Le corporatisme des marchands. Fonctions et mutations du commerce incorporé en Europe occidentale (fin XVIIe-début XIXe siècle)

19 septembre – Journée d’études – Paris

Depuis longtemps sujet à controverses, le rôle des corporations dans la société d’Ancien Régime a depuis une quinzaine d’années été réévalué, en particulier pour ce qui concerne le processus de fabrication des biens manufacturés, dont l’organisation collective du travail a assurément permis la complexification technique. Concomitante de profondes mutations commerciales, l’incorporation des activités marchandes n’a pas (ou peu) fait l’objet d’une telle réflexion, et quand bien même cela a pu être le cas, on n’a guère examiné ses résonances concrètes dans les champs économiques, politiques et sociaux où elle se manifeste.
Ce colloque, organisé par Laurence Croq (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense), Nicolas Lyon-Caen (IHMC-CNRS), Mathieu Marraud (CRH-CNRS) et Philippe Minard (Université de Paris 8-IDHE.S et EHESS) voudrait donc poser la question du corporatisme marchand en interrogeant à la fois sa singularité, mais aussi ses affinités avec le corporatisme artisanal, c’est-à-dire envisager ses échelles d’intervention, de la ville au supra-national, de la confection à la commercialisation, de l’action économique à l’encadrement politique, de la discipline familiale à l’identité territoriale ou confessionnelle, etc. La multiplicité des communautés marchandes est-elle réductible à une essence commune qui transcenderait les contextes locaux ? Jouissant le plus souvent de monopoles sur l’écoulement des produits, ces communautés emportent-elles une catégorisation différente des hommes et des choses ? Afin de mieux rendre compte de ces diverses échelles, l’espace géographique envisagé intègre une dimension comparative entre différentes aires européennes, inégalement travaillées sous l’angle des économies incorporées (France, Allemagne, Europe du Sud).

 

Jean-Baptiste Paranthoën

Docteur en sociologie, Jean-Baptiste Paranthoën a soutenu une thèse en 2016 intitulée : « L’organisation des circuits courts par les intermédiaires. La construction sociale de la proximité dans les marchés agroalimentaires ». À la croisée de la sociologie politique et de la sociologie économique, ce travail pointe le paradoxe que constitue le développement d’agents intermédiaires à mesure que la proximité s’institutionnalise dans les relations marchandes.
Après avoir été allocataire de recherches à l’INRA et ATER en science politique à l’université de Nanterre, Jean-Baptiste Paranthoën rejoint le CRH, accueilli par l’équipe d’ERHIMOR, afin de conduire une recherche post-doctorale sur les mobilités professionnelles vers l’agriculture. En s’intéressant aux mobilités en train de se faire d’adultes non héritiers vers l’agriculture, il s’agit de comprendre les déterminants ainsi que les ressorts subjectifs de ces déplacements a priori improbables.

Le conflit entre développement et sauvegarde du patrimoine culturel en Italie pendant les Trente Glorieuses. Le cas de Syracuse (1945-1976)

Melania Nucifora

Thèse dirigée par Marie-Vic Ozouf-Marignier, soutenue le 12 juillet 2017, devant un jury composé d’Isabelle Backouche (EHESS), Roberto Balzani (Université de Bologne), Olivier Ratouis (Université Paris-Nanterre) et Gabor Sonkoly (Université Eötvös Lorand Budapest)

Les tontines et rentes viagères de la monarchie française, de leur création sous Louis XIV à leur liquidation par la convention nationale

Pierre Hébrard

Thèse dirigée par Hervé Le Bras, soutenue le 13 juillet, devant un jury composé de Joël Felix (University of Reading, Royaume-Uni), Georges Gallais-Hamonno(Université d’Orléans), Pierre-Cyrille Hautcoeur (EHESS), Denis Kessler(EHESS) et Pierre-Charles Pradier(Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Contextualizing the access to health services of Bangladeshi immigrants through a social determinants of health lens : qualitative perspectives from immigrant community members and service providers in Lisbon, Boston, and Brussels

Rodela Khan

Thèse en co-tutelle dirigée par Patrice Bourdelais (EHESS) et Felismina Mendes (University of Evora, Portugal), soutenue le 6 juillet, devant un jury composé de Laurinda Abreu, University of Evora (Portugal), Marc Bessin (CNRS), Julian Perelman (Universidade Nova de Lisboa) et William Sherlaw (École des hautes études en santé publique, EHESP)

