Quel objet et quels territoires désigne-t-on lorsque l’on écrit sur la banlieue parisienne ? Quel sens donne-t-on à cette « simple » expression ? Face à la sur-médiatisation tendant à unifier les représentations qui lui sont associées sous des aspects le plus souvent négatifs, force est de s’interroger sur la fabrique des savoirs concernant cet espace à l’identité mouvante.
Tout au long des XIXe et XXe siècles, cette banlieue n’a cessé d’être observée et étudiée de près. En témoigne l’imposante bibliographie (consultable sur le site du collectif de recherche « Inventer le Grand Paris », IGP) de près de 6 000 titres dressée par Gilles Montigny et Annick Tanter-Toubon. Ces deux chercheurs tirent ici les enseignements de cette longue entreprise scientifique à laquelle ont participé des représentants de toutes les sciences sociales.
Deux clés de lecture sont privilégiées à titre de synthèse : la première interroge la dimension territoriale. Comment différencie-t-on la banlieue de la ville-centre d’une part, des zones dites péri-urbaines de l’autre ? La seconde examine les questionnements que ce territoire a suscités depuis les années cinquante. Comment se croisent-ils dans une réflexion interdisciplinaire ? Une chronologie détaillée portant sur ces divers aspects (économiques, sociaux, urbanistiques, politiques, culturels, religieux…) et couvrant l’ensemble de la période étudiée (1784-2000) introduit ce double cadrage.