Yann Scioldo-Zürcher est historien du temps présent, chargé de recherche au CNRS. Ses travaux ont porté sur les politiques d’intégration mises en place pour les rapatriés coloniaux, dont les Français d’Algérie. Historien des pratiques administratives créées à l’intention des migrants nationaux -ceux qui ont la nationalité du pays dans lequel ils s’installent- il privilégie l’étude des trajectoires migratoires, des politiques publiques qui les encadrent et des projets qui les sous-tendent. Après avoir étudié les mobilités de populations originaires du Maghreb vers la France et le Canada, il s’intéresse désormais aux itinéraires de toutes les populations venues en Israël durant la décennie 1950. Il est notamment l’auteur de Devenir métropolitain, parcours et politique d’intégration de rapatriés d’Algérie en métropole, de 1954 au début du XXI° siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 2010. Avec Martine Gross et Sophie Nizard (dir.), Gender, Families and Transmission in the Contemporary Jewish Context, Cambridge Scholars, 2017. Il rejoint le CRH au 1er septembre.
Archives de catégorie : Septembre 2017
Jawad Daheur
Diplômé en sciences sociales et en histoire après des études à l’ENS de Cachan et à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Jawad Daheur est docteur de l’Université de Strasbourg. Il a soutenu en novembre 2016 une thèse intitulée : « Le Parc à bois de l’Allemagne. Course aux ressources et hégémonie commerciale dans les bassins de la Vistule et de la Warta (1840-1914) ». Recruté en juillet 2017 sur un contrat post-doctoral à l’EHESS, il vient d’intégrer l’équipe du GRHEN. Ses terrains d’étude privilégiés sont les mondes germaniques et l’Europe centrale (la Pologne principalement). Au confluent de l’histoire économique, de l’histoire sociale et de l’histoire environnementale, son projet de recherche actuel porte sur les ressorts environnementaux du sous-développement en Galicie autrichienne (1873-1914). Centré sur la question de la misère rurale, ce projet invite à une approche rematérialisée du phénomène de la pauvreté, attentive à la quantification des inégalités et des flux de matière et d’énergie, ainsi qu’à l’évolution conjointe des systèmes sociaux et des écosystèmes.
Travail de care et genre
14 septembre – Journée d’études – EHESS, Paris
Définissant les contours d’un travail subalterne fondé sur des relations de proximités relationnelles et de moindre reconnaissance salariale, Pascale Molinier laisse entrapercevoir la richesse heuristique de la mobilisation du concept de care pour les historien-nes du genre et des rapports de dominations. Elle écrit en effet que le travail de care désigne « des activités spécialisées où le souci des autres est explicitement au centre », « des activités domestiques réalisées au sein de la famille et leur délégation » et plus largement « une dimension présente dans toutes les activités de service, au sens où servir, c’est prêter attention à ». Aujourd’hui, la plupart de ces activités, gratuites ou rémunérées sont occupées par des femmes, et Dominique Memmi souligne que le lien entre care et femmes « reste écrasant et quelque peu vertigineux, en théorie comme en pratique ». Envisagé par les sociologues dans sa dimension éthique et émotionnelle, économique et politique, le care est alors une entrée problématique majeure pour repenser le temps long de l’histoire du travail subalterne de soin et de service, largement féminin. Bien que ce concept n’ait pas été forgé par (ni pour ?) des historien-ne-s, comment l’usage du care éclaire-t-il l’histoire genrée du travail ? Si le lien entre care et femmes semble aujourd’hui évident, qu’en est-il, sur temps long, de la dimension genrée du travail subalterne de soin et de service ? Quelle est la variabilité historique de ce lien entre femmes et care ?
L’atelier « travail de care et genre », organisé par Anne Hugon (IMAF-Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Clyde Plumauzille (CRH-EHESS) et Mathilde Rossigneux-Méheust (LARHRA-Lyon 2) constitue le premier volet du projet de recherche sur les usages du concept de care pour les historien-ne-s du travail, du genre et des rapports de domination.
Le chiffre et la carte
21 au 23 septembre – Colloque international – Université du Québec à Montréal, Montréal
Le chiffre (le recensement, les enquêtes statistiques, les données, les artefacts comme le taux de chômage ou l’indice des prix) et la carte (les descriptions géographiques, les différents types de cartes, géologiques, topographiques, etc., leur soubassement foncier) sont deux des technologies dont parle Benedict Anderson dans son célèbre Imagined Communities et qui, avec le musée, ont contribué à forger l’imaginaire national. Ces deux technologies ont rarement été analysées parallèlement ou conjointement. C’est ce que nous tenterons de faire durant ce colloque qui réunit des spécialistes de sociohistoire de la quantification et de cartographie historique provenant d’Amérique latine, d’Amérique du nord et d’Europe.
Centré autour de trois ateliers consacrés à l’Amérique latine, le colloque, organisé par Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy Prévost, permettra de montrer l’énorme développement de la recherche sur l’Amérique latine du point de vue du rôle du chiffre et de la carte. Il mettra aussi en parallèle cette production avec celle des spécialistes d’autres aires géographiques, l’Amérique du nord, l’Europe et l’Afrique. De plus, ce colloque fera communiquer divers savoirs (politologique, sociologique, démographique, historique, etc.) et dialoguer différentes générations de spécialistes de l’histoire de la raison statistique et cartographique.