Dénoncer les juifs sous l’Occupation Paris, 1940-1944

Laurent Joly

Omniprésente dans l’imaginaire lié à la France des années noires, la délation contre les juifs n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une enquête approfondie. L’ouvrage de Laurent Joly vient combler cette lacune. Croisant approche institutionnelle et études de cas individuels, il examine tour à tour le rôle de la dénonciation dans les pratiques du commissariat général aux Questions juives, de la Gestapo, de la préfecture de Police et du journal Au Pilori.
Ayant mis au jour les archives judiciaires concernant les quelque 240 Parisiens jugés, après la guerre, pour dénonciation de juifs sous l’Occupation, Laurent Joly interroge la figure du délateur, décrypte sa mentalité, ses mobiles, ses justifications. À partir de correspondances privées inédites, il fait également revivre le destin de victimes, telle Annette Zelman, dénoncée à la Gestapo par les parents de son fiancé non juif et déportée en juin 1942. Tout un pan de la vie et de la persécution des juifs à Paris est ainsi ressuscité : des contextes sociaux conflictuels, des stratégies de sauvetage anéanties, des vengeances sordides se donnant libre cours jusqu’aux dernières heures de l’Occupation.
La délation contre les juifs n’est pas ce phénomène de masse que l’on imagine communément. Instrument de la politique génocidaire des nazis, elle n’en a pas moins provoqué la mort de plusieurs milliers de femmes, hommes et enfants.

Max Weber und der Erste Weltkrieg

Hinnerk Bruhns

L’ouvrage analyse les activités politiques et scientifiques de Max Weber au cours de la Première Guerre mondiale jusqu’au traité de Versailles. La réflexion de Weber sur la guerre se révèle être essentiellement une réflexion sur la paix : réflexion sur les conditions extérieures et plus encore sur la nécessaire transformation  intérieure  –  politique et sociale  –  de l’Allemagne dans l’intérêt d’une paix stable et durable. Les positions de Weber sont éclairées par une analyse de ses conceptions de l’honneur, du pouvoir et du destin de la  nation, ainsi que de sa vision de l’histoire allemande.

Passés Futurs

Passés futurs : voici une nouvelle revue, publiée dans la plateforme Politika du Labex Tepsis. Animée par un comité de rédaction réunissant des chercheurs et des chercheuses en France, en Argentine, en Uruguay et en Espagne, et dirigée par Sabina Loriga, elle entend analyser les formes multiples d’usages du passés qui circulent dans nos espaces publics, aux différentes échelles (du niveau local au niveau transnational et global) et en les replaçant dans des approches de moyenne ou de longue durée. Chaque livraison, dont les textes sont publiés en français et/ou en anglais et espagnol, est centrée sur un ou plusieurs dossiers thématiques et accompagnée de varia et d’entretiens. Le dossier du premier numéro explore la richesse conceptuelle de la notion de trauma ainsi que celle des termes strictement liés (deuil, résilience, latence) et interroge leur pertinence dans l’interprétation du passé.

L’itinéraire de la Buenamuerte à Lima Essor et déclin d’un ordre religieux producteur de sucre, XVIIIe-XIXe siècle

7 juillet – Présentation d’un ouvrage – Lima, Université San Marcos

Il s’agit d’une recherche originale portant sur l’implantation liménienne et péruvienne de l’ordre religieux sicilien des pères agonisants (les pères du Bien-mourir, ou de la Buenamuerte), entre le XVIIIe et le XIXe siècle, de son essor et de son déclin. A partir des sources primaires, ce travail a examiné l’accumulation patrimoniale et l’exploitation économique des temporalités (notamment ses haciendas sucrières), de même que les conséquences dérivées d’un tel succès. Mais il a également été question de la crise traversée par cette institution phénomène plus général dans les mondes ibériques, et des conséquences de la désamortisation ecclésiastique menée par l’état républicain péruvien, au lendemain de l’indépendance d’avec l’Espagne. Les résultats ont permis d’accroître et d’affiner la connaissance de l’histoire socioéconomique péruvienne en particulier à partir des haciendas liméniennes, durant la phase bourbonienne. Mais ils ont également permis d’éclairer les relations entre les deux puissances de l’Ancien régime, l’état et l’église catholique, et leur prolongation dans le Pérou contemporain.