Sebastian Veg (dir.)
On assiste depuis quelques années à l’essor en Chine continentale d’une mémoire populaire critique de l’époque maoïste, dont ce livre propose un panorama. Alors que l’État cherche à cantonner la mémoire critique dans le domaine privé, ses manifestations sont multiples en ligne et dans la presse, dans les productions culturelles, et dans les publications d’historiens amateurs, même si elles ont subi récemment une répression plus forte. Cette mémoire populaire remet en question l’historiographie officielle, et a commencé à modifier les récits communément partagés de l’histoire de la période maoïste. Des débats publics ont ainsi eu lieu depuis une décennie sur des épisodes clés de l’histoire de la République populaire : le mouvement anti-droitier, la grande famine de 1959-1961 et la Révolution culturelle. À la différence de la mémoire traumatique ou nostalgique qui dominait précédemment, ces nouveaux récits, apparus dans des revues semi-officielles ou informelles, dans des films documentaires indépendants, dans des musées privés, dans des projets d’histoire orale ou dans des recherches d’archives réalisées par des historiens amateurs, cherchent à ouvrir un espace de débat critique sur le passé récent de la Chine.