Agnès Fine et Christiane Klapisch-Zuber (dir.)
Notre système des noms propres, composé d’un nom de famille et d’un prénom, est le fruit d’une longue évolution qui a fait du « nom de famille » le support privilégié de l’identité d’appartenance et souvent un discriminant de l’identité des femmes par rapport aux hommes, ces derniers pouvant seuls transmettre leur nom de famille à leur descendance. L’autre élément du nom propre, à savoir ce que nous appelons le prénom, fut pendant des siècles le seul nom de l’individu, homme ou femme. Or, ce prénom donné à la naissance a pu également signifier la moindre valeur des filles et donner à voir une subordination des femmes. Que font les noms sexués aux personnes ? En quoi peuvent-ils avoir des effets sur la construction sociale du sexe ? Quand et comment les femmes ont-elles contesté notre système onomastique ?
Ce numéro de Clio met en lumière les différentes formes de la subordination des femmes révélées par le nom propre, dans les sociétés européennes du passé comme dans d’autres sociétés, ainsi que la révolution, depuis les années 70, des législations européennes du nom de famille, pour permettre une égalisation du traitement des noms de femmes et des noms d’hommes.