4 et 5 septembre – Atelier international – Institut historique allemand, Moscou
Depuis une trentaine d’année déjà, les lieux d’enfermement au Moyen âge et à l’époque moderne suscitent un intérêt croissant chez les historiens. Ces recherches entendent bousculer la perspective traditionnelle qui ne voit dans ces espaces d’enfermement que des « pionniers » imparfaits de l’institution pénale moderne, annonçant alors le paysage des administrations fonctionnellement différenciées de la marginalité inventées au XIXe siècle. À travers une approche qui s’intéresse aux pratiques et « microtechniques » de création et d’organisation des espaces clos, l’objectif de ce colloque est de saisir les caractéristiques propres de ces institutions qui incluent les prisons traditionnelles, notamment en milieu urbain, mais aussi les monastères, les hôpitaux, les maisons de discipline et de travail. Il souhaite également réfléchir aux pratiques partagées entre ces lieux et de se demander à travers quels mécanismes de transmission ceux-ci irriguaient les institutions, et comment ces processus de transfert traduisaient des développements sociaux plus globaux. Enfin, une approche comparative qui met en relation différents espaces culturels favorisera l’analyse des structures globales, des spécificités (par exemple, le long des frontières confessionnelles) et de la circulation des pratiques et des savoirs entre ces espaces. La comparaison entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est (et la Russie en particulier) vise à examiner les relations entre deux espaces qui, jusqu’à présent, n’ont été que peu abordés par la recherche.
En mettant l’accent sur la « multifonctionnalité » en tant que marqueur central des pratiques de l’enfermement, il s’agit de sortir des cadres traditionnels de la recherche en dépassant la focalisation étroite sur des types d’institutions spécifiques, et en favorisant un croisement des historiographies nationales.