La contamination du monde Une histoire des pollutions à l’âge industriel

François Jarrige et Thomas Le Roux

Autrefois sources de nuisances locales circonscrites, les effets des activités humaines sur l’environnement se sont transformés en pollutions globales. Le climat se réchauffe, les mers s’acidifient, les espèces disparaissent, les corps s’altèrent : en rendre compte d’un point de vue historique permet de ne pas sombrer dans la sidération ni dans le découragement face à un processus qui semble devenu inéluctable. Car le grand mouvement de contamination du monde qui s’ouvre avec l’industrialisation est avant tout un fait social et politique, marqué par des cycles successifs, des rapports de force, des inerties, des transformations culturelles. En embrassant l’histoire des pollutions sur trois cents ans, à l’échelle mondiale, François Jarrige et Thomas Le Roux explorent les conflits et l’organisation des pouvoirs à l’âge industriel, mais aussi les dynamiques qui ont modelé la modernité capitaliste et ses imaginaires du progrès.

Circulation des savoirs et des pratiques médicaux entre la France et le Rio de la Plata (1828 à 1886)

Nancy Gonzalez Salazar
 Thèse dirigée par Nancy L. Green (EHESS), soutenue le 19 septembre, devant un jury composé de Vincent Barras (Université de Lausanne), Elisabeth Belmas (Université Paris 13), Enrique Fernandez-Domingo (Université Paris 8 Vincennes), Gérard Jorland (EHESS) et Christine Théré (INED).

 

 

 

 

 

Premiers savoirs de la Shoah

Judith Lindenberg (dir.)

Alors que la Shoah ne portait pas encore ce nom, les lendemains de la Seconde Guerre mondiale virent l’émergence de multiples initiatives portées par celles et ceux qui en avaient été les victimes et destinées à penser et à faire connaître cet événement. Tout en reconstruisant leur vie à Paris, Buenos Aires, New York ou Tel Aviv, de nombreux Juifs survivants, mus par l’urgence de transmettre ce qu’ils avaient vécu, se firent chercheurs, écrivains, reporters ou éditeurs et utilisèrent l’écrit en yiddish sous toutes ses formes comme moyen d’action privilégié.
Cet ouvrage s’intéresse à l’histoire encore méconnue de l’émergence de ces premiers savoirs conçus avant que le champ des recherches sur le génocide des Juifs ne se polarise, au cours des années soixante, entre d’une part, le  » témoignage de la Shoah  » comme genre pris en charge par les études littéraires et de l’autre, les travaux consacrés par les historiens à la politique nazie d’extermination.
En abordant cette histoire de façon interdisciplinaire, cet ouvrage convoque des enjeux méthodologiques et mémoriels très actuels. Il vient confirmer, s’il en était encore besoin, la pertinence d’intégrer le point de vue des victimes à une historiographie qui a longtemps voulu l’ignorer, et permet d’éclairer l’histoire des écritures de la Shoah par un retour à ses origines.

Calendriers d’Europe et d’Asie

4 et 5 octobre – Colloque – Ecole des Chartes

Alors que l’aspect astronomique et mathématique du calendrier des grandes civilisations est relativement bien connu, le calendrier manuscrit ou imprimé, utilisé au quotidien pour « habiter le temps », a été peu étudié pour lui-même, que ce soit en Europe ou en Asie. Confronter, scruter, faire résonner les cycles calendaires produits en Europe, aussi bien dans la Grèce ou la Rome antique, qu’au Moyen Âge, avec les calendriers retrouvés dans les tombes et grottes en Chine entre le IIIe siècle avant notre ère et le Xe siècle après notre ère, ou encore produits au Japon du VIIIe au XVe siècle et plus tardivement en Asie du Sud et du Sud-Est, ont fait l’objet de deux ateliers. Le premier a traité des « Calendriers imagés et calendriers en images » (mai 2016), le second des « Supports, usages et fonctions des calendriers » (octobre 2016). Lors du colloque conclusif, organisé par Alain Arrault (École française d’Extrême-Orient et Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine), Olivier Guyotjeannin (École des Chartes et Centre Jean-Mabillon) et Perrine Mane (CNRS- EHESS-CRH), quatre thèmes seront abordés : Calendriers et images, Calendriers savants, Calendriers du quotidien, Calendriers et nature. Une quinzaine de spécialistes, venus de France, d’Europe et d’Asie, interviendront sur ces différents sujets.

