16 janvier – Journée d’étude – Paris, EHESS
Les révolutions de 1848 ont été perçues comme des révolutions littéraires dans plus d’un sens. Pour beaucoup de leurs contemporains, d’abord, les événements de Février et de Juin auraient été précipités par la littérature. Mais 1848 s’est aussi avéré être une révolution pour la littérature, ou dans la littérature. Le grand récit de cette révolution littéraire, amorcé dès la seconde moitié du XIXe siècle, s’est cristallisé au siècle suivant avec les travaux de Sartre, de Barthes et de Bourdieu, tout en imposant le canon Flaubert-Baudelaire pour caractériser la modernité formelle et l’autonomie du champ littéraire dont 1848 aurait marqué le point de départ.
Cette journée d’étude, organisée par Judith Lyon-Caen (GRIHL), Mathieu Roger-Lacan (EHESS-Université Paris Deiderot) et Véronique Samson (Université de Cambridge) avec le soutien du CRH, du laboratoire « Ecritures » EA 3943 de l’Université de Lorraine et de l’EA RIRRA21 de l’Université Paul-Valéry Montpellier, propose d’offrir de nouvelles perspectives sur ce grand récit, aussi bien par l’inclusion de corpus que celui-ci a rendus invisibles que par le retour sur des textes que la distance temporelle a contribué à rendre illisibles. Il ne s’agira donc pas simplement d’étudier la représentation des révolutions de 1848 et du coup d’État de 1851 dans la fiction française, mais plutôt de comprendre comment ces événements ont transformé les conceptions du littéraire et redéfini le mode d’action de la littérature dans le monde social. Le dernier moment de la journée se tournera également vers les années 1850 et 1860, afin de questionner les présences comme les silences de 1848 dans les textes littéraires de ces deux décennies.