Le risque inondation, lié aux changements d’usage des sols et aux changements climatiques, représente un enjeu environnemental, social et économique majeur. Les inondations provoquent des dégâts matériels, des pertes économiques, du stress psychologique voire même parfois des victimes humaines. Les autorités gouvernementales ont réagi aux risques inondation par des mesures de protection et de lutte contre le risque, comme la construction de digues ou la restauration de plaines d’inondation. Mais les aménagements physiques visant à maîtriser le risque modifient la répartition spatiale et temporelle des écoulements d’eau et de la dynamique sédimentaire. Ainsi, ces mesures risquent de générer de nouveaux types d’aléas et de provoquer des tensions entre les communautés locales et les autorités. Par conséquent, les inondations, leur gestion et les paradigmes sous-jacents, sont liées à des questions de justice et représentent un enjeu politique.
ANR FLUIDGOV, porté par Joana Guerrin (Université de Nîmes), Raphaël Morera (GRHEN) et René Véron (Université de Lausanne), vise à mieux comprendre comment la gestion des inondations influence l’aléa, la vulnérabilité, ainsi que les réactions des communautés et comment, en retour, ces derniers ont un effet sur la pratique de gouvernement. Cette étude s’appuie sur une analyse hydro-sociale soulignant la codétermination des processus sociopolitiques et des dynamiques physiques. L’analyse hydro-sociale est combinée avec l’histoire environnementale afin de prendre en compte les trajectoires structurelles et de longues durée. L’équipe de recherche internationale et interdisciplinaire s’appuie sur la géographie, les sciences politiques, l’histoire et l’anthropologie sociale.
Les terrains de cette recherche se situent dans le bassin du Rhône (entre Sion et Martigny en Suisse et entre Lyon et Arles en France) ainsi que dans le delta du Gange (plus précisément dans les Sundarbans au sud de Calcutta). Ces paysages offrent un terrain propice à l’analyse de la perception des inondations sur différentes périodes historiques ainsi que des réponses apportées à ce risque. Le travail empirique couvre la période contemporaine ainsi que celle de l’époque moderne du XVIIe au XIXe siècle.
FLUIDGOV entend contribuer aux débats soulevés par les risques d’inondations qui ont gagné en importance au vu des changements climatiques. En collaboration avec des acteurs locaux et sur la base de résultats de recherche émanant de divers terrains et périodes, le projet explore enfin la possibilité d’une gouvernance plus « fluide » qui arriverait à surmonter les associations binaires et statiques comme celle de la terre et de l’eau et celle de l’homme et de la nature afin de pouvoir mieux faire face à l’incertitude et aux processus socio-écologiques complexes qui mêlent les écoulements d’eau, les sédiments, l’agriculture et les habitants.