Agir au futur Attitudes d’attente et actions expectatives

Albert Schirrmeister (dir.), Les Dossiers du Grihl, 2017-01

De quelle manière le futur fait-il partie de la réalité historique ? L’attente représente une possibilité majeure de présence du futur ; elle peut être comprise comme une réflexion sur l’avenir qui est toujours liée au passé sous la forme de l’expérience. Dans ce dossier, nous avons choisi d’analyser des actions expectatives : des actes d’attente. Les deux colloques à l’origine de ce dossier ont été organisés autour de deux sujets – la temporalité et la guerre comme événement complexe – liés par le choix d’un type d’action : l’écriture. Les contributions sont des études de cas qui ne sont pas regardées comme représentatives du régime d’historicité de la France des XVIe et XVIIe siècles. Elles aident à mieux appréhender les conditions qui permettent d’agir, entre expérience et attente, et à saisir la multi-temporalité de toute action écrite.

 

La gauche va-t-elle disparaître ?

André Burguière

L’identité de la gauche, son avenir ou sa fin annoncée font l’objet de pronostics politiques et médiatiques. Ce livre clair et documenté offre une indispensable réflexion sur le sujet.
C’est d’abord en historien qu’André Burguière analyse les fondements de la gauche, mais aussi en intellectuel engagé dans la cité. Son objectif n’est pas d’en départager les différentes tendances, mais de dégager leur socle commun. Il montre que le partage idéologique, hérité directement de la Révolution française et indirectement d’une longue histoire de la démocratie, continue à structurer nos représentations politiques. Mais il constate combien la « passion noble » de l’égalité a cédé du terrain. Sur le long cours, l’évolution du système représentatif, le pouvoir des élus et leur professionnalisation ont disqualifié la parole des citoyens. Étatisme, constitution monarchique, faiblesse du syndicalisme, les maux, nombreux, se sont accumulés. Sans compter, récemment, la façon dont le gouvernement socialiste a cédé aux pressions du libéralisme économique et des politiques sécuritaires. Inquiet, mais non résigné, André Burguière jalonne ses analyses de propositions. Rendre la société plus juste, plus protectrice et plus démocratique, tel est, rappelle-t-il, le véritable projet de la gauche.

Athènes à soi-meme étrangère. Naissance d’une capitale néoclassique

Yannis Tsiomis

La création d’un État moderne pose, entre autres questions majeures, celles de la fondation de sa capitale, de l’architecture de la ville, de ses formes et de ses usages, mais aussi celles du territoire national, de la transformation de l’espace public, de sa gestion. Une telle fondation implique aussi la mise en place de dispositifs tout à fait inédits : nouveaux règlements et nouvelles lois, nouveaux métiers et nouveaux acteurs, soit autant de ruptures par rapport à la situation antérieure. À ces égards, la fondation d’Athènes, en 1833, comme ville-capitale de l’État néohellénique constitue un cas exemplaire. La Grèce, sous la tutelle des Bavarois, dut alors se construire en État « moderne », et, pour cela, rompre avec le monde ottoman « oriental ». Cette mission incombera à des ingénieurs et des architectes français et allemands qui furent chargés d’œuvrer en Grèce et d’inventer Athènes et son plan, confrontant ainsi les acquis de leur formation effectuée à Paris, Munich et Berlin aux archétypes architecturaux de la Grèce antique : à travers les parcours de ces nouveaux professionnels, c’est, déjà, la mobilité européenne qui apparaît. Ce livre abondamment illustré, né du dépouillement d’archives, de documents inédits ou revisités (tel le premier plan de la capitale), explore le rapport entre cette « affaire artistique européenne » que fut, selon l’architecte allemand Leo von Klenze, la naissance d’Athènes, et l’enjeu politique, idéologique que constitua la Grèce du début du XIXe siècle pour l’Europe. On y perçoit combien l’usage de l’Antiquité à Athènes revêtit le visage de Janus : argument historiciste assurant une continuité à la fois fallacieuse et nécessaire, mais aussi vraie légitimation de la modernité.

Hygiène publique et construction de l’Etat grec, 1833-1845. La police sanitaire et l’ordre public de la santé

Athanasios Barlagiannis

Thèse dirigée par Patrice Bourdelais, soutenue le 5 mai, devant un jury composé d’Anastassios Anastassiadis (Ecole Française d’Athènes),  Anne Hardy (London School), Konstantinos Kostis (Université d’Athènes), Christelle Rabier (EHESS) et Anne Rasmussen (Université de Strasbourg)

Vers un monde avec drogues?

