Jean BAaumgarten , Irène Rosier-Catach et Pina Totaro (dir)
En 1677 parut à Amsterdam le Compendium grammatices linguae Hebraeae de Baruch de Spinoza, dans l’édition latine de ses œuvres posthumes, rédigé probablement à la demande d’amis qui étaient « passionnés par l’étude de la langue hébraïque » et « connaissaient ses compétences » en ce domaine. De toutes ses œuvres, la grammaire hébraïque, inachevée, est l’ouvrage le moins connu et étudié, et fut longtemps considéré comme un texte marginal. Les contributions publiées dans cet ouvrage entendent resituer l’ouvrage dans le contexte culturel, linguistique, religieux et intellectuel d’Amsterdam au XVIIe siècle. Elles visent à reconsidérer le Compendium comme une création originale, essentielle, au sein du corpus spinoziste, d’éclairer les sources, la méthode élaborée par Spinoza dans sa grammaire en relation avec les concepts développés dans ses autres ouvrages, en particulier le Tractatus theologico-politicus, d’étudier le rapport existant entre les idées linguistiques de Spinoza et les principes de sa philosophie, afin de voir dans quelle mesure ces conceptions se rencontrent, s’entrecroisent et se complètent. L’intention de Spinoza est en effet d’expliquer la grammaire hébraïque « selon la méthode géométrique », d’écrire une grammaire « de la langue Hébraïque » et non une grammaire de l’Écriture, une des conditions indispensables à l’exégèse critique de la Bible et à l’explication de l’écriture par l’écriture elle-même.