Etienne Anheim, Laurent Feller, Madeleine Jeay, Giuliano Milani (dir.)
Le Moyen Âge aimait les listes. En énumérant et organisant les êtres et les choses, pour les gérer ou simplement les connaître, les listes médiévales éprouvaient la performativité de l’écriture dans une société où son usage restait restreint à une élite. En effet, ces listes étaient une façon d’agir sur le monde, et pas seulement de se le représenter. La rédaction d’inventaires de livres, de joyaux et d’outils, mais aussi de listes de serfs d’un domaine ou d’habitants d’une ville, comme l’utilisation littéraire d’énumérations inspirées de ces pratiques sociales, ont marqué la manière dont l’Europe médiévale a construit les relations entre les hommes et les objets dans la longue durée. Ce volume, qui est le deuxième volet d’un projet collectif consacré au « pouvoir des listes » au Moyen Âge, dont le premier a été publié en 2019, poursuit une exploration anthropologique du Moyen Âge rendue possible par la pratique de la mise en listes et la transmission de celles-ci à l’intérieur des documents les plus divers.