Les recherches de Sebastian Veg portent sur l’histoire intellectuelle de la Chine du XXe et du XXIe siècle, en particulier sur l’histoire des intellectuels, des publications et des sphères publiques. Au-delà des intellectuels d’élite et des savoirs institutionnalisés, il s’est intéressé à une histoire de textes non-officiels et de leur circulation parmi des « contre-publics » sociaux. Ces textes constituent une contre-tradition qui inscrit la production du savoir social et politique du côté de la société, dans l’espace traditionnellement décrit comme minjian (populaire). Après avoir travaillé sur les débuts de l’époque républicaine autour de 1919 (notamment sur la critique des mots d’ordre de la modernité « science et démocratie » et sur la constitution de la sphère locale comme lieu de savoir alternatif), il s’est intéressé aux intellectuels non-institutionnels apparus après l’échec du mouvement démocratique de 1989 : historiens amateurs de l’époque maoïste, cinéastes documentaires ethnographes de la société chinoise, avocats et militants du mouvement des droits civiques. La mémoire de l’époque maoïste représente un exemple particulièrement riche d’un domaine où le savoir social se reconstruit à l’extérieur des codes savants ou officiels, ouvrant de nouveaux espaces publics de discussion des faits historiques. Enfin, il s’est intéressé aux rapports entre intellectuels, sphères publiques alternatives et mouvements sociaux, notamment à travers l’exemple du mouvement des Parapluies (2014) et plus généralement du mouvement démocratique à Hong Kong.