Gender, Families and Transmission in the Contemporary Jewish Context

Martine Gross, Sophie Nizard, Yann Scioldo-Zurcher (ed.)

Regroupant des contributions de chercheurs de France, d’Israël, des États-Unis, de Belgique et de Suisse, cet ouvrage propose de repenser les questions de transmission, des rapports de genre et des normes familiales dans les judaïsmes contemporains. En étudiant les rapports entre traditions et adhésions aux valeurs de la démocratie et de la modernité, les auteurs observent la façon avec laquelle, en diaspora ou en Israël, les univers traditionnels juifs sont bouleversés et répondent pragmatiquement aux innovations sociales qu’ils rencontrent. Cet ouvrage revisite les relations « à l’autre » dans un monde juif que l’on doit penser comme étant « multiple », en constantes évolutions et les conditions d’unification de ces mondes ; une notion chère au judaïsme et sur lequel cet ouvrage apporte des éclairages.

Le nom des femmes

Agnès Fine et Christiane Klapisch-Zuber (dir.)

Notre système des noms propres, composé d’un nom de famille et d’un prénom, est le fruit d’une longue évolution qui a fait du « nom de famille » le support privilégié de l’identité d’appartenance et souvent un discriminant de l’identité des femmes par rapport aux hommes, ces derniers pouvant seuls transmettre leur nom de famille à leur descendance. L’autre élément du nom propre, à savoir ce que nous appelons le prénom, fut pendant des siècles le seul nom de l’individu, homme ou femme. Or, ce prénom donné à la naissance a pu également signifier la moindre valeur des filles et donner à voir une subordination des femmes. Que font les noms sexués aux personnes ? En quoi peuvent-ils avoir des effets sur la construction sociale du sexe ? Quand et comment les femmes ont-elles contesté notre système onomastique ?
Ce numéro de Clio met en lumière les différentes formes de la subordination des femmes révélées par le nom propre, dans les sociétés européennes du passé comme dans d’autres sociétés, ainsi que la révolution, depuis les années 70, des législations européennes du nom de famille, pour permettre une égalisation du traitement des noms de femmes et des noms d’hommes.

 

Le Che à mort

Marcela Iacub

Pour comprendre la portée du miracle, il faut commencer par l’effet qu’il a produit : la transformation du Che en héros éthique. Cette « décoration » résulte d’une comparaison entre lui et nous, le commun des mortels, qui n’aurions d’autre Dieu que notre intérêt individuel, notre égoïsme, la quête de notre propre plaisir. Tandis que le Che, mû par l’amour qu’il éprouvait pour l’humanité, sacrifia sa vie pour elle. Peu importe que ses idées aient été erronées, que le type de société qu’il cherchait à faire naître soit exécrable. Ce qui compte, c’est qu’il ait cru que le chemin pour la rédemption de l’humanité était celui-là et qu’il ait tout donné pour l’atteindre. »
Cinquante ans après sa mort, Che Guevara reste une figure aussi mythifiée que controversée. Saint ou démon, criminel ou bienfaiteur de l’humanité ? L’auteur livre ici un portrait très personnel, lucide et sensible du dernier héros révolutionnaire. Elle raconte l’itinéraire et les combats, mais surtout l’invention par lui-même d’un personnage « assassin et martyr », voué à un destin grandiose. Sans le juger ni l’absoudre, Marcela Iacub le saisit au plus vif de sa vérité.