Entre le ciel et la terre Cosmographie et savoirs à la Renaissance
L’Atelier du CRH, n°17, 2017
Ce dossier dirigé par Jean-Marc Besse, Leonardo Ariel Carrió Cataldi et Andrés Vélez Posada étudie le développement, au début de l’époque moderne, de la cosmographie ainsi que des pratiques et des savoirs visant, au sens large, à décrire le monde. Au carrefour des études de la Renaissance, de l’histoire des sciences, de l’histoire intellectuelle et de celle des empires, les contributions dressent un cadre d’analyse large et riche de débats historiographiques à partir d’un choix suggestif des problématiques et des cas d’étude. De l’analyse des expériences géographiques dans la Venise de Ramusio ou dans la Séville du Padrón Real à l’étude des traités traversés par des disputes cosmologiques et religieuses écrits par Louis Le Roy, Sebastian Frank ou Marin Mersenne, les différents articles du dossier interrogent la stabilité des savoirs sur le monde. De l’exploration de leurs configurations et de leurs rapports dans un périmètre aussi large que possible, entre le ciel et la terre, une proposition générale émerge : celle d’envisager la cosmographie à la Renaissance non pas par une définition restreinte mais plutôt comme un « terrain de savoirs » en pleine transformation.
Le corporatisme des marchands. Fonctions et mutations du commerce incorporé en Europe occidentale (fin XVIIe-début XIXe siècle)
19 septembre – Journée d’études – Paris
Depuis longtemps sujet à controverses, le rôle des corporations dans la société d’Ancien Régime a depuis une quinzaine d’années été réévalué, en particulier pour ce qui concerne le processus de fabrication des biens manufacturés, dont l’organisation collective du travail a assurément permis la complexification technique. Concomitante de profondes mutations commerciales, l’incorporation des activités marchandes n’a pas (ou peu) fait l’objet d’une telle réflexion, et quand bien même cela a pu être le cas, on n’a guère examiné ses résonances concrètes dans les champs économiques, politiques et sociaux où elle se manifeste.
Ce colloque, organisé par Laurence Croq (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense), Nicolas Lyon-Caen (IHMC-CNRS), Mathieu Marraud (CRH-CNRS) et Philippe Minard (Université de Paris 8-IDHE.S et EHESS) voudrait donc poser la question du corporatisme marchand en interrogeant à la fois sa singularité, mais aussi ses affinités avec le corporatisme artisanal, c’est-à-dire envisager ses échelles d’intervention, de la ville au supra-national, de la confection à la commercialisation, de l’action économique à l’encadrement politique, de la discipline familiale à l’identité territoriale ou confessionnelle, etc. La multiplicité des communautés marchandes est-elle réductible à une essence commune qui transcenderait les contextes locaux ? Jouissant le plus souvent de monopoles sur l’écoulement des produits, ces communautés emportent-elles une catégorisation différente des hommes et des choses ? Afin de mieux rendre compte de ces diverses échelles, l’espace géographique envisagé intègre une dimension comparative entre différentes aires européennes, inégalement travaillées sous l’angle des économies incorporées (France, Allemagne, Europe du Sud).
Jean-Baptiste Paranthoën
Docteur en sociologie, Jean-Baptiste Paranthoën a soutenu une thèse en 2016 intitulée : « L’organisation des circuits courts par les intermédiaires. La construction sociale de la proximité dans les marchés agroalimentaires ». À la croisée de la sociologie politique et de la sociologie économique, ce travail pointe le paradoxe que constitue le développement d’agents intermédiaires à mesure que la proximité s’institutionnalise dans les relations marchandes.
Après avoir été allocataire de recherches à l’INRA et ATER en science politique à l’université de Nanterre, Jean-Baptiste Paranthoën rejoint le CRH, accueilli par l’équipe d’ERHIMOR, afin de conduire une recherche post-doctorale sur les mobilités professionnelles vers l’agriculture. En s’intéressant aux mobilités en train de se faire d’adultes non héritiers vers l’agriculture, il s’agit de comprendre les déterminants ainsi que les ressorts subjectifs de ces déplacements a priori improbables.
Le conflit entre développement et sauvegarde du patrimoine culturel en Italie pendant les Trente Glorieuses. Le cas de Syracuse (1945-1976)
Melania Nucifora
Thèse dirigée par Marie-Vic Ozouf-Marignier, soutenue le 12 juillet 2017, devant un jury composé d’Isabelle Backouche (EHESS), Roberto Balzani (Université de Bologne), Olivier Ratouis (Université Paris-Nanterre) et Gabor Sonkoly (Université Eötvös Lorand Budapest)
Les tontines et rentes viagères de la monarchie française, de leur création sous Louis XIV à leur liquidation par la convention nationale
Pierre Hébrard
Thèse dirigée par Hervé Le Bras, soutenue le 13 juillet, devant un jury composé de Joël Felix (University of Reading, Royaume-Uni), Georges Gallais-Hamonno(Université d’Orléans), Pierre-Cyrille Hautcoeur (EHESS), Denis Kessler(EHESS) et Pierre-Charles Pradier(Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Contextualizing the access to health services of Bangladeshi immigrants through a social determinants of health lens : qualitative perspectives from immigrant community members and service providers in Lisbon, Boston, and Brussels
Rodela Khan
Thèse en co-tutelle dirigée par Patrice Bourdelais (EHESS) et Felismina Mendes (University of Evora, Portugal), soutenue le 6 juillet, devant un jury composé de Laurinda Abreu, University of Evora (Portugal), Marc Bessin (CNRS), Julian Perelman (Universidade Nova de Lisboa) et William Sherlaw (École des hautes études en santé publique, EHESP)