grands livres savants, longuement préparés, Espions. Une anthropologie historique du secret d’État contemporain (1994) et dans Charonne. Anthropologie historique d’un massacre d’État (2006), qui illustrent l’ambition, l’audace et le sens de l’expérimentation d’un grand historien.

Joseph Wulf, un historien juif polonais en RFA. Savoir du témoin, engagement de l’historien, écriture de l’histoire

16 février – Journée d’étude – Académie polonaise des sciences à Paris, Paris

Une journée d’étude internationale du projet franco-allemand (ANR/DFG) PREMEC (Premiers modes d’écriture de la Shoah). Survivant de la Shoah en Pologne, Joseph Wulf (1912-1974) est l’un de ces premiers historiens de la Catastrophe dont l’œuvre demeure trop méconnue. Après avoir été membre de la Commission historique juive de Cracovie (1944-47), il émigra à Paris puis s’installa en RFA en 1952, où il vécut jusqu’à son suicide en 1974. À travers la publication d’anthologies de documents, il tenta de confronter la société ouest-allemande aux crimes perpétrés sous le régime nazi. Son œuvre a bénéficié ces dernières années d’un regain d’attention en Allemagne, où elle est considérée aujourd’hui comme pionnière au sein de l’historiographie de la Shoah, à la fois par son « style documentaire » (N. Berg) et par sa dimension testimoniale (B. Breysach). Cette rencontre permettra approfondir la connaissance de l’itinéraire et de l’œuvre polymorphe de Wulf, en prenant en compte sa formation littéraire, son parcours de survie et d’exil, son multilinguisme, ainsi que les différentes formes de son engagement historiographique et politique