5 novembre – Journée d’étude – Paris, PSL
Les échelles de la question sociale au XIXe siècle » est la première d’un cycle de trois journées d’étude organisé par Éléonore Chanlat-Bernard et Federico Del Giudice (doctorants EHESS, CRH-ESOPP) avec le soutien de l’IRIS « Études Globales » de l’université PSL et du Centre de Recherches Historiques de l’EHESS. Cette première journée se propose d’introduire la problématique du cycle qui est celle du décentrement de l’histoire des politiques sociales européennes : l’objectif est de comprendre la construction de l’échelle nationale comme échelle pertinente et contestée des politiques sociales en mettant en avant les cadres que celle-ci propose de dépasser, remodeler ou incorporer. Il s’agit de réfléchir à la fois aux outils du décentrement et à la pertinence d’une telle problématique pour l’historiographie des politiques sociales.
La gestion locale des politiques sociales est un premier cadre infranational très important pour analyser le processus de nationalisation, ses antécédents et ses limites : Aurélie Bernet et Céline Xicola Mutos aborderont le fonctionnement de deux types d’assistance sociale aux XVIIIe et XIXe siècle : la mise au travail à l’hospice (Gérone, Espagne) et les aides patronales dans le secteur industriel (Jura). Le cadre colonial est un autre élément important qui sera étudié notamment par Christian de Vito par le biais des migrations de travail entre Europe et Amérique ibérique. En quoi l’étude de la mobilisation des tribunaux et du droit par les esclaves, affranchis et les engagés pour faire valoir leurs « droits » permet-elle de décentrer l’approche par la législation ?
Dans quelle mesure décentrer permet-il de faire émerger la variété historique des types de politiques sociales ? Gilles Postel Vinay reviendra ainsi sur la pluralité des types d’assistance entre période moderne et contemporaine à une variété d’échelle : locale et nationale (à travers la comparaison franco-britannique).
Il s’agira ainsi de confronter des exemples pris à des contextes variés, à la fois géographique (Europe occidentale, métropoles européennes et monde colonial) et institutionnels (le monde des entreprises et le paternalisme social, les structures charitables, les tribunaux) pour comprendre comment se négocie (ou pas) l’accès à des formes de « protection sociale » avant le développement des premières législations sociales européennes à la fin du siècle. A chaque fois, l’accès à une forme de protection se place entre marge d’autonomie à l’égard des institutions et incorporation de leurs contraintes.