8 juin – Demi-journée d’étude – EHESS, Paris

Après l’échec patent, aux conséquences désastreuses, de la « guerre à la drogue », qui prétendait assécher l’offre et la demande, pour parvenir à « un monde sans drogues », on peut se demander si c’est bien le contraire qui est en train de se produire, et qu’il faudrait plutôt envisager de « vivre avec les drogues ». Pour cette dernière séance de l’année, consacrée aux expériences de légalisation en cours dans le monde, nous accueillons Raquel Peyraube (médecin, conseillère du gouvernement d’Uruguay), Anne Philibert (sociologue à l’Université de Genève) et la sénatrice d’EELV Esther Benbassa. Cette demi-journée d’études sera animée par Julia Monge, anthropologue, doctorante à l’EHESS

Ce qui a changé depuis le XXe siècle. À quoi sert encore l’histoire juive ?

9 juin – Conférence – Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Paris

Dans le cadre du cycle De l’histoire juive à l’histoire des juifs, cette table ronde, avec la participation de Sylvie Anne Goldberg (EHESS), David Ohana, (Université Ben Gourion du Néguev), Ada Rapoport-Albert (University of London) et  Judith Schlanger (EPHE) examinera les récentes manières d’appréhender l’histoire des Juifs, en tenant compte des apports les plus récents de l’historiographie, tout en s’interrogeant sur son éventuel détachement de ses précédents enjeux politiques.

L’un et le tout

22 et 23 juin – Forum du CRH – EHESS, Paris

Dans la lignée des grands rendez-vous scientifiques qu’il a initiés par le passé (sur les thèmes du Transnational, du Contexte), le CRH organise un grand forum de débat qui se tiendra les 22 et 23 juin. Animée par les membres, groupes et équipes du laboratoire, cette rencontre souhaite offrir une plateforme de réflexion sur les multiples manières de travailler la matière historique au sein du CRH, à la fois en distinction et en écho des enjeux historiographiques du temps présent. C’est pourquoi le thème retenu cette année, sous l’intitulé « L’un et le tout », veut questionner les relations déployées entre unicité et totalité, donnée et série, individualité et collectivité, au sein des multiples méthodes, terrains et conclusions que nos travaux mettent en œuvre. C’est là l’occasion, en confrontant les approches, d’exposer toutes les richesses interprétatives nourries par le laboratoire.

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Enquêter sur les réputations

26 juin – Colloque – EHESS, Paris

Les réputations structurent l’expérience individuelle et collective du monde social, en particulier au sein d’univers fortement soumis aux enjeux de confiance des pairs, de distinction et de singularisation, de notoriété et de célébrité, ou encore de neutralisation des rumeurs. Cet objet, souvent présent au cœur de nos travaux sans être nécessairement thématisé, constitue une base stimulante de discussion interdisciplinaire.
Cette journée, réunissant 19 sociologues, historiens et politistes, permettra d’aborder les questions suivantes : quels outils et méthodes mobiliser pour enquêter sur les phénomènes de réputation ? Comment cet objet peut-il éclairer le fonctionnement d’espaces sociaux marqués par de forts enjeux symboliques ? Quels sont les usages possibles de la réputation comme ressource ou comme stigmate, selon quelles contraintes, à quel prix et pour quel gain ?

Le secret et l’espace politique

7 au 9 juin – Colloque – Università degli Studi di Siena et Certosa di Pontignano, Sienne

Organisé par Etienne Hubert (GAM), Jacques Chiffoleau (CIHAM), Roberta Mucciarelli (Université de Sienne) et Gabriella Piccinni (Université de Sienne), ce colloque s’organise au tour de la thématique des transformations des rapports de pouvoir et les catégories utiles à la construction de l’espace et du sujet politique à la fin du Moyen Âge à partir de la leçon de Jacques Chiffoleau (La Chiesa, il segreto e l’obbedienza, Il Mulino 2010), qui montre que l’usage du secret est un un levier fondamental dans la construction du ‘public’, dans ses règles et sa légitimation. En sortant des mailles d’une histoire institutionnelle, les enjeux méthodologiques de ce colloque cherchent à élargir les frontières de l’enquête en déplaçant le regard, des institutions, des lieux et des procédures formelles de la politique, et en le portant sur le développement des stratégies, des comportements, des réseaux de relations qui structurent la vie quotidienne, sur les domaines sociaux et sur les pratiques légitimées. Le sujet ouvre des pistes de recherche et d’enquête multiples que des spécialistes de différents domaines (politique, économie, histoire des institutions, des normes, de la justice, de la religion et de l’Église, de la société et de la famille) sont invités à parcourir dans la variété et dans la spécificité des approches et des méthodes autour d’une constellation de thèmes et des problèmes que le secretum soulève et auxquels il renvoie: “arcanus, occultus, tacitus, obscurus, clam, clandestinus, absconditus”…